C’est par un communiqué de presse que les différents acteurs engagés dans la réforme de la formation des enseignants ont pris connaissance de plusieurs inflexions notables de la position gouvernementale sur la formation des enseignants. Il faut dire que dans chaque académie, le risque de blocage du processus par les syndicats du supérieur (IUFM et universités) doit faire craindre le pire au ministère.
Rappel de la situationDans chaque académie, actuellement, ont lieu des négociations entre l’IUFM, les différentes UFR et le Rectorat pour construire les «maquettes de formation» qui doivent être déposées avant le 15 février. Selon les termes de l’accord du 30 septembre 2008 entre les ministres, les directeurs d’IUFM et les présidents d’universités, les formations devraient articuler quatre dimensions :
– disciplinaire (ou multidisciplinaire)
– épistémologique (histoire des disciplines et de leur enseignement)
– didactique (comment les savoirs se transposent-ils dans l’enseignement)
– professionnel (métier d’enseignant et éthique)
C’est une des difficultés essentielles : selon les catégories (profs d’école, profs de lycée et collège, profs de lycée professionnel, CPE…), les équilibres sont différents. Certains privilégient les connaissances disciplinaires, quand d’autres composantes insistent sur l’importance de la préparation au métier, par la mise en stage et par l’analyse des difficultés rencontrées. De plus, la concurrence est souvent rude, entre telle ou telle UFR et l’IUFM, pour savoir qui pilote, qui décide, avec les conséquences économiques à la clé (postes et droits d’inscription), dans un contexte budgétaire tendu à l’Université.
L’annonce surprise de jeudi modifie-t-elle la donne ? Qu’on en juge par la teneur des annonces :
– des mesures transitoires sont aménagées à l’intention des étudiants déjà engagés dans la préparation aux concours : les candidats non inscrits en M2 ou ne justifiant pas d’un master, mais ayant été présents aux épreuves d’admissibilité des concours organisés en 2009, pourront se présenter aux concours organisés au titre de la session 2010. Les candidats admissibles aux concours 2009 pourront s’inscrire en M2 en septembre 2009 sans avoir à justifier d’un M1. Ceux présents aux épreuves, titulaires d’un M1, mais non admissibles, pourront s’inscrire en M2 en septembre 2009. Pour ceux qui ont partiellement validé leur M1, les commissions d’équivalence des universités statueront au cas par cas.
– le gouvernement annonce des bourses supplémentaires pour « favoriser la promotion sociale et la poursuite d’études vers les métiers de l’enseignement ».
– 5 000 postes d’assistants d’éducation seront réservés aux étudiants de M2 inscrits aux concours de recrutement et 4 000 postes seront réservés aux étudiants souhaitant se destiner au métier d’enseignant inscrits en M1.
La question des stages
Une des questions qui fâchent, depuis plusieurs mois, est la question des stages durant la formation, notamment en M2 : les étudiants auront-ils la possibilité, au-delà des stages de « pratique accompagnée » dans la classe d’un formateur, de prendre en main une classe «en responsabilité» ? Pour beaucoup de formateurs, c’est une condition essentielle de la qualité du parcours de formation. Elle pose en cascade la question du statut des « formateurs de terrain » (PEMF notamment) dans les structures de formation. Les annonces ne permettent pas totalement de lever tous les doutes, mais indiquent une direction :
« Au cours de la première année de Master, des stages d’observation pourront être offerts aux étudiants dans le cadre d’une convention avec le ministère de l’Éducation nationale.
Au cours de la seconde année de Master, les candidats aux concours pourront effectuer deux types de stage dans tous les types d’établissement scolaire par convention avec le ministère de l’Education nationale :
– des stages d’observation et de pratique accompagnée non rémunérés, « filés » (3 heures par semaine pendant tout le semestre) ou « groupés » (2 à 3 semaines au cours du semestre).
– des stages en responsabilité proposés aux candidats admissibles ou non. D’une durée maximale de 108 heures (soit quatre à cinq semaines), ces stages donneront lieu à une gratification. Un étudiant effectuant un stage d’une centaine d’heures se verra ainsi indemnisé à hauteur de 3 000 euros environ ».
Le communiqué du ministre cite les chiffres de 50 000 lieux de stages d’observation et de pratique , 40 000 stages en responsabilité.
Ces annonces, qui tranchent avec les propositions précédentes, largement muettes sur les stages en responsabilité, posent cependant de nouvelles questions, qui ne sont pas évoquées dans le communiqué ministériel :
– quel statut pourront avoir les étudiants, pour être autorisés à prendre des classes « en responsabilité » sans avoir le statut de fonctionnaire stagiaire ?
– comment, et par qui, seront rémunérés les tuteurs/formateurs qui accueilleront les étudiants dans les classes ? Pour rester sur le seul premier degré, les effectifs d’étudiants de M1 et de M2 devraient largement dépasser le nombre actuel des PE1 et PE2, et le vivier actuel des maîtres-formateurs, déjà souvent insuffisant, devra être étendu.
– Quel avenir aura la formation continue des enseignants des écoles, dont il faut rappeler que plus de 50% du volume actuel (qui se réduit d’année en année) est permis par le remplacement des PE2 dans les stages filés et les stages en responsabilité de deux fois trois semaines ? Cette question semble n’être traitée par personne, et il est fort à craindre que la formation continue des enseignants se réduise dans les années à venir comme peau de chagrin…
Réactions prudentesReste à voir si, dans les prochaines semaines, ces annonces vont permettre le déblocage des projets de masters, ou si les organisations syndicales vont continuer d’appeler leurs adhérents à la résistance. Le SGEN-CFDT apprécie la référence aux stages, mas réclame « une réflexion moins segmentaire » qui ne s’inscrive pas dans le contexte de restrictions budgétaires ». « Enseigner est un métier qui s’apprend », rappelle le syndicat qui rappelle que la formation des maîtres est « un sujet trop sérieux et trop complexe pour le traiter avec légèreté ». La FSU dénonce l’absence de concertation, la non-prise en compte de la demande syndicale du report d’un an des nouveaux concours, craint que les étudiants « risquent de servir de bouche trous et de pallier l’insuffisance du nombre de remplaçants aggravée par les coupes budgétaires pour 2009 ». Le SE-UNSA constate des « avancées », notamment la « création de 12 000 bourses » mais s’étonne que la concertation soit absente : « Il est temps que le dialogue s’ouvre avec le ministre pour éclaircir certains points et aborder d’autres sujets », estime-t-il.
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