Par François Jarraud
Christian Caffin enseigne l’histoire-géographie et l’ECJS au lycée Félix Faure de Beauvais. Il gère également le site pédagogique du lycée où il a intégré, en avance sur les souhaits ministériels, un cahier de texte électronique. C’est cette alliance ECJS – TIC – cahier de textes qui éveille notre curiosité. Rappelons qu’en 2010, selon les vœux de X Darcos, l’usage du cahier de textes électronique devrait être généralisé.
Comment organisez vous l’enseignement de l’ECJS sur l’année ?
Lors de la première séance de l’année, je présente les 4 thèmes du programme et les différents sujets d’exposés possibles pour chaque thème (cinq à six). Les élèves votent pour choisir le thème qu’ils veulent traiter durant le premier trimestre. Un autre vote aura lieu à la fin du trimestre pour choisir le thème du deuxième trimestre. Les élèves pourront choisir librement un sujet d’exposé dans les deux thèmes restants pour le 3° trimestre. Ils forment ensuite quatre groupes (de 4 à 5 élèves maximum) et doivent me proposer un sujet d’exposé. Deux groupes peuvent traiter le même sujet d’exposé. La séance suivante a lieu en salle informatique.
Je distribue aux élèves une fiche guide contenant des liens vers des sites Internet pour réaliser leur exposé. Comprenant quelques liens Internet pour chaque partie, elles se décomposent comme suit :
– Introduction : 2 thèmes permettent de présenter le sujet (définition, historique, sondage, …). Les élèves devront en présenter un (1/2 page).
– Illustrations : 5 ou 6 dessins humoristiques permettent une approche ludique du sujet. Les élèves devront en choisir deux et les présenter en quelques lignes. Il va sans dire que ce sont généralement les premiers liens que mes élèves vont visiter !
– Cas concrets : 2 ou 3 cas concrets tirés de l’actualité sont proposés pour entrer dans le sujet par une approche facilement compréhensible pour les élèves. Les élèves devront en présenter un (une page).
– Partie législative : 2 lois se rapportant au sujet sont proposées. Les élèves devront en choisir une et l’expliquer (une page).
– Débat pour / débat contre : 2 thématiques « Pour » et 2 thématiques « Contre » sont proposées pour initier le débat qui aura lieu en classe. Les élèves présenteront une thématique « Pour » et une thématique « Contre » tout en restant neutre pour ne pas influencer le débat (une page pour chacune).
Pour terminer, les élèves doivent réaliser eux-mêmes leur conclusion qui fait un bilan de l’exposé (1/2 page).
Ils peuvent retrouver ces fiches sur leur cahier de textes en ligne ou sur le site pédagogique du lycée. La réalisation de ces fiches est très « chronophage » et nécessite d’être remise à jour très fréquemment (disparition de certains articles dès lors qu’ils ne sont plus dans l’actualité, mise en archives payantes des articles de presse, refonte de certains sites, …)
Je leur présente également les grilles d’évaluation pour la notation des exposés écrits et pour leur investissement lors des séances finales.
Lors des deux séances suivantes, toujours en salle informatique, je fais le point ¼ d’heure avec chacun des quatre groupes pendant que les autres poursuivent leurs recherches. Je leur demande de faire également le point de leurs recherches entre eux et de se répartir le travail car ces deux heures de travail en salle informatique se révèlent bien souvent insuffisantes.
Lors des deux séances finales en classe, ont lieu deux exposés par heure. Chacun dure dix minutes et est suivi par dix minutes de débat. Un président de séance anime les débats, un secrétaire disposant de la même grille d’évaluation que moi prend en double les prises de parole (afin d’éviter que je n’oublie d’en comptabiliser certaines).
Lors de la présentation des exposés, les autres élèves doivent prendre des notes qui sont ensuite ramassées et évaluées. Cela me permet ainsi de faire de l’apprentissage à la prise de notes en dehors de mes heures de cours d’Histoire-Géo.
Les élèves ont donc au final deux notes par trimestre : une note collective d’exposé (coefficient 2) et une note d’investissement personnel prenant en compte la qualité de sa présentation orale de l’exposé, sa participation, aux débats, sa participation en tant que président ou secrétaire, la qualité des prises de notes sur les autres exposés) (coefficient 1).
Cette méthode donne souvent des résultats assez peu satisfaisants en début de seconde, mais les exposés deviennent bien meilleurs au second trimestre une fois que les élèves ont bien compris mes exigences. En première ES je suis en général satisfait de leurs exposés et de leur investissement dans les débats. Le but de cette démarche est aussi de les préparer également aux Travaux Personnels Encadrés.
Dans l’établissement, il y a presque autant de pratiques en ECJS qu’il y a d’enseignants. Cela a d’ailleurs été l’objet d’une discussion en conseil pédagogique, l’administration souhaitant plus d’harmonisation dans nos pratiques et surtout dans nos manières de noter.
Comment le cahier de texte a t il été mis en place ?
L’expérimentation cahier de textes a été mise en place il y a 3 ans au lycée Félix Faure. Elle a été possible grâce au logiciel SPIP permettant une grande liberté dans la structuration et l’organisation des publications.
Les premières années ont demandé un gros effort d’information et de mobilisation pour former à l’usage de SPIP. On peut dire que maintenant ça tourne bien. Le proviseur a été un élément facilitateur dans ce projet.
L’audience du site pédagogique du lycée a augmenté de façon significative avec l’introduction du cahier de texte en ligne. On peut en effet mesurer l’audience de tel ou tel article publié et même calculer une popularité à l’instant.
Il ne faut pas confondre non plus la fréquentation liée à quelques mots-clés bien choisis et l’utilisation réelle par ses propres élèves en tant qu’outil pédagogique interne.
Que permet-il en plus du cahier traditionnel ? Comment les élèves l’utilisent-ils ?
Pour le professeur :
Il permet une mise à jour plus régulière, depuis chez soi. Ca devient moins une corvée de remplir son cahier de textes. Tous les enseignants ne l’utilisent pas encore, mais le proviseur souhaiterait généraliser son utilisation l’an prochain.
Pour les élèves :
Bien sûr tout dépend de ce qu’on met dans ce cahier de textes. S’il n’y a que la progression du cours et les activités vus en cours mais résumées, le cahier de textes n’est pas plus lu que celui papier comme avant. L’élève peut tout juste y trouver avantage à y retrouver de chez lui le travail qu’il a à faire ou à voir ce qui a été fait pendant une absence prolongée.
Si par contre on en profite pour joindre des éléments qu’on ne mettrait pas dans un cahier classique :
– une aide méthodologique (corrections de DS ou DM, conseils de méthode, liste des compétences qui seront évaluées au prochain DS, liste d’exercices clés pour bien réviser son prochain DS,…),
– des coups de pouces pour aider dans les recherches (sites à aller consulter pour les TPE, l’ECJS, …),
– des fiches de révisions pour le Bac.,
– des fiches d’approfondissement, des documents complémentaires à télécharger, des suggestions de lectures, de reportages TV, à destination d’élèves curieux, qui souhaiteraient approfondir,
Alors on voit tout de suite la fréquentation augmenter et un réflexe se mettre en place : « Au fait est-ce que le prof a mis quelque chose sur son cahier de textes pour le DS, ou tel ou tel exo ? »
Il permet une plus grande proximité avec ses élèves pour faire passer des messages divers, devenant ainsi un moyen de communication en dehors de la classe. La mise en place d’un lien vers la boîte mail de l’enseignant sur certains cahiers de textes permet aux élèves de pouvoir poser des questions ou de demander des précisions dès lors qu’ils rencontrent des difficultés chez eux et que leurs parents ne sont pas en mesure de les aider. Il subsiste malheureusement une certaine fracture numérique car tous les élèves n’ont pas encore accès à Internet.
Cela a-t-il changé les rapports entre enseignants ?
Pour les enseignants, ne serait-ce que par les échanges pour se familiariser avec l’outil, il s’est créé une certaine connivence entre les professeurs qui utilisent le SPIP. On permet des échanges interdisciplinaires qui n’avaient pas autant lieu avant. On a créé du lien. Il est aussi fort agréable de venir voir un collègue vous dire qu’il apprécie ce que vous faîtes et qu’il aimerait bien que vous l’initiez à l’outil.
Les collègues d’une même matière voient les progressions des autres, par exemple dans l’optique des devoirs communs.
Cela permet aussi de voir ce que font en même temps les collègues des autres disciplines et ainsi donner ainsi plus de lien entre nos enseignements auprès des élèves.
Cela a-t-il changé vos rapports avec les parents ?
Pour les parents voulant suivre le travail de leurs enfants, c’est un moyen plus facile de suivre le travail de leurs enfants (classe, maison). L’utilisation du cahier de texte en ligne couplé avec le cours pris par l’élève et le manuel constituent les outils essentiels de liaison entre l’élève, les parents et le professeur. L’accompagnement pédagogique de l’élève en dehors de la classe devient un enjeu crucial et le lien nécessaire entre les acteurs passe par une instance de cet ordre. Nous devenons par le biais d’Internet des « coach » qui pouvons ainsi stimuler, accompagner le travail des élèves. Les retours des parents sont toujours positifs. Il nous reste à mieux faire connaître cet outil car force a été de constater lors des réunions parents-professeurs qu’il était encore loin d’être connu de tous les parents.
Force est de constater qu’au sein du lycée, l’utilisation des ressources en ligne a permis de développer les échanges entre enseignants, élèves et parents d’élèves.
Et avec les élèves ?
Ce qui est sûr, c’est que les retours sous la forme « c’est bien ce que vous faites » ne sont pas nombreux, mais quand même certains élèves vont régulièrement consulter les cahiers de textes et demandent des précisions par exemple en début ou en fin de cours ou par mail pour les enseignants qui ont mis un lien vers leur boite mail (Ex : « Monsieur, quand vous écrivez cela dans le cahier de textes, qu’entendez-vous par là? »). Il y a une sorte de dialogue et d’échanges à propos de ce qu’on écrit dans le cahier de texte. Cela permet à certains élèves timides de demander des précisions qu’ils n’auraient peut-être pas osé demander devant leurs camarades.
Christian Caffin
Cet article a été rédigé conjointement par J.P. SPAGNOL (professeur de mathématiques et créateur du site pédagogique), J. AMICHAUD pour la partie sur le cahier de textes.
Propos recueillis par François Jarraud
Des liens :
Le cahier de textes d’ECJS
– de seconde
http://etablissements.ac-amiens.fr/0600001a/SPIP-v1-8-1/article.[…]
– de première
http://etablissements.ac-amiens.fr/0600001a/SPIP-v1-8-1/article.p[…]
Des fiches guide d’ECJS
– de seconde
http://etablissements.ac-amiens.fr/0600001a/SPIP-v1-8-1/IMG/doc/[…]
– de première
http://etablissements.ac-amiens.fr/0600001a/SPIP-v1-8-1/IMG/do[…]
Des blogs d’enseignants du lycée :