Par François Jarraud
Double événement mardi 26 avril au Lycée E Lemonnier de Paris. L’éducation à la sexualité fait une entrée véritable dans les lycées franciliens. Cette idée est le résultat d’une concertation entre le Conseil régional, initiateur et porteur du projet, et le ministère de l’Education nationale.
« Il ne s’agit pas de distribuer un médicament. C’est une démarche pédagogique qui se met en place ». Pour Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Ile-de-France, le Pass contraception ne peut être efficace que parce qu’il porte un projet éducatif. Dès le 26 avril, les 470 lycées publics, les 213 lycées privés , 183 CFA et 63 IFSS ont reçu leurs premiers Pass contraception. Il se présentent sous la forme d’un chéquier anonyme 6 chèques principaux. Le premier atteste de la visite volontaire d’un ou d’une lycéenne de seconde (ou d’un âge équivalent pour les CFA). chez l’infirmière de l’établissement. Les Pass ne seront donnés que sur demande et une seule fois par bénéficiaire après un entretien avec la ou le jeune. Cet entretien est le début de l’accompagnement mis en place dans la démarche du jeune vers son autonomie. Le deuxième chèque permet une consultation anonyme (sans usage de la carte vitale) chez un médecin ou un centre de planning familial de son choix. Le troisième prend en charge des examens biologiques. Le quatrième permet une seconde visite médicale. Enfin deux chèques correspondent à la délivrance de contraceptifs et à leur renouvellement. Ainsi l’adolescent entre dans une logique de contraception en étant accompagné par des personnels de santé qu’il connait et en toute confidentialité par rapport aux parents.
« On a voulu briser le mur de verre du silence », assure Jean-Paul Huchon qui rappelle que la sexualité des adolescents n’est pas un sujet abordé dans toutes les familles. « On essaie aussi de briser le mur de l’argent » en prenant en charge le coût des consultations et des contraceptifs. « Mais c’est avant tout une démarche pédagogique », affirme JP Huchon. « On donne la possibilité de faire progresser al conscience ». « On est dans la culture de l’égalité », ajoute Henriette Zoughebi, vice présidente en charge des lycées. « Il ne peut pas y avoir d’égalité s’il n’y a pas cette liberté de disposer de son corps ». Elle rappelle la volonté du Conseil de travailler avec les équipes éducatives. A commencer par les infirmières qui ont déjà été réunies sur ce projet.
« On ne peut pas accepter le nombre d’IVG ne diminue pas », affirme Luc Chatel. Il a rappelé qu’il y avait près de 200 000 IVG par an dont 13 500 concernent des mineures. Pour lui, « si le rôle de l’Ecole n’est pas de se substituer aux parents… elle a vocation à accompagner les jeunes ». Luc CHatel a bien sur été interrogé sur son revirement puisqu’il s’était opposé au Pass contraception que Ségolène Royal, présidente du Conseil régional de Poitou Charentes, avait tenté de diffuser dans les lycées sa région. « En Ile-de-France on travaille dans la concertation », a indiqué le ministre avant d’ajouter que le projet poitevin n’était ni global, ni éducatif. « On est prêt à dialoguer avec les autres régions » , admet maintenant le ministre, « à conditions qu’il s’agisse d’une démarche globale à visée éducative ».
Si la région Ile-de-France prend en charge les coûts de gestion et de remboursements pour un dispositif qui va concerner près de 160 000 garçons et filles de seconde ou d’âge équivalent, l’effort de l’Etat semble se limiter à sa participation. Interrogé par le Café sur les moyens apportés par l’Etat, le ministre reste évasif. Il n’y aura pas d’infirmières supplémentaires en Ile-de-FRance, d’ailleurs le ministère a du mal à en recruter . Luc Chatel promet des ressources pédagogiques et un effort de formation. Plus concrètement, un accord va être signé entre le ministère, celui de la santé et le planning familial afin de faciliter son fonctionnement. Un décret autorisera les infirmières des lycées à prolonger une fois l’ordonnance des contraceptifs. L’éducation à la santé et à la sexualité sera inscrite dans le projet d’établissement et des réunions (trois par an ?) pourront être organisées dans els établissements. Tout cela est-il suffisant ? Interrogée par le Café, la proviseure d’E Lemonnier pense que son établissement est prêt à appliquer el dispositif. L’établissement a la chance de disposer d’une infirmière à temps plein. Et dans ce lycée très féminin et professionnel, les élèves suivent des cours de Prévention santé environnement où l’éducation sexuelle est au programme. D’autres élèves ont des cours de SVT en 2de et en 1ère sur ces sujets.
Et les élèves ? Le Pass contraception a déjà lancé le débat sur l’égalité des sexes. Les garçons ne voyaient pas tous l’intérêt du Pass. Les filles, si. Ainsi Sandrine, tout juste majeure, approuve le Pass contraception. Elle pense que cela pourra aider ses camarades qui n’ont pas toutes accès à la contraception. Une autre jeune fille a demandé à JP Huchon ce qui se passait au bout de 6 mois. Réponse : le ou la jeune sera déjà entrée dans une logique de contraception et pourra être aiguillé vers le planning familial, jusque là souvent ignoré des lycéens. La France aurait-elle entamé ce 26 avril une réelle avancée dans le domaine délaissé de l’éducation à la sexualité ?
Communiqué
http://www.education.gouv.fr/cid55895/lancement-du-pass-[…]
Education à la sexualité, l’école impuissante
http://cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pages/2011/121_9.aspx
Pass contraception : Les lycées catholiques feront-ils abstinence ?
Proposés à tous les lycées franciliens, y compris sous contrat avec l’Etat, les premiers Pass contraception sont arrivés dans les établissements. L’enseignement catholique parisien les accueille avec réticence. « L’éducation affective, relationnelle et sexuelle ne peut pas se réduire à des mesures de prophylaxie mais doit « prendre en compte de la pluralité des dimensions de l’être humain, l’éducation au discernement, la construction de l’image de soi en lien avec sa relation aux autres, la formation d’attitudes de responsabilité individuelle et collective », écrit la direction diocésaine de Paris. » Dans tous les cas, la diffusion de ces Pass Contraception aux élèves ne peut avoir aucun caractère obligatoire. En la matière, les établissements scolaires catholiques de Paris continueront à privilégier une politique d’éducation ouverte sur le sens de la vie, de la liberté et de la responsabilité ». Avec le Pass contraception, la région Ile-de-France propose aux lycéens un dialogue avec l’infirmière scolaire et la possibilité de consulter un médecin pour accéder à la contraception anonymement et gratuitement. Le Conseil régional a présenté le Pass comme une mesure éducative.
Communiqué
http://www.ec75.org/detail.php?int_article_id=1054[…]
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