Par Lucie Gillet
Ils sont 3 : un enseignant/directeur d’école maternelle : Yves, un enseignant spécialisé : José, une enseignante, prof de maths, aguerrie à la production multimédia puisqu’elle n’est autre que la conceptrice des jeux et webmastrice du site Les jeux de lulu : Régine. Ils nous présentent ici leur aventure commune, c’est une conversation chaleureuse à laquelle le café vous convie…
Comment et quand ça commence ?
Les deux premiers, Yves et José se sont rencontrés au cours d’un stage informatique, en 1999 autour des livres numériques (mediator neobook), ils sont novices mais découvrent ensemble et ensemble commencent à cheminer. Yves a des idées pour ses élèves de maternelle, José pour les handicapés, ils tâtonnent et conçoivent des jeux. Ils fouillent et explorent à fond le site de Régine, la pionnière du genre qui donne même des recettes pour concevoir ses propres jeux. Elle est d’accord pour les former un après-midi afin qu’ils puissent eux aussi élaborer leurs outils, mais pense poursuivre son petit bonhomme de chemin seule avec son site.
Ils sauront la convaincre de continuer, ou bien l’attrait de l’aventure est suffisamment persuasif pour qu’une fois qu’elle y ait mis le pied, elle ne puisse les lâcher…
Petit à petit de rencontres en travail collaboratif, par exemple avec Access autour du fichier 55 jeux de nombres, une édition du premier logiciel Floc est possible, suit l’obtention du label RIP, autant d’étapes qui font grandir Floc jusqu’à s’émanciper pour que les trois compères forment leur propre maison d’édition : Floc production multimédia .
Enseignants ou marchands ?
Tout en se réjouissant du succès de leur petite entreprise, ils sont très vigilants sur les contenus pédagogiques des logiciels qu’ils proposent et se « refusent à donner leur âme contre de l’argent », les prix de leurs logiciels payants sont abordables, et une gamme de Flocs gratuits commence d’ailleurs à voir le jour, encore le fruit d’un travail collaboratif avec tout enseignant volontaire pour rejoindre l’expérimentation…
Finalement ce sont essentiellement des licences professionnelles qui sont vendues, et pour Phono-Floc c’est même la seule existante, le travail en phonologie devant être mené spécifiquement par un pédagogue et selon des objectifs précis.
La spécificité des Floc, de l’outil interactif
S’il ne suffit pas de mettre un enfant devant un logiciel pour qu’il sache compter, si le rôle du maître est bien de savoir proposer au bon moment la bonne application il n’en reste pas moins remarquable que l’atout de Floc est d’avoir été pensé pédagogiquement pour que l’enfant puisse expérimenter sa propre démarche, aller au bout de celle-ci. Ainsi on constate que certains enfants vont pouvoir effectivement se saisir de cet outil, parce qu’il est attrayant, parce qu’il permet d’explorer et de recommencer, parce qu’il met l’enfant en confiance, pour construire leurs propres savoirs. L’équipe Floc souligne l’interactivité de l’outil informatique et que celle-ci si elle est à juste titre employée, laisse à l’élève la « liberté de construire, découvrir : l’enfant est acteur, il a le choix, il peut expliciter sa démarche. ». Sans nier pour en revenir à notre exemple que le nombre, ça se travaille : dans de multiples situations et dispositifs, de la manipulation à l’abstraction…
Des jeux pour découvrir ou réinvestir ?
Avec l’évolution des équipements où coexistent actuellement une utilisation sur ordinateur individuel et des possibilités de séances collectives offertes par le TNI, les jeux Floc présentent aussi l’avantage de pouvoir être détournés de leur objectif initial selon les objectifs du maître ou la vie de la classe. Sur Floc, toutes les consignes sont sonorisées, et ce peut être l’objectif à part entière d’un atelier que de travailler cette notion de compréhension de consigne. Un jeu conçu au départ pour une bonne maîtrise de la souris peut glisser vers un objectif langagier s’il est utilisé sur TNI avec des petits. Une multiplicité d’utilisations est possible, un même jeu peut faire l’objet d’une situation inductrice, et être réutilisé en entrainement ou en évaluation, encore une fois tout dépend ce que conçoit l’enseignant à côté en classe, et selon son groupe…
On constate aujourd’hui le fort intérêt du TNI pour présenter une situation qui sera réinvestie sur ordis en fonds de classe, ceux-ci étant envisagés comme un « coin » à part entière, tel le « coin cuisine », « poupée », « découpage », « garage » etc…
Et quand ce « coin ordis » est ouvert et fonctionne dès le matin à l’accueil, on y voit des parents stagner pour observer leurs enfants, pour eux c’est aussi un moyen d’entrer dans l’école et de s’approprier ce qui s’y joue, de se familiariser avec les apprentissages de leurs enfants. C’est ce qui a conduit Yves Cohen dans son école, afin de poursuivre cette idée de réinvestissement des acquisitions et d’y associer les parents , à concevoir des outils téléchargeables gratuitement, ou délivrés sur clé USB. L’idée n’est pas de « consommer du logiciel » mais d’offrir les ressources qui permettent de mettre du sens sur les apprentissages, une piste pour favoriser le lien école/famille…
Et l’évaluation ?
La SDTICE avait souhaité lors de l’obtention du 1er RIP qu’il soit possible à l’avenir d’intégrer un suivi et une évaluation ce qui a été fait à partir de Bouge avec Floc. Toutefois Régine souligne que pour cette question, rien ne remplacera jamais la part du maître, l’avantage des petites têtes rouges qui soulignent les erreurs en bas de page c’est de permettre à l’enseignant de voir d’un coup d’œil qui a besoin d’être accompagné, ou à qui prévoir une remédiation. Yves s’amuse même de voir le plaisir que peuvent prendre les petits à jouer avec la notion d’erreur : finalement quand c’est acquis je peux aussi m’amuser à faire exprès de me tromper juste pour jouer avec ma peur du loup, si c’est pas de la validation, ça !
Si l’on voit facilement la parenté domaine « découverte du monde » avec l’outil informatique et que la création de logiciels autour des nombres, de l’espace, de la logique, paraît aller de soit, ce n’est par contre pas aussi évident pour la phonologie, que pouvez-vous nous en dire ?
Yves revient sur sa propre pratique personnelle et confie combien il a tâtonné et fonctionné pendant longtemps de façon assez intuitive et empirique dans ce domaine, sans forcément alors bien savoir où il allait. Son IEN de l’époque, Mme Lagadec, co-auteur de l’ouvrage « Polyphonèmes » paru chez Belin, lui a permis de structurer ses séances et de programmer celles-ci. Son challenge était de réussir à traduire cela sur outil « Floc » sans forcément délivrer aux collègues une méthode toute faite, prête à l’emploi. Il conçoit ce logiciel comme une boîte à outils, où l’enseignant trouvera la matière à la réalisation de ses propres séances, d’où un panel d’activités sans consignes en plus des activités classiques (fusion de syllabes, segmentation, élision…). Un logiciel conçu sans aucun écrit : exclusivement du phono pour travailler la phono !
La encore la plus-value du TNI est évoquée : utiliser le « soft » du tableau pour par superposition annoter, compléter les images présentées à l’écran avec des codages (tels les lunes de Cèbe et Goigoux, par exemple), conserver ces codages et les comparer à d’autres images, évincer les images et continuer à chercher en se focalisant sur les traces laissées au TNI…
Une aventure qui n’est pas prête de s’arrêter…
Yves compte bien mettre à profit sa retraite qui se profile, rejoindre José et Régine pour s’occuper plus à fonds de leurs petits Flocs. Pour poursuivre le travail de Phono, une entrée grapho se dessine…
Et le travail collaboratif pourrait bien continuer à se décliner par le biais de la circonscription où enseigne Yves, et plus largement tout enseignant utilisateur de Floc qui souhaiterait s’investir, pour étendre le panel d’activités des Floc gratuits…
Floc, un outil pour l’élève et pour l’enseignant
« Floc est devenu mon compagnon depuis 5 ans, j’ai grandi avec lui dans mon appropriation et mon usage quotidien des TICE. Pour ceux et celles qui ont la chance de pouvoir acquérir des logiciels, c’est un incontournable ! », nous dit Céline Barriol Décot, enseignante en maternelle.
Elle décrit les usages du logiciel. « La sobriété du graphisme, la qualité des images, la pertinence et l’énonciation sobre, voire chaleureuse des consignes et la matrice conceptuelle en termes de gradualité des difficultés se retrouvent dans toute la collection », explique-t-elle. Mais les TICE suffisent-elles ? « Le plus important c’est de ne pas vouloir tout faire avec les TICE et de pas renoncer aux activités classiques qui ont fait leur preuve. »
Une mère d’élève valide aussi l’utilisation des logiciels Floc. « Les enfants apprennent en s’offrant le plaisir de toucher, déplacer, en devenant acteur et metteur en scène. Le second point relève de la fluidité de leurs apprentissages : les enfants ont pour compagnon fidèle un petit personnage récurrent Floc, qui les accompagne en douceur, qui les sécurise et évolue en même temps que les enfants. »
Lisez l’article de Céline Barriol Decot
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/primaire/mat[…]
Floc Multimedia
http://www.floc-multimedia.com/
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