Par François Jarraud
A peine arrivées au pouvoir, les nouvelles majorités conservatrices s’attaquent aux aides sociales à l’enfance. En Angleterre ce sont les aides versées aux 16-18 ans pour éviter le décrochage qui sont supprimées. Aux Etats-Unis, les Républicains s’arrangent pour mettre le vote sur des aides sociales hors délai…
A Londres, le nouveau gouvernement a décidé de supprimer l’Education Maintenance Allowance, un versement hebdomadaire donné aux lycéens de milieu défavorisé pour qu’ils poursuivent leurs études au-delà de 16 ans.
L’affaire avait fait grand bruit l’année dernière : M Hirsch avait imaginé un soutien financier à des classes de lycée professionnel où les élèves auraient un faible taux d’absentéisme. Le dispositif devait être supprimé au terme de sa première année d’existence.
En Angleterre, le dispositif Education Maintenance Allowance existe depuis 2004. Chaque semaine l’aide est versée aux enfants de famille défavorisée qui poursuivent leurs études de 16 à 18 ans. En fonction des revenus des parents il sreçoivent de 10 à 30 £. 647 000 jeunes en ont bénéficié en 2010 pour un montant de 560 millions £. En échange ils doivent être présents aux cours et travailler.
Pour le gouvernement britannique cette aide « n’a pas augmenté le nombre de jeunes allant à Oxbridge » (les deux universités les plus célèbres du pays). « C’est un programme coûteux qui ne bénéficie qu’à une minorité d’élèves » assure le gouvernement. Les intéressés ne partagent pas cet avis. Ils préparent des manifestations dans tout le pays avec l’aide des syndicats.
Article du Guardian
http://www.guardian.co.uk/education/2010/dec/13/s[…]
Angleterre : Des écoles ouvrent des lits pour élèves sans abris
Selon le Guardian, trois écoles anglaises envisagent de se doter d’hébergements d’urgence pour abriter certains de leurs élèves. Alors que les étudiants manifestent pour pouvoir continuer à accéder à l’université, cette situation interpelle le nouveau gouvernement sur sa capacité à défendre le droit à l’éducation.
Au centre de Londres, l’école Quintin Kynaston cherche des dons privés pour ouvrir un hébergement doté d’une douzaine de places. Il accueillera des élèves SDF. La nécessité s’en est fait sentir quand l’équipe pédagogique de l’école a découvert qu’un de ses élèves de terminale dormait depuis 4 mois dans un parc public.
L’école craint que ces cas se multiplient avec la suppression des aides sociales décidée par le nouveau gouvernement conservateur. Par exemple tous les élèves de 16 à 18 ans de l’établissement reçoivent une rémunération hebdomadaire destinée à éviter les décrochages. Elle sera supprimée.
Quintin Kynaston devrait réussir à réunir les fonds nécessaires à son projet. Il est soutenu par un joueur de foot et un chanteur. Mais d’autres écoles sont dans la même situation.
Article du Guardian
http://www.guardian.co.uk/society/2010/dec/01/scho[…]
Etats-Unis : Les Républicains bloquent un programme de soutien alimentaire aux écoliers
Comment enterrer une mesure sociale ? En rendant son adoption impossible. D’après Education Week c’est le projet de la majorité républicaine à la Chambre des représentants.
Leur cible c’est une nouvelle mesure qui prévoit de dépenser 4,5 milliards pour offrir des repas gratuits à 110 000 enfants. Le texte donnerait aussi le pouvoir à l’état fédéral de fixer des règles sur la composition des repas et le contenu des distributeurs automatiques de friandises. Tout cela ne plait pas aux républicains qui jugent le programme trop couteux.
Article Education Week
http://www.edweek.org/ew/articles/2010/12/01/390520_ap.html
Décrochage en baisse aux Etats-Unis
Réalisée par le National Center for Education Statistics des Etats-Unis, l’étude sur le décrochage dresse un panorama du phénomène depuis 1972. Il montre que le décrochage est un problème collectif. Un adulte sans le bac a un revenu moyen de 23 000 $ contre 42 000 $ pour un bachelier. L’écart est suffisamment fort pour avoir une influence globale à laquelle les Etats-Unis, talonnés par la Chine, sont sensibles.
L’étude s’intéresse peu aux facteurs scolaires du décrochage. Elle montre ses dimensions sociales. On a 4,5 fois plus de chances de quitter le lycée sans diplôme quand on vient d’une famille pauvre que d’une famille riche (8,7 contre 2%). ON a aussi 3 fois plus de chances de décrocher quand on est « noir » et 2,5 fois quand on est « hispanique » que quand on est « blanc » (6%, 5,3% et 2,3%). Ces proportions se maintiennent depuis 1972 même si le taux de décrochage est passé de 6 à 3,5%. A noter que depuis 20 ans ce taux ne varie guère.
L’étude
http://nces.ed.gov/pubs2011/2011012.pdf
Sur le site du Café
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