A quelques jours de la pause la plus
attendue de
l’année, après un trimestre toujours
long, les propositions sur les rythmes scolaires
déchaînent les blogs d’enseignants. Le
Café a déjà traité il y a
quelques jours des questions de fond posées par le rapport
Tabarot. Mais avant la publication de la synthèse de la
commission présidée par le recteur Forestier,
mi-janvier, l’appel de Martine Aubry à «
travailler plus » va sans doute en remettre une couche. En
effet, quiconque connaît le réel des
écoles peut témoigner du sentiment
très généralisé de fatigue,
d’urgence et de course après le temps.
Cette forte montée du risque
d’épuisement professionnel se nourrit à
plusieurs sources : passage en force par X. Darcos de la semaine
à quatre jours et de l’aide
personnalisée, souvent mise en œuvre sur le temps
de midi ou juste après la classe, mais aussi
inquiétude devant la montée de
l’évaluation par compétence et des
« usines à cases » à remplir
sans toujours y trouver de sens, ou montée des
difficultés sociales qui impactent souvent le cœur
de la classe.
Pourtant, la
démagogie ou le poujadisme n’y
peuvent rien : ce n’est pas en défendant un
statu-quo que les enseignants des écoles seront mieux, ni
que les résultats des élèves
progresseront. Quel pourra être le projet cohérent
capable d’augmenter le nombre de jours de classe pour
diminuer la charge quotidienne, sans donner aux maîtres le
sentiment d’être une fois de plus les dindons de la
farce ? Et quel abaissement horaire qui ne se traduise pas par un
simple transfert de charge sur les communes, obligées par
les conditions de vie des familles d’ouvrir des structures
d’accueil depuis tôt le matin
jusqu’à tard le soir ?
Plus que moins
d’école, c’est donc sans
doute vers mieux d’école que se trouvent les
solutions. Parce qu’il n’y a pas de
fatalité à la fatigue scolaire, quand les
apprentissages sont possibles dans de bonnes conditions. Alain Bouvier,
recteur membre du HCE, rappelait récemment au colloque de
l’IREA qu’on mésestimait toujours trop
le rôle essentiel de l’accompagnement des
enseignants comme condition de la réussite des
élèves…
Mais depuis quelques jours,
les inspecteurs ont commencé de
discrètes négociations avec les maires, et
janvier va voir partout l’annonce de nombreuses suppressions
d’emplois, conséquence des réductions
exigées des effectifs de fonctionnaires : très
exactement 3367, malgré 4000 élèves
supplémentaires. Elles vont limiter
les quelques moyens supplémentaires qui restent encore dans
les ZEP, rendre rares les maîtres surnuméraires ou
les RASED, augmenter les effectifs par classe, quand elles ne
diminueront pas les postes de conseillers chargés
d’aider les enseignants ou les remplacements
dédiés à la formation continue,
parfois réduite à un simple souvenir. Rien qui ne
contribue à court terme à renouer les liens entre
les enseignants et le politique. Et plus loin ?
Marcel Brun
Le
Café et le rapport Tabarot
L’installation
de la commission sur les rythmes scolaires