« Qui répondrait en ce monde à la terrible obstination du crime si ce n’est
l’obstination du témoignage ? » Albert Camus, les Justes, 1949.
Témoigner est un acte qui ne va pas de soi. Aujourd’hui beaucoup de déportés sont interpellés sur des questions difficiles, provocatrices ou irrecevables.
« Pourquoi les juifs ? Pourquoi êtes-vous encore en vie ? Que pensez-vous des martyrs de Palestine ? Pourquoi il n’y a pas un devoir d’oubli ? »
Mais même si certains ont eu des problèmes, les témoins sont animés d’un « devoir de mémoire » et ne veulent pas baisser les bras.
Une préparation indispensable
– Le témoignage doit être précédé par un cours d’histoire fait par le professeur qui peut utiliser divers documents.
– Le professeur doit prendre contact avec le témoin, lui dire ce qu’il a fait, l’avertir si c’est une classe difficile, déterminer avec lui le lieu du témoignage, la durée.
L’intervention du témoin
– Le témoin doit raconter son histoire personnelle, le contexte famillial, social, politique. Son arrestation, l’arrivée dans le camp, la vie au camp, le travail, les sélections, les disparitions des détenus, l’évacuation et le retour, selon le thème retenu.
– Le témoin peut répondre à des questions préparées à l’avance ou spontanées.
– Si la classe est difficile, l’intervention peut commencer par 10 à 15 mn de film, comme le procès de Nuremberg, ou la libération de Dachau, et le témoin peut demander à la classe ce qu’ils en pensent.
– L’intervention du témoin peut être complétée par une exposition de documents, des visites de musées, des voyages d’étude sur les lieux de mémoire.
– Le témoin est l’expression individuelle d’un destin collectif, et il contribue par ce qu’il a vécu, à l’histoire générale de la Shoah.
Les objectifs
– Outre la lutte contre les négationnistes, les programmes de troisième et de première maintenant nous invitent à faire venir un témoin. Cela peut être à l’occasion de la journée européenne de la Shoah.
– Il faut faire prendre conscience aux élèves qu’une politique raciste a conduit à la destruction des juifs d’Europe.
– Il faut les aider à se construire une conscience antiraciste et respectueuse des droits de l’homme.
– Témoins et professeurs partagent des valeurs communes : l’attachement aux valeurs de la République, de la démocratie et des droits de l’homme.
– Raphaël Esrail, secrétaire de l’Amicale d’Auschwitz écrit que « si les témoignages contribuent à amener les nouvelles générations à une réflexion politique et philosophique sur leur temps, ce sera, pour les anciens déportés, une source d’immense satisfaction et d’apaisement ».
Des témoignages :
Raphaël Esrail, secrétaire de l’Amicale d’Auschwitz, résistant, déporté à Auschwitz:
http://web.archive.org/web/20071014121759/http://lyc-edgar-quinet.[…]
Ida Grinspan, déportée à Auschwitz à 15 ans :
http://web.archive.org/web/20071014121759/http://lyc-edgar-quinet.sco[…]
Claudine Herbomel, ancienne élève du lycée E. Quinet (Paris) et enfant cachée, sauvée par des « justes ».
http://web.archive.org/web/20071014121759/http://lyc-edgar-quin[…]
« Témoigner, c’est un devoir impérieux pour tous les survivants. Ces images qui hantent encore nos nuits, qui surgissent soudain dans nos mémoires, même au milieu d’une fête, même sur une plage au soleil, même auprès du berceau d’un enfant, nous n’avons pas le droit de les oublier. Tant que nous serons vivantes, nous devons témoigner des crimes des SS, des souffrances, de la mort de nos camarades, rappeler jusqu’où conduit le racisme, mépris de l’homme, comment aussi nous avons lutté pour rester libres, quelle fraternité nous a unies dans le combat pour rester dignes de notre condition humaine. » Geneviève De Gaulle-Anthonioz, préface à l’édition des dessins de Violette Rougier-Lecoq, déportée à Ravensbrück.
Nicole Mullier,
avec l’aide des réflexions de la commission « Témoignage » de l’Amicale d’Auschwitz et du Cercle d’étude.