Ça ne fait que quelques pages dans le récent « rapport d’étape de la mise en oeuvre de la RGPP (révision générale des politiques publiques)» qui est sensé permettre aux élus du peuple, les députés, de «contrôler la dépense publique». « Entre 2007 et 2010, près de 100 000 postes auront été supprimés, dont environ 30 000 sur l’année 2009. Pour la seule année 2009, l’économie brute inscrite au budget de l’Etat est de l’ordre de 800 millions d’euros« . Et d’ailleurs, précise le rapport, la moitié des économies induites par le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux ser(o)nt redistribuées aux agents (pour le primaire, prime de 500 € pour les évaluations et prime d’entrée dans le métier de 1500 € pour les nouveaux enseignants).
«La RGPP a vocation à s’étendre et à se porter sur de nouveaux domaines. La priorité devant être donnée aux dépenses d’avenir, un effort particulier devra être réalisé sur les dépenses de fonctionnement courant». Vous arrivez à faire la traduction dans votre langue non-moderne ?
«La règle du non remplacement d’un agent sur deux partant à la retraite sera par ailleurs maintenue et sera généralisée à l’ensemble des opérateurs de l’Etat (hors universités). La Révision générale des politiques publiques est un processus dynamique. Elle se poursuit en visant l’amélioration continue de la performance de l’administration et du service rendu aux citoyens et aux entreprises». Amélioration du service rendu, vous avez bien lu. C’est dingue comme vous n’êtes pas moderne.
Et comme il faut faire simple, le rapport concernant l’enseignement primaire brosse un portrait à grands traits, dont les intentions ont au moins le mérite d’être claires. Les chantiers sont classés en trois couleurs, selon l’avancement de la mesure. Qu’on en juge :
– Bonne nouvelle (!), tous les indicateurs de l’Ecole primaire sont au vert, sauf, hélas, la «nouvelle organisation du traitement de la difficulté scolaire» (par une future centrale d’épuration ?) et la transformation des écoles en établissements autonomes régis par un conseil d’administration (EPEP) qui est malheureusement en panne totale (rouge vif !). Mais rassurez-vous, on murmure que quelques députés seraient chargés d’y remédier rapidement par une proposition de loi.
Enfin, sur le plan général de la «modernisation de la gestion des enseignants» (soyons modernes), les indicateurs sont malheureusement coincés à l’orange : ni le recrutement des enseignants, ni leur formaton continue, ni leurs affectations ne semblent encore tout à fait satisfaisants. Ah bon ?
Bonne nouvelle pour tous ceux qui attendent un remplaçant dans leur école : «un plan d’actions permettant une utilisation optimale du potentiel de remplacement des enseignants absents doit encore être préparé afin de garantir une meilleure continuité du service d’enseignement». Ce n’est pas écrit dans le rapport, mais il semble qu’on s’oriente dans les semaines à venir vers une solution résolument «moderne» en confiant ces remplacements à des personnes pleines de bonnes volontés, mais fort peu munies de qualifications… Ca rappellera quelques années furieusement «modernes», vers 1970, durant lesqueles plus d’un enseignant sur deux dans les écoles était recruté sans formation initiale. D’ailleurs, ça nous permet de retomber sur nos pieds. Le Président Pompidou adorait la modernité.