Par François Jarraud
Une étude du Céreq montre que c’est loin d’être le cas. » L’apprentissage a fortement progressé au sein du supérieur: en 2008, celui-ci regroupe plus de 20 % des effectifs d’apprentis. Un premier constat fait tomber le présupposé de l’apprentissage comme « ascenseur social ». Les apprentis du « haut » ne sont pas les apprentis du « bas » : plus le niveau de formation s’élève, plus la proportion d’enfants d’ouvriers dans la population apprentie diminue. Les apprentis du supérieur ont une origine sociale comparable à celle des étudiants. Plus encore, les apprentis du « haut » n’ont jamais été des apprentis du « bas ». En effet, seuls 12 % des apprentis du supérieur sont issus d’une formation par apprentissage’, note Prisca Kergoat.
« Vouloir accroître les niveaux de formation implique une hiérarchisation des savoirs qui contribue à dévaloriser le « bas », les formations professionnelles (classées aux niveaux V et IV) et à confronter les détenteurs d’un bac pro à un véritable « plafond de verre ». A cette première forme de hiérarchisation s’en ajoute une seconde induite par les pratiques de sélection des entreprises et des établissements de formation. Le primat accordé à l’entreprise dans le cadre de l’apprentissage conduit à légitimer une sélection axée sur les « manières d’être », tout en participant à sa diffusion au sein même des universités et des IUT. C’est ainsi que les mécanismes de sélection et d’exclusion propres au fonctionnement du marché du travail ne déterminent plus seulement l’accès à l’emploi, mais aussi l’accès à l’éducation », ajoute-elle.
« L’apprentissage est aujourd’hui une stratégie qui tend progressivement à devenir l’apanage des classes intermédiaires contribuant à détourner sa vocation première, celle de permettre à des jeunes d’acquérir un titre de l’enseignement supérieur qu’ils n’auraient sans doute jamais pu acquérir autrement. »
L’étude
http://www.cereq.fr/pdf/Net-doc-75.pdf
Des diplômés plus égaux que d’autres…
La massification de l’enseignement supérieur est en route. Sa démocratisation avance-t-elle également, interroge le Céreq dans un numéro de Net.Doc consacré à l’insertion professionnelle selon l’origine sociale des diplômés du supérieur.
Selon le Céreq, « si le développement des licences professionnelles a bel et bien permis à davantage d’enfants d’origine modeste d’atteindre le niveau licence, il n’ouvre pas pour autant la porte des destinés professionnelles les plus prisées ». Licences et masters professionnels attirent des étudiants d’origine sociale plus modeste que les autres formations. Ces diplômes sont prisés. Mais ils n’ouvrent pas les portes au statut de cadre. » Les évolutions récentes observées « profitent » donc à un public aujourd’hui plus large et certains types de diplômes (comme les licences professionnelles par exemple) neutralisent plus que d’autres les effets de l’origine sociale sur les débuts de carrières de leurs détenteurs. Les clivages en termes d’origine sociale n’ont
pas disparu pour autant », conclue le Céreq.
L’étude
http://www.cereq.fr/pdf/Net-doc-76.pdf
ATD Quart Monde dénonce la montée de l’échec scolaire
« Le Mouvement ATD Quart Monde, inquiet de cette évolution négative, interpelle tous les décideurs et nos concitoyens sur l’aggravation de l’échec scolaire en France et son lien toujours plus important avec l’origine sociale ».
Le mouvement ATD Quart Monde estime que le gouvernement se désintéresse de la question des inégalités scolaires. « Le gouvernement considère non significative l’augmentation de la proportion d’élèves de CM2 ne maîtrisant pas les connaissances de base (11,5% en 2007 contre 18% en 2009) », affirme ATD Quart Monde. « Cette augmentation est très significative pour les familles en grande pauvreté. La lutte contre la pauvreté est encore emprisonnée dans le très court terme, or l’éducation pour les enfants et les jeunes est la première demande des populations très défavorisées qui savent que c’est par là qu’elles pourront se libérer de la misère ».
ATD Quart Monde
http://www.atd-quartmonde.asso.fr/
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