Par François Jarraud
La querelle de l’évaluation en CM2 à peine éteinte, voilà que le conflit redémarre là où X. Darcos avait fait beaucoup d’efforts pour faire la paix : en maternelle…
Jardins d’éveil : Darcos sous pression
« Nous ne cautionnerons pas l’expérimentation des jardins d’éveil et nous serons amenés à dénoncer la Déclaration commune » prévient l’Ageem, association d’enseignants en maternelle. En décembre dernier, à l’issue d’une première crise marquée par les rapports Tabarot et Papon et par des paroles malheureuses du ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos avait sur renouer le dialogue avec les enseignants en concluant un accord avec l’Ageem. Il y a quelques jours cet accord était célébré à travers la co-édition d’une brochure, réalisée par l’Ageem, présentant la maternelle, distribuée à tous les parents.
L’annonce le 5 avril, par Nadine Morano, de la création à titre expérimental de jardins d’éveil, installés dans les écoles maternelles, mais sans personnel enseignant et payés par les parents, remet tout en question. Interrogée par le Café, Lucile Barberis, présidente de l’Ageem, n’en revient pas. « Je ne comprends pas l’objectif de créer 8 000 places en jardin d’éveil alors qu’il serait facile de réactiver des écoles maternelles qui sont laïques et gratuites ». Pour l’Ageem, « les objectifs annoncés posent clairement cette nouvelle structure en concurrence avec les autres structures existantes et particulièrement avec l’Ecole Maternelle. On perçoit aisément, au-delà de la concurrence, une véritable substitution de ces jardins d’éveil à la dernière année de crèche ou à la première année de l’école maternelle, sans aucun souci de l’égalité sociale que le ministre proclame justement par ailleurs. La création de ces nouvelles structures payantes, implantées au gré des choix locaux, serait ainsi préférée au développement des structures existantes, gratuites et implantées dans la grande majorité des communes de France ».
Parallèlement les syndicats montent au créneau. Après le Snuipp et le Se-Unsa, c’est le Sgen Cfdt qui, le 8 avril, » demande que des précisions soient apportées rapidement sur l’ensemble de la politique du gouvernement dans ce secteur. Il est notamment essentiel que des assurances soient données quant à la place de l’école maternelle. S’agissant des enfants de 2 à 3 ans, les parents doivent pouvoir faire le choix du mode d’accueil. C’est particulièrement important pour les catégories sociales les plus défavorisées, d’une part parce que l’école est gratuite, d’autre part parce que la scolarisation précoce est un moyen important de réduction de l’échec scolaire des enfants victimes d’inégalités sociales et culturelles ». Voilà Xavier Darcos ramené, grâce à Mme Morano, aux débats de l’hiver dernier. On attend sa réaction.
Maternelle quel avenir pour la scolarisation à 2 ans
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Maternelle.aspx
L’Expresso du 6 avril
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/04/0604[…]
L’Ageem
Evaluations de CM2 : surtout pas de surprise
Lundi 30 mars, le ministère a rendu publics les résultats de l’évaluation de CM2. Selon elle, moins de 15% des élèves auraient des acquis insuffisants. « On le voit notre école fait réussir beaucoup d’élèves. Mais les maîtres, pour assurer à tous la réussite, avaient besoin d’un dispositif efficace de prise en charge des difficultés d’apprentissage. C’est le but de l’aide personnalisée ». C’est avec cette « happy end » que Jean-Louis Nembrini a présenté, le 30 mars, les résultats des évaluations de CM2.
Ces évaluations bilans montrent que 7% des élèves n’ont pas les acquis suffisants en français et 15% en mathématiques. » Des chiffres assez faibles par rapport aux craintes des enseignants. Les évaluations mettent en évidence, par exemple, que les résultats moyens sont meilleurs en « lecture » qu’en « grammaire ». Pour les mathématiques, les résultats sont meilleurs en « calcul » qu’en « grandeurs et mesures » ». Selon JL Nembrini, ces évaluations vont permettre « de mieux comprendre comment les élèves apprennent ». Elles seront aussi utiles pour que « à l’échelle de la France, de chaque académie, de chaque département, les responsables disposent d’un instrument de pilotage identique ». Autrement dit ces évaluations seront à la fois diagnostic et bilan. C’est fort, non ?…
Diminuer la tension. Ces résultats sans surprise, qui se vérifient également au niveau local, ont au moins l’avantage de diminuer la tension dans l’école élémentaire, un endroit où la cote de popularité du ministre est au plus bas. Pour le reste, on ne sait trop quelle valeur leur attribuer. Selon le ministère, 78% des élèves auraient subi le test, un chiffre qui paraît bien élevé. Car un syndicat d’inspecteurs, le SNPI FSU, avait dénoncé début mars une « manipulation des statistiques » pour « gonfler les statistiques des remontées des évaluations CM2 », confirmant de nombreuses « adaptations » des tests effectuées sur le terrain. Lundi 30, le Se-Unsa évoquait « une auto célébration » et dénonçait « l’instrumentalisation » d’une évaluation.
La culture d’évaluation mise à mal. Ce qui est certain c’est que ce test ministériel a été moins bien accepté par les enseignants que ses prédécesseurs. Alors qu’une évaluation de l’efficacité de l’Ecole est nécessaire, ce test a plutôt retardé l’installation d’une véritable culture de l’évaluation. La prochaine évaluation aura lieu en CE1. Le ministère sera-t-il capable de mieux faire ?
Le reportage du Café
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/03/310309_Le[…]
Communiqué ministère
http://www.education.gouv.fr/cid24230/evaluation-des-acquis-de[…]
Communiqué Se-Unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1521
Dossier évaluation de CM2
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/evaluationsCM2.aspx
X Pons : sans évaluation on prive les familles d’une politique éducative
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2009/9[…]
Pour le Sgen, l’évaluation de CM2 est « catastrophique »
» Changer les outils d’évaluation n’est pas de nature à en faire des outils pertinents que les enseignants utilisent pour modifier leurs pratiques et améliorer les résultats de leurs élèves ». Le Sgen Cfdt déplore que » le ministère ait voulu transformer des évaluations diagnostiques de début de cycle en évaluations bilans de fin de cycle. Pour renseigner ses indicateurs LOLF (Loi Organique relative aux Lois de Finances), au lieu de procéder par sondages, il a choisi de faire croire aux enseignants et aux parents qu’il s’agissait d’évaluations formatives destinées à aider les élèves dans leurs apprentissages. Un tel mélange est catastrophique et décrédibilise totalement l’idée même d’évaluation » note le Sgen.
Pour lui, « cette publication a pour seul mérite de montrer la grande hétérogénéité des résultats… La politique d’éducation prioritaire est délaissée depuis des années, à l’évidence les résultats des évaluations soulignent ce que savent tous les observateurs : il faut relancer les ZEP ! »
Communiqué
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1986.html
Sur l’évaluation de CM2
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/03/310[…]
Evaluation de CM2 : « Tout ça pour ça ? »
« Cette grande opération n’a donc servi à rien et comme elle n’a servi à rien, on recommencera l’année prochaine. Les complaisants diront que cela sera mieux l’année prochain e. Il est vrai qu’il est impossible que ce soit pire ». Pierre Frackowiak revient sur l’évaluation de CM2 dont les résultats viennent d’être publiés après des mois de tension avec les enseignants : « Tout ça pour ça ? »
Car tout ce trouble, toute l’énergie dépensée à défendre des évaluations mal pensées, ont détourné l’Ecole des vrais problèmes : l’organisation des rythmes scolaires, du soutien, des pratiques pédagogiques. « Les enfants sont contents, les parents aussi, les sondages sont bons… Il n’en faut pas plus pour que le ministre soit content et que toute la pyramide soit contente qu’il soit content ».
Lire la tribune de P Frackowiak