Texte par Justine Margherin, illustration par Frédérique Yvetot
Génération de l’image : les ados en sont friands. Ils en créent, ils les diffusent, ils les utilisent, ils les partagent… Et les profs docs, les images au CDI ? Une ressource documentaire ? Un fonds à gérer ? Un document à part entière ? Illustration ? Document ? Ressource ? Qu’en faire ? Comment ? « Images et bibliothèques », un livre pour prendre conscience et acquérir la méthodologie.
Imaginons un projet
Imaginons. Imaginons qu’un voyage est à l’étude et que la classe de 3ème latiniste va partir à Rome. Imaginons que les élèves de 1ère partent à Berlin dans le cadre d’un échange Franco-Allemand. Imaginons… Ce ne sont pas les situations qui manquent ! Que se passe-t-il ? Avant de partir : collecte d’informations pour préparer le départ. Avant de partir, on cherche… des images pour que les élèves fassent leur exposé par exemple. En voyage entre mobiles et appareils photos numériques, on n’ose imaginer la quantité d’images prises. Alors pourquoi ne pas en faire un axe de projet pédagogique ?
Ce livre vous viendra en aide pour la gestion des documents (i.e. images) récoltés. Mais pas seulement.
On se renseigne avant de partir
Bien sûr on va le préparer ce projet de sortie. Et pour le préparer on va chercher des images. Et lorsqu’on veut utiliser des images alors on doit se poser la question de bien connaitre l’origine de ce document. Eh oui, comme pour un article, il y a un auteur, un support, un éditeur… On va donc émettre quelques notions qui vont être de l’ordre de la source. Qui dit source dit auteur. Qui dit auteur dit respect du droit à l’utilisation de son œuvre et donc nécessité de savoir référencer une image. C’est aussi l’occasion de se confronter à l’interrogation des bases de données spécialisées (on a le droit de quitter Google…). Là on se penche sur un système ordonné par une équipe, pas par une machine. Alors on peut fréquenter des sites spécialisés en images. On ira voir la base images de la bibliothèque de Rouen. À connaître aussi la base des médiathèques de Montpellier qui présente les fonds numérisés : paysages et portraits de personnages célèbres (p. 91), ou encore Gallica qui offre 160.000 images numérisées. Tiens et si la question de l’histoire de l’art traverse ce projet ou un autre : la bibliothèque numérique de l’institut national d’histoire de l’art (INHA qui compte 11.500 documents numérisés (p.92). Bien d’autres bases de données sont citées dans ce chapitre sur l’offre numérique et à conserver précieusement dans ses signets.
Faute de liste de liens vers ces banques d’images, l’ouvrage met en avant quelques moteurs de recherche spécialisés (Picsearch, Serimedis, Ditto, …° (p.96-97). Pratiques d’adolescents, pas seulement. N’oublions pas d’aller fouiller dans les sites communautaires ou les réseaux sociaux. La géolocalisation des photos permet une recherche par site géographique plus simple et plus efficace.
L’encadré page 99 porte à la connaissance du lecteur des bases de données fondamentales comme la base « Mémoires » qui contient des images des fonds graphiques (gravures), la base « Mérimée » qui comporte les fiches pour l’inventaire général du patrimoine culturel, Palissy qui contient les notices souvent illustrées des objets mobilés. Et bien entendu, on ira voir « Joconde », le catalogue collectif des collections des musées de France.
Collecter, collection, usagers
« La participation des usagers à l’enrichissement des colletions donne à la bibliothèque de nouvelles dimensions » (p. 33). Donc, on revient tous de notre projet avec des photos de Rome, de Berlin ou du centre ville ou du stage de sport ou encore de la sortie de géologie, qu’importe… cela constitue une collection. Une collection ? Oui jeunes gens. La collection c’est comme vos cartes pokemon, ou comme vos timbres poste… Pour avoir une collection utile et exploitable par les usagers d’aujourd’hui et les futurs, il faut trier, sélectionner. Pour que la collection soit accessible aux futurs usagers, pour qu’ils trouvent la bonne image, celle qui répondra à leur besoin, il va falloir établir des critères. Et voilà, on aborde des notions indispensables avec ses photos. Pour établir des critères, il faut mettre en œuvre un minimum de compétences de lecture d’image et exercer un œil critique (artistique, documentaire, …). Décrire une image ? Voilà un exercice intéressant n’est-ce pas ? La lecture d’image entre dans les programmes et savoir si on décrit seulement le premier plan permet une discussion intéressante. La conserver ? Quel format utiliser ? Là c’est passionnant de faire poser la question de la pérennité des formats ainsi que de la diversité des logiciels qui permettent ou non l’ouverture d’un fichier. C’est même là l’occasion de poser quelques questions sur les enjeux socio-économiques des formats. (On n’est pas obligé de tout voir non plus… n’oublions pas qu’on rentre d’un périple fatiguant). L’ouvrage conseille le choix du format TIFF, « largement normalisé » (p.143).
On classe, on range donc on décrit.
Numéro de la norme utilisée pour la description des images ? Si vous l’avez oubliée c’est la Z44-07. Donc on définit des critères. On se pose la question de l’auteur. Du sujet principal. Du descripteur géographique, historique. Le format. Et les licences qui accompagnent ladite image. D’ailleurs on l’aura vu en première partie : il est satisfaisant de pouvoir utiliser une image pour son travail tout en respectant le droit d’auteur. Il est temps de suggérer aux élèves de libérer leurs droits sur les images qu’ils ont prises durant le projet mais aussi de les protéger. C’est le moment de discuter de licences creative commons. C’est bien l’élève qui est auteur de ses photos ? On veut respecter l’auteur, à plus forte raison lorsque c’est un élève, donc on aborde la question de l’image comme œuvre et comme source documentaire pour d’autres. Et oui, on peut libérer ses images mais préserver leur intégrité. Le chapitre 9 : le droit et l’image, fait le point sur la question. « L’exactitude et la précision des crédits doivent être recherchées dans tous les cas. Sur un site Internet, il importe en outre de rendre indissociables l’image et sa légende, ce qui est moins facile qu’avec le livre, forme figée », page 193
On veut utiliser une image avec un enfant, un adulte dont on n’a pas l’autorisation ? On apprend à utiliser un logiciel de traitement de l’image pour flouter un visage, une plaque d’immatriculation, … et on valide un point du B2i. On travaille sur les métadonnées attachées à l’image et on prend conscience que lorsqu’on donne une de ses photos, on donne aussi certaines données (techniques mais pas seulement, la géolocalisation dans certains cas aussi).
Les pages sur la description iconographique sont une mine pour préparer le projet. C’est à lire avec le professeur d’arts plastiques ou de lettres qui a, dans son programme, la lecture d’image. Indexer une image, une collection d’images c’est pouvoir compter sur une capacité d’analyse de l’image.
Une culture de l’image dans son aspect source documentaire
La monographie comporte aussi un chapitre sur l’histoire de l’image, de la photographie. Une partie culture professionnelle, qu’on aura un peu oubliée les années passant, sur l’image comme objet documentaire. A l’heure du mobile et des images qui sont déposées un peu partout, cette lecture a été l’occasion de repenser l’usage de l’image comme support d’apprentissages informationnels, comme support à une réflexion sur la trace et le partage de ses images. Sans doute sera-t-il difficile d’acquérir cet ouvrage dans les CDI des petits établissements. Mais peut-être est-il possible de se rapprocher de la bibliothèque départementale et des bibliothécaires pour l’emprunter… le temps des vacances par exemple.
Claude Collard, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Michel Melot, Directeur de publication, rédacteur en chef. Images et bibliothèques [texte imprimé]. Paris : Ed. du Cercle de la librairie, 2011. 1 vol. (240 p.)
ISBN : 978-2-7654-1001-0
42 euros
Présentation de l’éditeur
http://www.electrelaboutique.com/ProduitECL.aspx?ean=9782765410010