Le 22ème Goncourt des Lycéens a été remis lundi 9 novembre à Rennes à Jean-Michel Guenassia pour son roman Le club des incorrigibles optimistes (Albin Michel). Voici quelques jugements de lycéens de Pontivy sur le roman de Jean-Michel Guenassia :
Constance : « J’ai commencé par le plus gros en me disant que se serait le plus long à lire (logique : la durée dépendant de la longueur, les livres les plus épais sont aussi les plus longs à lire). Mais non. La lecture ne répond pas aux règles mathématiques les plus simples, et c’est un vrai bonheur. Le club des incorrigibles optimistes présente une telle facilité de lecture (la narration est simple puisque le narrateur est un jeune lycéen), d’identification (toujours grâce à notre jeune narrateur) et d’aussi authentiques histoires que nous n’avons jamais envie de nous arrêter (ce qui explique que je l’ai lu en deux jours et demi). D’ailleurs, si j’ai fait des pauses à un moment ou à un autre, ce n’était que pour répondre à des besoins vitaux (manger, dormir, faire la fête…). La nuit dernière, par exemple, je me suis endormie lumière allumée et lunettes sur le nez à 3h du matin, le livre posé à côté de moi.
Un avis personnel ? Je ne sais pas trop quoi dire. Peut-être un conseil : à lire absolument et au plus vite. Vraiment, c’est un livre formidable, impossible à lâcher. Bon, je vais en faire un résumé, ça sera plus simple.
Nous sommes au début des années 60. Au milieu de la guerre froide et de la guerre d’Algérie : en France. Un jeune lycéen nous raconte sa rencontre avec une flopée de personnages : les amis de son grand-frère, d’abord, puis un groupe étrange de joueurs d’échecs : les incorrigibles optimistes. Ce sont des émigrés de l’Est, pour la plupart clandestins. Ils se retrouvent dans l’arrière-salle du Balto pour jouer aux échecs et surtout oublier le pays où ils ont tout laissé. Entre parties de baby-foot, petite amie, adieux aux amis qui partent pour l’Algérie, des bribes de leurs histoires se révèlent au gré des conversations. Ces hommes qui veulent tout oublier ramènent avec eux remords et rancune contre d’autres…
Adrien : « J’ai trouvé géniale la façon dont le roman oscille entre les personnages, les lieux, les années et même les ambiances. Cela de façon très naturelle. A aucun moment, on se sent tomber ou face à un mur. Tout est fluide et si rien d’extérieur ne pouvait interrompre sa lecture, il se lirait facilement d’une traite. Que les passages mentionnent l’adolescence de Michel, les rapports « politico-familiaux » ou les anecdotes sur la Guerre Froide, on passe souvent du sourire à la grimace. C’est aussi extraordinaire de se faufiler dans les coulisses de l’URSS et comprendre la vie des gens lors des purges, cela par une conversation aussi bien qu’une lettre de testament. »
Eurielle : « Alors là c’est du lourd j’ai envie de dire! Ce livre est magique! J’ai été absorbé dedans ce n’est pas possible… Aah je n’arrive pas à m’exprimer! Il est excellent! J’ai aimé ces personnages, leurs histoires, toutes leurs histoires! Je me suis attaché à ces personnages, surtout Michel évidemment dans lequel je pense que nous pouvons tous un peu nous retrouver, non? J’ai beaucoup ri, crié, devenue folle… de ce livre. Il est riche! Il y a tant d’histoires! Maintenant, on ne peut qu’être optimiste, n’est ce pas? hahahaha! »
Une expérience « très enrichissante » …
52 classes de seconde, première, terminale ou BTS, généralistes, scientifiques ou techniques, ont participé à l’événement organisé par le ministère de l’Education nationale et la FNAC, en accord avec l’académie Goncourt. Pendant deux mois, comme pour démentir les contempteurs d’une jeunesse censément illettrée, les élèves se sont efforcés de lire les 14 romans de la sélection de rentrée de l’académie Goncourt !
L’expérience du Goncourt des Lycéens est chaque année porteuse d’une dynamique étonnante comme le prouve sa longévité. Elle démontre notamment combien la littérature peut être vivante auprès des adolescents d’aujourd’hui quand elle est animée par la pédagogie de projet et quand diverses démarches de socialisation (débats, blogs, réseau Facebook, rencontres avec des écrivains ou avec d’autres élèves, écriture de critiques, échos médiatiques …) donnent à la lecture un destinataire, un enjeu, un sens,.
En témoigne ce journal de bord qui raconte quelques moments forts d’une telle expérience et montre combien la fièvre de littérature et de pédagogie s’emparent de tous les participants au Goncourt des Lycéens : http://roman-contemporain.over-blog.com/categorie-10815195.html
En témoignent encore ces réactions à chaud d’une enseignante de lettres interrogée sur son voyage de deux mois en compagnie de ses élèves à travers les romans de la sélection Goncourt :
« Pas assez de recul, mais déjà je peux dire :
Aspects négatifs :
l’organisation très lourde
la salle multimédia qui a « cramé »
les regards noirs de certains collègues
les journées ne font que 24 heures
je n’arrive pas à ranger mes document sur over-blog
mes élèves n’osent pas, n’ont pas confiance (public local)
les commentaires de certains collègues sur les choix des élèves
(de quoi se mêlent-ils: c’est le Goncourt des lycéens, pas des profs!!!)
certains manipulent leur tiercé: vais le dire à J. na!!!
cela ne décoince pas assez à mon goût pour le blog
(situation géographique, diesel, sans matériel…)
les 950 pages de CORDIER
on n’est pas en finale
ils n’ont pas pris la mesure du projet
L. triche sur moi pour GUENASSIA
mes anciens élèves font la gueule
on a eu un tas de boue pour aller jusqu’à R. hier
Justine LEVY même si je n’ai pas le droit de le dire
j’ai encore des milliards de trucs à faire
ma M. va s’inscrire à C. pour les bonbecs
j’ai pas tout lu!!!
Aspects positifs :
j’ai encore plein de trucs à lire
je réussis à alimenter le blog créé par les élèves
B. notre déléguée a tout compris des rouages…
JM va me donner des cours particuliers pour le blog
L. et J. sont venus « manger » à C….
Ils ont finalement lu, pas moins que les autres à entendre les collègues hier
Notre vidéo club (Télé Nabis) s’exporte via le blog
On a créé les « goûters » Goncourt, merci la FNAC et HARIBO
(et oui, aujourd’hui, faut des sponsors!!!)
les autres blogs sont désespérément plus vides que le nôtre
on n’a pas fini!!!
le français est la seule matière où la classe parle
(même si c’est pas encore assez à mon goût, mais suis c……)
en salle des profs, au café, ça cause bouquins
j’ai fait lire des profs de maths (le bonheur absolu!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!)
L. a raison pour GUENASSIA
mes anciens élèves nous reviennent et nous aident
les élèves parlent de littérature
je crois qu’ils commencent un peu à prendre un peu confiance en eux
on va rencontrer les auteurs en décembre et pas vous, na (très sale gosse, je sais)
on a invité des copains de P. qui nous ont beaucoup aidé
d’autres classes du lycée participent au concours de critiques et on va rafler tous les prix
notre provo-adjoint a beaucoup lu
cela fait 10 ans que j’y songe et ça y’est!!!
on a rencontré des australiens et organisé une rencontre entre australiens, in english s’il vous plaît (quelqu’un aurait la traduc??????????????????)
la bouffe qu’on va se faire pour en parler de vive voix
lire
les étoiles dans les yeux des élèves hier… »
En témoigne enfin ce regard porté par Ronan sur ses quelques semaines de juré Goncourt :
« Participer aux Goncourt des lycéens s’est avéré être une expérience très enrichissante. Cela a même été comme « une révélation ». Celui-ci m’a permis d’entrevoir la littérature sous un autre jour. En effet, le Goncourt n’a fait que confirmer un sentiment qui s’était déjà amorcé l’année dernière par l’étude de poèmes, entre autres. Ainsi, me semble-t-il, il convient d’associer à chaque sentiment, le mot juste. Je pense que voir les choses avec poésie et donc nuance n’est pas une hérésie. De plus, mes lectures, aussi diverses soient-elles, m’ont presque donné l’impression d’avoir un don d’ubiquité. En effet, par la simple ouverture d’un livre on accède directement à un autre monde. Ainsi notre esprit se délie-t-il de notre corps et vagabonde dans un univers d’inventivité, non dénué d’interrogations sur le monde réel. En fin de compte, dans une société où tout nous prête à se comporter comme des machines, la littérature constitue une certaine porte de sortie qui permet de s’élever spirituellement et, de redevenir un homme. »
Jean-Michel Le Baut
Les lycéens de Pontivy
http://lcomloth.over-blog.com/article-36312596.html
Ronan