Par François Jarraud
Ce sondage a été mené durant une semaine auprès des lecteurs du Café en novembre 2010. 519 personnes y ont participé dont 443 enseignants (85%). Ceux-ci comptaient 24% d’enseignants du primaire, 19% du collège, 24% du lycée, les autres étant sur plusieurs niveaux. 44% des déclarants avaient plus de 20 ans d’ancienneté, 40% de 5 à 20 ans, 16% avaient moins de 5 ans d’ancienneté.
Les usages personnels
Deux faits marquants : l’importance de la mutualisation et du web 2
43% des enseignants participent à un site de mutualisation, un usage qui est plus important que la participation à un site académique institutionnel (26%) ou, même, que l’édition d’un blog (31%) ou d’un site personnel (20%).
Le web 2 est déjà bien ancré dans les habitudes des enseignants : 55% utilsient Facebook, 57% un site collaboratif, 40% Google docs, 17% twitter. Les trois quarts d’entre eux sont abonnés à une liste de discussion professionnelle. Les profs sont déjà au coeur de réseaux professionnels ou personnels !
En classe le web 2 déjà très présent
57% des enseignants utilisent internet en classe fréquemment. Un chiffre à rapprocher de celui d’une enquête ministérielle qui donnait 40% d’utilisateurs fréquents. 12% ne l’utilisent jamais (25% dans l’enquête ministérielle). 54% font utiliser Internet par les élèves fréquemment.
Et le web 2 ? 27% des enseignants utilisent un ou des blogs en classe, 10% Msn, 9% Facebook, 1% twitter. Le web 2 a donc déjà une place importante dans la classe. On remarquera également une forte utilisation du téléphone portable : 13% des profs.
Verbatim : Des profs témoignent de leurs usages
Sur Facebook :
- Ponctuellement pour un projet d’échange avec un établissement à l’étranger, l’on a créé un groupe pour communiquer entre nous. Échange de vidéos/photos/ textes – commentaires etc.
- j’enseigne l’anglais en seconde et nous fonctionnons par groupe, la classe n’existe pas pour moi car j’ai des élèves des 4 secondes de l’établissement. C’est la première année et au début il était très difficile de joindre tout le monde en dehors des heures de cours, alors j’ai créé un compte facebook où tous les élèves sont les « amis » et je leur envoie des messages de dernière minute ou des communiqués, ou bien ils posent des questions et peuvent se répondre entre eux… C’est un peu un prolongement du cours.
- Le système d’abonnement à des pages (bouton « j’aime ») permet un accès à l’information. L’information vient à moi sous forme de courts textes. Si ça m’intéresse je clique et je consulte la page complète. J’ai donc créé une page à laquelle les élèves peuvent s’inscrire. Ils verront donc s’afficher sur leur mur les nouvelles informations que je déposerai sur cette page. Mon objectif est celui-ci : apprendre à mes élèves la puissance de cet outil pour avoir un accès à une information triée par thème, sans avoir besoin de la chercher (elle vient à moi). J’y mets toutes sortes d’infos : des offres d’emplois pour les anciens et surtout le résultat des veilles technologiques que je peux faire sur le design, les procédés, les matériaux, des vidéos …
- J’utilise Facebook en ce moment dans une séquence sur les réseaux sociaux en classe de 3°.
- J’ai dû demander cependant aux gestionnaires de réseaux de débloquer l’accès au site au collège.
Les profs et MSN
- Je l’utilise dans le cadre de correspondance scolaire
- Communication autour du travail demandé, des leçons ; transmission du travail fait en classe pour les élèves absents
Les profs et le téléphone portable
- Lorsque nous n’avons pas accès à internet, ils peuvent prendre mon téléphone ou le leur pour faire leurs recherche. Ils prennent en photo le tableau lorsqu’ils veulent en conserver une trace. Nous prenons parfois des photos, j’enregistre aussi leur voix parfois.
- Projet de pocket films dans le cadre de l’éducation civique
- Mes élèves ont des iPhone qui se connectent plus vite que le poste prof de la classe : ils recherchent des traductions et des infos sur les points de civi rencontrée en cours (qui a fait ce film ? Date de telle bataille, bio d’un personnage connu, qui a inventé tel objet, etc.)
- Possibilité de l’utiliser lors de sorties ou de rencontre pour capturer images et sons réutilisés pour un travail en classe.
Ce que les profs pensent du web 2
Les TICE ont-elles une efficacité pédagogique ? 86% des profs pesnent que oui.
Et le web 2 ? « Les réseaux sociaux peuvent-ils servir de vecteur pédagogique ? » 53% des enseignants répondent par l’affirmative, 16% ne sont pas d’accord et 31% ne savent pas.
Verbatim : Les remarques des enseignants sur le web 2 :
Doutes et obstacles
- je pense que l’utilisation de facebook dans l’enseignement serait contraire à mon éthique professionnelle (relation virtuelle) et nuisible à la relation que j’ai établie avec mes élèves.
- Je ne suis pas d’accord pour utiliser les réseaux sociaux dans l’enseignement. J’estime que ces réseaux sont propres à chaque individu et que j’outrepasserai mes droits en les utilisant. J’utilise beaucoup les courriels avec les étudiants et cela me suffit.
- il ne faut pas regarder l’utilisation que les élèves en font. Il faut que, nous adultes, nous créons nos propres manières de les utiliser et les faires partage ravec les élèves.
- Impossible de travailler avec les élèves sur des réseaux sociaux type facebook ou twitter ou encore communiquer via MSN, filtrés dans l’établissement.
- Pour l’instant, et même si je suis convaincue de l’intérêt de la démarche concernant l’usage des réseaux sociaux dans l’enseignement du français, je suis dans un collège où les préventions des parents sont si fortes qu’il est à peu près impossible de lutter. Le fait de communiquer une adresse mail aux élèves entre timidement dans les moeurs. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais je reste optimiste.
Questionnements et voeux
- Dans l’usage du net dans l’enseignement il y a des enjeux éducatifs et éthiques des Tice dans la vie de l’élève à l’école comme hors temps scolaire qui me paraissent être encore à définir : efficacité, fiabilité, légalité, technicité, confidentialité, sécurité, identité sont des concepts dont la prise en compte me paraît devoir être formalisée auprès des élèves.
- Questionnaire orienté par un sous-entendu : les TICE, les réseaux sociaux, ça sert à apprendre les « vrais » savoirs. Certes, mais aussi : – Utiliser les réseau sociaux, c’est en soi une compétence à enseigner. – Utiliser les réseaux sociaux (et le téléphone portable), ça fait évoluer inéluctablement les relations entre enseignants et élèves. Il y a une sorte de tabou là-dessus. Ce ne serait pas déontologique. Moi je pense que c’est – une richesse ; – un risque de se mettre hors-jeu, en décalage avec la société ; – inéluctable.
- Les TICE et les réseaux sociaux peuvent accroître l’efficacité du système éducatif s’ils sont liés à une réelle transformation des pratiques pédagogiques donnant toute sa place à l’élève pultôt qu’au renforcement du modèle pédagogique ancestral dominant. Les réseaux sociaux pourraient le permettre (bien plus que le TBI par exemple) si la formation pédagogique des enseignants était garantie et de qualité.
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