Par Antoine Maurice
A la suite du forum des enseignants innovants de Dax, nous vous proposons une rencontre avec Eric Ruiz, professeur d’EPS au lycée Bigon de Mortagne au Perche qui nous présente son « cahier d’entrainement numérique » permettant de travailler individuellement sur la progression des élèves.
Qu’est ce que ce cahier d’entrainement numérique ?
Le cahier d’entrainement numérique est un fichier construit à partir du tableur Excel composé de 3 feuilles, présentant différentes rubriques. L’élève le reçoit par mail. Il le rempli au fur et a mesure des séances et des évaluations. La première feuille concerne le curriculum de l’élève, c’est à dire, qui il est et ce qu’il a acquis. La deuxième page concerne les objectifs qu’il se fixe dans son apprentissage. Enfin la troisième page concerne les connaissances informationnelles, issues de ses recherches sur l’activité. La première page est remplie tout au long de l’année scolaire. La deuxième est dupliquée dès que les objectifs sont atteints. La troisième est remplie tout au long de l’année, aussi (chaque trimestre l’élève rempli 2 connaissances par rubrique).
A la fin de chaque trimestre chacun m’envoie son fichier Excel par mail pour validation.
Comment l’idée a-t-elle vu le jour ?
Premièrement, avec mes classes d’option lycée; j’en avais un peu « assez » d’accumuler les fiches individuelles de mes élèves, d’entasser les fiches d’évaluations. D’archiver des masses de papiers dans mes tiroirs.
Deuxièmement, le fort engouement de mes élèves pour les TICE, m’a mis sur la voie de l’outil. C’est quand j’ai vu que cela pouvait valider des items du B2i que j’ai pensé à Excel, tableur convivial, facilement modélisable et à l’envoi par mail.
Troisièmement, la motivation personnelle de les voir plus autonome et concerné par leur formation ; d’être moins consommateurs d’activités ; de passer moins par moi pour connaitre ou se rappeler leurs résultats ou les objectifs qu’ils devaient suivre. De plus, je souhaitais avoir, tout comme eux, une trace de leur passage en option. D’où l’idée d’un curriculum (1ère page) qui fournirait un aperçu rapide et fidèle de l’investissement de l’élève.
Souvent on questionne l’intérêt de l’outil TICE dans le cadre de l’EPS. Quelles sont les plus-values de cette démarche ?
L’intérêt d’un tel outil est multiple. L’autonomie d’abord, car l’élève a accès quand il le veut et où il veut, à son cahier. Il a juste besoin d’un ordinateur, ce qui est de moins en moins un problème aujourd’hui. Je leur demande aussi de ne pas trop attendre après une évaluation pour rédiger, car les critères sont encore frais dans la mémoire. En cas d’oubli, ils peuvent de toute manière, récupérer les référentiels en ligne, sur un blog et un site, créé pour cela. Ils planifient de cette manière leur entrainement. J’ai déjà observé une meilleure attention, un meilleur suivi personnalisé de leurs apprentissages.
Un autre avantage non négligeable est la conservation permanente de la connaissance des résultats. Eux comme moi, nous avons un accès facile à l’historique de formation. Ce qui n’est pas sans effet positif sur leur motivation ou leur remotivation. Ainsi le cahier valorise leur investissement, leurs progrès et leurs acquis. De plus, je dispose d’un document actualisé, qui me fait gagner du temps lors des conseils de classe, par exemple.
En pratique, avec les élèves ça donne quoi ?
Chaque outil est souvent amené à évoluer, quelles sont les perspectives pour le cahier numérique?
Tout d’abord, j’ai été surpris de constater son officialisation au mois d’avril 2010 au BO (bulletin officiel) lors des nouveaux programmes EPS de secondes. Le texte incite l’enseignement facultatif EPS, au suivi personnalisé, à travers une version informatisée d’un carnet. Etrange non ? J’ai du avoir le nez fin !
Pour ma part j’entrevois une évolution avec la généralisation des espaces numériques de travail (ENT) en général et du cahier de texte en ligne en particulier. Quand son utilisation sera habituelle et quotidienne, certains lycéens seront sans doute, moins oublieux des directives de rédaction, ou des dates d’envoi du cahier par mail.
De là à avoir avec ses affaires de sport, une tablette numérique ! Il n’y a qu’un pas qui pourrait être franchit dans l’avenir. On pourrait alors permettre aux élèves de rentrer leurs données numériques à la fin d’un cours par exemple. On gagnerait à coup sur, beaucoup de temps.
Vous êtes à l’origine également de deux sites sur le canoë et le badminton. Pouvez-vous nous en parler ?
Le premier a été crée à l’occasion d’un travail d’optionnaires autour de l’organisation d’une manche de la coupe de France slalom de canoë-kayak. Par la suite il a servi à valoriser les résultats UNSS ou l’investissement pendant les stages. Je l’ai utilisé après, pour y intégrer des connaissances sur l’activité, utiles pour la préparation des optionnaires à leur oral certificative de l’année de terminale. Le blog sur le badminton a été créé bien après et pour les mêmes buts que le premier.
Mais, avec le temps, la majorité des élèves s’est lassée et n’y surfait que rarement, juste pour aller bachoter la dernière année. Avec le cahier numérique, les choses évoluent. Le besoin est là ! Les optionnaires y vont beaucoup plus fréquemment. Je n’hésite pas non plus, à les y envoyer pour trouver les réponses à leurs questions.
Question ouverte : On connaît les difficultés d’intégrer les TICE à l’école et encore plus en EPS, comment ressentez-vous cela ? Y a-t-il eu une évolution ?
Je pense que les TICE ne doivent pas être un objectif en EPS, mais un moyen supplémentaire pour motiver nos élèves ou les rendre plus autonomes, tout en proposant un outil attirant.
Surtout que les logiciels sont de plus en plus à porté des débutants. En quelques clics on peut maintenant alléger son travail et son sac de cours.
Pour ce qui est du cahier numérique, un novice en informatique peut s’en servir. On peut l’adapter facilement aux caractéristiques de ses élèves et de son enseignement, en remplaçant le nom des critères et ceux des rubriques. Rien de plus simple aussi que de remplacer les activités canoë-kayak et badminton, par d’autres APSA.
Dans la pratique, il suffit de connaître quelques rudiments de mise en page, comme bouger les colonnes et les lignes, transformer les formats de cellules par un clic droit ou envoyer et recevoir un mail. Cela demande quelques minutes d’explication ; et surtout pas besoin d’un stage de formation pour cela ! Un collègue un peu connaisseur fera amplement l’affaire.
Le blog d’explication du cahier d’entrainement est de la même teneur. Quelques minutes pour comprendre, tellement les outils sont intuitifs et connus. J’ai du mettre deux heures pour le mettre en fonction complète. Vous avez une adresse mail, c’est suffisant pour commencer. Alors allez-y ! Lancez-vous !
Le blog
http://cahierentrainementeps.blogspot.com/
Le blog sur le badminton au lycée
http://optioneps.over-blog.com/
Le blog sur le canoë-kayak
http://optioneps.over-blog.com/ext/http://memb[…]
Le reportage de Monique Royer du café pédagogique lors du forum des enseignants innovants à Dax