Les prochaines semaines vont
être l’occasion de la mis en œuvre des nouveaux
tests d’évaluation au CM2, avant ceux de CE1 qui seront
passés en fin d’année scolaire. La publication
des nouveaux livrets, et les mystères qui entourent les
épreuves à venir plongent la
communauté éducative dans la plus grande
perplexité.
Qu’évalue
le nouveau livret d’évaluation pour le primaire ?
Publié dans le
dernier B.O. le nouveau livret d’évaluation
suscite déjà des interrogations. Totalement
recentré sur une fonction sommative, il comporte des items
qui semblent difficilement évaluables par un simple
« oui » ou un « non » comme
c’est désormais demandé.
Quelques exemples au CE1 :« S’exprimer
clairement à l’oral en utilisant un vocabulaire
approprié » ; « Lire silencieusement un texte
en déchiffrant les mots inconnus et manifester sa
compréhension dans un résumé, une
reformulation, des réponses à des questions
»; « Copier
un texte court sans erreur dans une écriture cursive lisible
et avec une présentation soignée
»; « Identifier
la phrase, le verbe, le nom, l’article, l’adjectif
qualificatif, le pronom personnel (sujet) »;
«
Orthographier correctement des formes conjuguées, respecter
l’accord entre le sujet et le verbe, ainsi que les accords en
genre et en nombre dans le groupe nominal »;
«
Résoudre des problèmes relevant de
l’addition, de la soustraction et de la multiplication
»; « Résoudre des problèmes
de longueur et de masse »; « Appliquer les codes de la
politesse dans ses relations avec ses camarades, avec les adultes
à l’école et hors de l’école, avec le
maître au sein de la classe ». Comment
répondre par « oui » ou « non » à ces questions ?
Au CM2 est-il plus facile de
répondre par oui ou non à ces items ? « Comprendre les
notions de droits et de devoirs, les accepter et les mettre en
application »; « Maîtrise
des connaissances dans divers domaines scientifiques et les mobiliser
dans des contextes scientifiques différents (sic) et dans
des activités de la vie courante – Le ciel et la
Terre (oui ou non) – La matière (oui ou non) –
L’énergie (oui ou non) »; « Distinguer
les grandes catégories de la création artistique
(littérature, musique, danse, théâtre,
cinéma, dessin, peinture, sculpture, architecture)
»; «
Pratiquer le dessin et diverses formes d’expressions
visuelles et plastiques ».
Le
livret au BO
http://www.education.gouv.fr/cid23049/mene0800916c.html
Le
Se-Unsa dénonce l’imposition des nouveaux livrets scolaires
du primaire
« L’imposition
d’un livret standardisé en lieu et place des
livrets scolaires élaborés par les conseils des
maîtres sonne comme un nouveau déni de la
professionnalité des enseignants » estime le Se-Unsa. Ces
nouveaux livrets sont aussi critiqués dans leur conception.
Communiqué
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1332
Les évaluations de CE1 et CM2
au cœur d’une nouvelle polémique
« Dans la phrase « le vol
était indéniable » que signifie le mot
indéniable ? » C’est un exemple de question qui
pourrait être posée dans l’évaluation
de CM2 que les élèves passeront du 19 au 23
janvier.
Les évaluations
2009 sont radicalement différentes des épreuves
précédentes. Celles-ci visaient à
effectuer un diagnostic
permettant de repérer les élèves en
difficulté. En conséquence elles
n’évaluaient que les compétences de base sur des
exercices simples. Les nouvelles évaluations de
français et maths visent à faire un bilan mesurant les
acquis des élèves. « Toutes les
compétences du programme sont évaluées
sur des exercices de difficulté variée »
affirme la présentation ministérielle
diffusée aux IEN. « Avec
ce bilan, le ministère entend disposer « d’un instrument de
pilotage du système éducatif, du niveau local de
l’école jusqu’au niveau national ».
Les évaluations seront sans doute nettement plus difficiles. En CE1
par exemple on demandera aux élèves
d’écrire un texte de 5 à 10 lignes, de distinguer
verbes, noms, articles, pronoms personnels et adjectifs qualitatifs.
Dans une dictée ils devront marquer es accords du verbe avec
le sujet, de l’adjectif avec le nom qu’il qualifie. En CM2 ils devront
passer en maths d’une écriture fractionnaire à
une écriture à virgule. Ces
difficultés ne manqueront pas d’interroger les enseignants
sur les finalités de l’évaluation. Là
où le ministère voit la mise en place d’un indice
d’évaluation des résultats de l’école,
des enseignants verront peut-être la volonté de
montrer les faiblesses de l’Ecole. Il est assez inédit que
ces documents n’aient fait l’objet d’aucune concertation avant leur
publication.
Modalités
de passations : de l’urticaire en vue.
Mais ce sont les dernières nouvelles des modalités
de passations et de codage qui laissent rêveurs, et devraient
susciter de nouvelles crises d’urticaire dans les écoles.
En effet, quelques semaines avant, aucune modalité
officielle n’est encore diffusée aux
intéressés. Si la polémique autour de
la prime de 400 euros promise aux enseignants qui feront le travail
continue d’enfler, elle risque de se renforcer lorsque les
modalités vont être connues. Selon les
premières informations qui filtrent, il semble que les
écoles (les directeurs ?) devront
télécharger un document de type « feuille de
calcul » sur un site sécurisé, entrer le
résultat des 100 items par élève,
avant d’exporter les informations vers une base en ligne, dans les
jours suivant la date des évaluations, après le
23 janvier. Les IEN seront sans doute chargés de la
surveillance du dispositif. Mais il semble qu’eux-mêmes ne
soient pas encore totalement au courant de tous les
détails…
S’il semble acquis que les comparaisons
entre écoles ne seront pas publiées (cela avait
fait l’objet d’une polémique à la
rentrée), rien n’est encore public sur la manière
dont les informations seront concaténées, pour
chaque circonscription ou département.
En tout état de cause, entre le fond et la forme, gageons
que la
nécessité de travailler en profondeur
l’évaluation, condition indispensable d’une
réflexion sur l’origine des difficultés des
élèves , ne devrait pas facilement
gagner de nouveaux adeptes, étant donné ce qui se
profile… A suivre en janvier…