Par François Jarraud
Après le succès du congrès de la FNAME, l’échéance de la manifestation du 4 novembre devant l’Assemblée Nationale, le jour de la discussion sur le budget de l’Education Nationale, devait constituer un nouveau temps fort de la mobilisation des personnels de RASED pour défendre leurs emplois, menacés par la réorganisation prévue par le projet de « redéploiement » de 3000 d’entre eux.
Plusieurs centaines de personnes ont donc convergé vers la capitale, pendant leurs vacances. Durant deux heures, les organisateurs, dont la FNAREN et la FNAME, ont enchaîné témoignages de terrain, messages de soutien de députés, de fédérations syndicales ou d’associations. Le reportage du Café vous donne à voir et à entendre les manifestants.
Les députés ont malgré tout adopté le budget et la suppression des 3 000 postes. Mais la popularité de la pétition (plus de 130 000 signataires !) amène le gouvernement à tenter de justifier les suppressions dans une fiche du porte-parole du gouvernement.
Le reportage du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/primaire/el[…]
La pétition
http://www.sauvonslesrased.org/index.php?p=4
La fiche gouvernementale
http://www.porte-parole.gouv.fr/2008/11/01/les-aides-aux-eleve[…]
Réseau dead
Dimanche dernier les enseignants de RASED étaient particulièrement visibles et mobilisés dans la manifestation nationale. 3000 professeurs des écoles spécialisés doivent à la rentrée prochaine être « sédentarisés », en fait prendre la place d’enseignants admis à la retraite. Sur un total national de 9000 postes, la sédentarisation, si elle se confirme et se maintient à ce rythme, devrait aboutir à la disparition en 3 ans des réseaux d’aide et de soutien aux élèves en difficulté.
Pourquoi les RASED surgissent-ils brusquement dans le débat sur la politique éducative ? Dire qu’ils profitent d’une manifestation nationale pour faire parler d’eux serait malhonnête et bien court. Ce qui doit nous interroger, c’est la dimension « réseau ». Un réseau, c’est difficile à mettre en valeur : plusieurs compétences qui travaillent avec un réseau d’écoles, accueillent des élèves en difficulté, ponctuelle ou récurrente. Bref un travail collaboratif où l’on ne sait finalement pas qui est responsable des évolutions… Mais une possibilité d’avoir un relais, qu’on soit élève, parent ou enseignant. Et un relais gratuit pour l’essentiel.
Là où je suis, j’ai la chance d’observer ce que mettent en « réseau » les fédérations départementales de la Ligue de l’enseignement. Je prends ici un exemple exceptionnel, mais finalement significatif. Avec ce collège classé en RAR, une fédération travaillait depuis longtemps quand un jour elle a été sollicitée dans l’urgence pour intervenir. Devant la situation de violence vécue dans le collège, les enseignants avaient choisi de se mettre collectivement en retrait. La fédération a mobilisé ses salariés, des associations partenaires pour proposer pendant deux jours des activités, ni pour occuper les collégiens, ni pour remplacer les enseignants. Il s’agissait par la médiation d’activités sportives ou artistiques qui n’avaient rien à voir avec le programme, de permettre aux jeunes de mettre des mots sur leurs sentiments et de regarder leurs maux quotidiens avec recul. A chacun ensuite de reprendre un fil de l’histoire où le travail ne se fait pas justement dans l’urgence.
Les mouvements pédagogiques créent aussi du « réseau », pas seulement sur la toile : publications de pratiques réalisées par des enseignants, éclairages de chercheurs, expériences étrangères ; formations d’enseignants volontaires et mise en réseaux de militants. La même réflexion vaut pour les fédérations de parents d’élèves qui ont le souci de donner aux représentants de parents leur pleine dimension citoyenne. La pédagogie n’a pas toujours bonne presse en France et les parents ont du mal à trouver leur place dans une école historiquement construite pour « libérer les enfants de l’amour de leurs parents » comme le disait le philosophe Alain.
Pourquoi faire tous ces rapprochements entre les mouvements éducatifs complémentaires de l’enseignement public, les mouvements pédagogiques et la FCPE? Ce n’est pas seulement parce qu’ils faisaient partie du groupe originel appelant à la manifestation du 19 octobre. C’est aussi parce que les réseaux qu’ils ont constitués avec l’Ecole, que ce soit à l’intérieur ou à sa périphérie, voient eux aussi leurs activités, au demeurant fort peu lucratives et fort peu médiatisées, menacées par les diminutions brutales et sans précédent des dotations de l’Etat. Pourront-ils demain continuer à être des réseaux d’aide à une Ecole qui est aussi notre bien commun ?
Olivier Masson, chargé de mission au secteur Education de la Ligue de l’enseignement.
Rased : Darcos promet une évaluation
La suppression des 3 000 postes de Rased fera l’objet d’une évaluation. Mardi 4 novembre, les Rased ont été au cœur de nombreux affrontements entre le ministre et les députés lors du vote sur le budget de l’éducation nationale.
Après les questions des députés socialistes et communistes sur les Rased et les rythmes scolaires, Xavier Darcos a eu à affronter celles de Colette Le Moal, député du Nouveau Centre c’est-à-dire de la majorité. » La réaffectation dans les classes de 3 000 maîtres de RASED que vous envisagez peut faire que les 100 000 enfants les plus exposés à l’échec scolaire seraient privés des aides spécialisées qu’ils reçoivent actuellement, car le dispositif des deux heures de soutien hebdomadaire ne peut remplir le même office. Monsieur le ministre, au regard de l’enjeu pour ces enfants et pour les maîtres qui les accueillent, ne serait-il pas prudent de procéder d’abord à une expérimentation dans quelques départements pilotes afin d’optimiser les deux dispositifs d’aide aux élèves en difficulté scolaire, le soutien hebdomadaire que vous avez initié à la rentrée et le travail des RASED ? »
Xavier Darcos a répondu : » Je m’engage à procéder à une évaluation au cours de l’année scolaire 2009-2010 pour voir comment fonctionnent ces maîtres spécialisés au sein d’équipes de l’école primaire et si le système est efficace. Nous verrons alors comment poursuivre la réorientation des maîtres spécialisés sédentarisés. Dès lors que nous sauvegardons comme itinérants les quelque 3 700 psychologues scolaires et les deux tiers des maîtres des RASED et que nous installons un tiers d’entre eux dans les écoles qui en ont le plus besoin, je pense que notre système sera plus efficace ».
Cette légère évolution du ministre résulte sans doute dela puissante mobilisation autour des Rased. Ces enseignants un peu à part ont recueilli plus de 100 000 signatures sur leur pétition !
Le débat
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2008-2009/20090048.as[…]
Le reportage du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/primaire/e[…]
Une vidéo sur Darcos et les Rased
http://fr.youtube.com/watch?v=jaXMYYbRr_4
La pétition
http://www.sauvonslesrased.org/index.php?p=4
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