Par Monique Royer
L’enseignement agricole fait figure de pionnier, de défricheur dans le domaine éducatif. Les initiatives développées en matière de vie scolaire actualisent ce constat. Les éditions de l’Harmattan publient « Territoires éducatifs, quand la vie scolaire prend l’initiative », un ouvrage qui donne des pistes à explorer par tous les éducateurs.
Dès sa seconde naissance en 1962, l’enseignement agricole incluait la vie scolaire et la citoyenneté dans les fondamentaux de son fonctionnement. Internat, éducation socioculturelle, ouverture vers le milieu rural, Edgard Pisani et son adjoint Paul Harvois concevaient déjà l’EPL comme un territoire éducatif. C’est ce que nous rappelle Roland Labrégère dans la première partie de l’ouvrage qu’il coordonne « Territoires éducatifs, quand la vie scolaire prend l’initiative ». Depuis les années 60, la société et le monde adulte ont évolué se complexifiant, délaissant la voie linéaire pour des chemins plus sinueux. Le fait éducatif s’exonère des frontières de l’école et des disciplines pour mieux développer les compétences et les aptitudes à vivre dans un monde transformé.
« Il revient alors à l’établissement de préparer le jeune aux aléas de la vie sociale adulte comme il excelle souvent à le faire en ce qui concerne les arcanes des enseignements didactiques ou la sensibilisation à la vie professionnelle. » affirme Jean-Pierre Boutinet dans la préface de l’ouvrage. Certes, mais avec quels acteurs au sein et autour de l’école ? Le fait éducatif est il exclusivement du ressort de la vie scolaire ? Associe-t-il les parents ? L’enseignant est-il un éducateur ? Quid des acteurs qui n’interviennent pas ou peu dans le cadre de la classe comme les infirmières, les documentalistes ? Roland Labrégère visite le rôle d’éducateur et ses différentes interprétations pour dessiner ce que peut être une véritable communauté éducative faisant de la vie scolaire l’affaire de tous. Car dans son approche, éduquer est aussi le rôle de l’établissement. Il s’intéresse aussi à l’évolution des rôles de chacun dans son métier et également dans leur relation entre eux et avec les élèves.
Prévenir la violence, faciliter l’apprentissage, éduquer à la santé, développer une approche citoyenne, ouvrir les regards les représentations donnent lieu à à des projets dont l’initiative revient à des groupes d’acteurs différents selon les établissements, enseignants, infirmière ou CPE. C’est le cas par exemple des groupes adultes relais qui au sein de l’établissement associent des acteurs de la communauté éducative pour repérer, écouter et accompagner les élèves en difficulté, quelque soit leur difficulté.
La deuxième partie de l’ouvrage recueille des témoignages d’équipes éducatives sur des projets visant à une insertion sociale, professionnelle épanouie des élèves dans le monde adulte. L’éducation citoyenne, l’éducation à la santé, l’éco-citoyenneté, la lutte contre le décrochage scolaire nourrissent ces projets sur un mode personnalisé par l’identité de l’établissement et les acteurs qui l’animent. Des points communs se dégagent de ces différents projets : un ancrage dans les réalités sociales et scolaires, une ouverture vers le monde extérieur, un appui sur des disciplines ou des expressions culturelles, un collectif d’acteurs, un engagement de la direction. Ils s’échappent des murs de la classe pour investir la vie scolaire et sociale.
« C’est le sens même des expériences qui se déploient ici et qui, pierre après pierre, constituent l’édifice encore informe de l’éducation à venir » affirme Christian Vitali, CPE du lycée Malherbe de Caen. Qu’elles soient modestes ou ambitieuses, ces initiatives ravivent les particularités de l’enseignement agricole tout en proposant des pistes exploitables dans les établissements de l’éducation nationale.
« Territoires éducatifs, quand la vie scolaire prend l’initiative », ouvrage coordonné par Roland Labrégère, préface de Jean-Pierre Boutinet et postface de Christian Vitali. Editions de l’Harmattan
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=32721