Par François Jarraud
D’ici la fin octobre, Xavier Darcos devrait faire connaître ses arbitrages pour une réforme du lycée qu’il souhaite voir aboutir à la rentrée 2009. D’ores et déjà, il a obtenu un résultat : la division des syndicats. Alors qu’elle envisage une modernisation nécessaire du lycée, la réforme ne semble plus accompagnée que par des syndicats minoritaires. Est-ce la panne ? C’est l’occasion de faire le point sur un projet qui ne se veut pas une réformette.
Un point rapide sur la réforme
Probabilités et incertitudes
Comment seront construites les futures classes de lycée ? Que deviendront les disciplines ? Les comptes rendus des rencontres entre les syndicats et Jean-Paul de Gaudemar, chargé par X. Darcos de la réforme du lycée fournissent quelques précisions, mais rien ne semble encore complètement arrêté.
En tout cas, l’objectif de la réforme ne semble pas de toiletter le lycée mais « d’aller beaucoup plus loin » et de ne pas entrer dans « un déterminisme de série ».
L’horaire annuel
L’horaire annuel par élève s’identifierait à celui de la norme européenne de 970 heures/an par élève, ce qui correspond à 27h/semaine, soit un peu moins que l’horaire actuel (28h30 à 31h30 en première par exemple). Attention : cet horaire comprend des heures « d’accompagnement » c’est-à-dire des séances qui ne sont pas des cours.
La Seconde
La Seconde comporterait 18 modules de 3 heures par an sur 36 semaines : 11 d’enseignements généraux, 4 d’exploration et 3 d’accompagnement. Elle disposerait comme enseignements généraux des lettres, maths, LV1 et LV2, EPS et histoire-géo, et comme enseignements d’exploration SES, ISI, IGC, « SMS », LV3, arts, histoire des arts etc. L’avenir de la physique et des SVT n’est pas déterminé : modules d’exploration ou d’enseignement général ? D’ailleurs JP de Gaudemar s’interroge sur l’avenir des disciplines associées. Physique et chimie pourraient être des modules différents, histoire et géographie également.
Première – Terminale
Le cycle Première – Terminale offrirait 16 modules d’enseignements généraux et 16 de spécialisation sur 2 ans. « L’offre de modules serait discutée dans l’établissement, mais aussi au niveau rectoral en référence à une grille nationale ». Reprenant une idée émise par X Darcos quelques jours auparavant, JP de Gaudemar a évoqué un module « informatique » qui serait une initiation à la société de la connaissance. « Il s’agirait d’approcher l’informatique au sens de la manière dont elle a transformé la société ».
A côté de « humanités et arts » et « sciences », le parcours « sciences de la société » pourrait offrir, outre les SES, du droit et de la gestion. Un dernier parcours « technologies » comporterait des sous parcours médico-social, STI etc., sans que l’on sache exactement où se glisse l’actuelle STG : plutôt « sciences de la société » ou « technologies » ?
Sur ce cycle, selon le Snes, les enseignements généraux seraient le français, les maths, les deux langues vivantes (5 heures annonce le Snes pour les deux), la philosophie (2 modules) et l’EPS. L’histoire-géographie deviendrait un enseignement de spécialisation.
Et les filières ?
En recevant l’APMEP, JP de Gaudemar a promis qu’une filière scientifique de haut niveau serait constituée. « Tous les élèves auront des maths mais pas les mêmes maths ». Va-t-on reconstituer une filière d’élite ?
L’attitude des syndicats
– Le Snes a peu à peu affirmé son hostilité, et semble considérer plusieurs aspects de la réforme comme inacceptables par principe. Il a quitté la négociation.
– Le Se-Unsa, d’accord sur les principes de la réforme, a cependant identifié cinq « points d’achoppement »
– Le Sgen-Cfdt, lui, semble le plus soucieux d’accompagner cette réforme, et le plus favorable.
La panne ?
Le départ du syndicat majoritaire, le Snes, de la table des négociations, le 9 octobre, est-il susceptible de stopper la réforme du lycée ?
Poser cette question c’est interroger l’opportunité de la réforme. Celle-ci est-elle souhaitable ? Le gouvernement objectera ses nécessités financières qui ne font que grandir avec le développement quotidien du déficit et deviennent chaque jour une réalité plus inébranlable. Il n’y a aucune chance que l’impératif budgétaire disparaisse.
Mais, pour nous, plus que le budget, c’est la panne du lycée qui plaide pour sa réforme. Après des années de développement et de démocratisation, le lycée se heurte à un plafond de verre qui stabilise ses résultats. Depuis 1995 le pourcentage de reçus au bac dans une génération s’est stabilisé. Le lycée apparaît comme une administration en panne depuis presque 14 ans. Or on sait bien que cette panne est venue casser le mouvement de démocratisation. Le lycée général a renoncé à faire réussir les enfants des couches populaires. Sur le terrain de la démocratisation, la réforme est donc également nécessaire.
C’est entre ces deux finalités que va se jouer l’influence du départ du Snes. Il peut laisser les mains libres pour faire une simple réforme budgétaire en évitant l’adversaire sur les autres terrains. Il peut également amener un véritable débat sur le lycée avec comme question centrale celle de la démocratisation.
Réforme du lycée : la révolte des associations de spécialistes
Alors que de premiers éclairages sont portés sur les horaires du futur lycée, les associations de spécialistes font leur compte : il n’y est pas.
C’est ce qui pousse l’Udppc, qui regroupe les professeurs de physique-chimie, à faire une chose « jamais vue depuis 1906 » : inviter ses adhérents à participer à une manifestation, celle du 19 octobre. L’indignation de l’Udppc est liée à la découverte des horaires de seconde. En l’état actuel de la réforme, il est prévu un maximum de 27 heures de cours répartis en 18 modules semestriels de 3 heures, à savoir 11 modules pour les matières « fondamentales » (français, maths, langues, EPS, histoire-géo), 4 « d’enseignements d’exploration » et 3 « d’accompagnement de l’élève ». La physique-chimie ne fait plus partie des enseignements obligatoires. « Nous découvrons avec stupeur que, en l’état actuel de la réflexion menée sur l’avenir du lycée, la classe de seconde ne comporterait pas d’enseignement de sciences expérimentales dans les enseignements fondamentaux, ni en physique et chimie, ni en sciences de la vie et de la Terre. Il nous semble même que leur place ne serait pas assurée dans les enseignements d’exploration ! » croit savoir l’Udppc. « Nous affirmons qu’il est impossible d’avoir un enseignement fondamental composé à 70% de disciplines non scientifiques dans une classe dite de «détermination» ». L’association lance une pétition, demande un report de la réforme et l’inscription de ses disciplines dans le bloc des fondamentaux.
La réaction est similaire chez les professeurs de SVT réunis dans l’Apbg. « C’est un recul très grave, une aberration économique et culturelle alors que le gouvernement proclame que l’on a besoin et que l’on doit former plus de scientifiques. C’est un retour à un lycée des « humanités » » croit savoir l’Apbg. Pour l’association « la riposte doit être immédiate et forte ».
Même jugement négatif du côté de l’APHG, l’association qui regroupe des professeurs d’histoire-géo. L’APHG « est hostile à la diminution prévue du volume des enseignements disciplinaires au profit d’options indistinctes ». C’est que si l’histoire-géographie reste fondamentale en seconde, mais en perdant des heures, il n’est pas certain que ce soit encore le cas en 1ère et terminale. Discipline après discipline, le vent se lève sur la réforme du lycée.
L’Apbg
http://www.apbg.org/Accueil/Reforme_lycee.pdf
L’Udppc
http://www.udppc.asso.fr/#news/fiche_news.php?news=301
L’Aphg
http://www.aphg.fr/actualites.htm
Les SES
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/09/30092008Acc[…]
Dossier sur la réforme du lycée
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/2008_Lyceela[…]
L’APMEP rassurée par JP de Gaudemar
Quand un polytechnicien rencontre des profs de maths, le courant passe. L’Apmep avait rendez-vous le 1er octobre avec JP de Gaudemar pour évoquer la réforme du lycée. Selon Pascale Pombourcq, présidente de l’Apmep, interrogée par le Café, « l’entrevue nous a rassurés, ce que JP de Gaudemar a dit correspond à nos attentes ».
L’APMEP avait des questions précises sur trois points. En ce qui concerne la seconde, l’association a obtenu la promesse que les maths pourraient participer aux trois types de modules différents. Il y aurait 2 modules dans les enseignements obligatoires, 2 en exploration et peut-être aussi en accompagnement. L’ensemble variera selon les établissements mais l’horaire sera moins affecté que d’autres disciplines.
Pour le cycle terminal, la principale revendication de l’Apmep c’était de ne pas avoir de module commun à tous les lycéens mais d’avoir des enseignements de niveau différent et un renforcement du caractère scientifique au sein d’une filière. L’Apmep a obtenu que « si tous les lycéens auront des maths, ce ne sera pas les mêmes maths pour tous ».
La filière STI, qui semblait un peu flotter en ce moment, sera maintenue a promis Gaudemar.
Si l’Apmep sort rassurée de l’entretien certaines décisions pourraient rebondir ailleurs. Car, en écartant l’idée d’un tronc commun de maths pour tous les lycéens et en promettant des maths différentes, JP de Gaudemar restaure les filières différentes. Une position très éloignée des données de départ.
Sciences et Maths dans le futur lycée
L’APMEP a publié le compte-rendu de son entretien avec JP de Gaudemar sur la réforme du lycée. Il confirme la mise en place de modules différenciés en fonction du niveau des élèves, c’est à dire en fait la reconstitution d’une filière maths dans ce futur lycée « sans filière ». « Mettre les mathématiques dans les enseignements généraux, c’est simplement affirmer que tous les élèves suivront un enseignement de mathématiques en première et en terminale : des mathématiques pour tous ne signifient pas nécessairement les mêmes mathématiques. Les modules seront différenciés en contenu comme en niveau de difficulté. Les parcours seront organisés, et bien au contraire, lorsque vous enseignerez tel module, vous saurez que tous vos élèves auront déjà réussi tel et tel autre module, et vous connaîtrez donc les prérequis sur lesquels vous appuyer » aurait déclaré JP de Gaudemar. « Les modules seront adaptés à leur public : ainsi, nous réfléchissons à la façon d’organiser les enseignements généraux pour les sections technologiques. Nous voulons qu’ils soient de bon niveau, tout en restant bien appropriés à des esprits plus concrets, et en lien avec les besoins des enseignements technologiques ».
L’APMEP exprime deux inquiétudes. La première concerne le réforme en elle-même : « nous restons très inquiets sur les restrictions budgétaires qui donnent à penser que l’objectif premier de cette réforme sera de faire des économies » nous écrit Pascale Pombourcq.
L’autre concerne l’enseignement des sciences et l’avenir des SVT et physique-chimie. JP de Gaudemar aurait déclaré : « la question que nous n’avons pas encore tranchée est celle de la seconde : il y aura de toute façon des sciences dans les enseignements d’exploration et d’approfondissement, mais nous nous demandons si nous intégrons les sciences dans les enseignements généraux ou si nous obligeons simplement tous les élèves à choisir au moins un enseignement scientifique parmi les 4 modules optionnels. Nous n’avons pas encore tranché ce point, mais tous les lycéens étudieront des sciences… Un élève scientifique pourra suivre un module d’économie, un élève littéraire pourra suivre un module de sciences. Les parcours seront moins étanches que dans les filières actuelles. Mais la dominante scientifique d’un parcours scientifique sera clairement affirmée par l’organisation des choix des élèves. Ces choix seront encadrés et nous ne permettront pas des parcours incohérents ».
L’Académie des sciences a elle aussi protesté contre l’inscription des SVT et de la physique-chimie dans les matières optionnelles.
Compte rendu APMEP
http://www.apmep.asso.fr/spip.php?article2445
Dans le Café, l’Apmep rassurée
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/10/03102008[…]
L’Udppc et la réforme du lycée
« Nous considérons que la seconde actuelle ne remplie pas son rôle de classe d’orientation et doit donc être réformée », nous écrit Jean-Charles Jacquemin, président de l’Udppc. « Mais le délai proposé est absurde : que pouvons nous dire aux élèves et aux familles en ce moment en collège alors que l’orientation est une mission importante ? Y aura t il encore des sections de sciences et technique de laboratoire ? Quel enseignement suivre en seconde pour y aller dans les meilleures conditions … Si la réforme consiste à réduire l’offre d’enseignement, il est difficile de concevoir comment l’orientation sera renforcée ». L’Udppc, qui regroupe les professeurs de physique-chimie est d’autant plus inquiète que l’avenir de ces disciplines au lycée n’est plus garantie.
« La présence des sciences expérimentales dans l’enseignement fondamental est indispensable pour l’ensemble des futurs citoyens qui passent par la seconde générale et technologique », continue-t-il. « La présence de modules optionnels est vitale pour que les élèves qui ont un projet scientifique affirmé puissent l’approfondir : ce n’est pas en reculant d’un an la formation des futurs scientifiques que la Nation formera les techniciens, ingénieurs, chercheurs …. dont elle aura besoin ». L’Udppc a lancé une pétition pour défendre ses positions.
Udppc
ST2S : L’APSMS veut être discipline d’exploration en 2de
Quelle place pour les disciplines technologiques dans la réforme du lycée ? L’APSMS (association de professeurs de SMS) demande que les sciences médico sociales deviennent un module d’exploration proposé à tous les lycéens.
Sur le site de l’APSMS
http://assoc.pagespro-orange.fr/apsms/
L’AFEF et la réforme du lycée
« Quelle idée pouvons-nous nous faire des apprentissages prévus dans cette nouvelle architecture ? Nous n’allons pas réclamer plus de temps que les autres dans le tronc commun, ce serait malvenu. Alors, que privilégier dans ces trois heures d’enseignements fondamentaux :
– La maitrise de la langue et des langages, garant de l’insertion sociale, dont nous savons bien que, garantie par aucun socle commun, elle n’est pas assurée à la sortie du collège ?
– L’aide à l’écriture autonome, bagage indispensable pour une organisation modulaire et un parcours individuel responsable ?
– La littérature dont nous nous sommes toujours battus pour qu’elle soit, pour tous les élèves, un moyen privilégié de compréhension du monde et des hommes? » interroge Viviane Youx.
Communiqué
http://www.afef.org/blog/index.php?2008/10/13/349-une-reforme-qui-s[…]
Les syndicats et la réforme
Le Sgen s’affirme favorable à la réforme
» Le lycée tel qu’il se dessine, avec des parcours polyvalents construits en partie par les élèves, avec une offre diversifiée qui abandonne la hiérarchie des voies et des séries, avec la souplesse des modules qui donne le droit à l’erreur et au remords, avec un accompagnement de l’élève et une autonomie qui s’apprend, est une chance à saisir ». Malgré le départ de la CGT et du Snes, le Sgen Cfdt se déclare favorable aux orientations de la réforme. Ce qui, moyennement diplomatiquement mais clairement traduit, s’exprime ainsi : » Il serait dommage, pour les élèves comme pour les enseignants, que les réticences excessives des uns ou les œillères comptables des autres conduisent une fois plus à ne rien changer ».
Le Sgen a publié un document de 4 pages qui liste les points d’accord et les attentes du syndicat. Pour lui, « le Lycée, tel qu’il se dessine et si la démarche initiée se confirme, sera une chance à saisir ». Le Sgen estime qu’il faut « combattre les œillères comptables pour que le changement soit possible ». Mais le syndicat entend « peser pour obtenir une réforme du lycée qui permette une amélioration des conditions de travail des personnels : moins d’heures en face à face traditionnel, plus d’accompagnement des élèves et un travail en équipe facilité ».
Le Sgen approuve la modularisation proposée par JP de Gaudemar et la fin du groupe classe. « Pour en finir avec le redoublement, générateur de démobilisation et accélérateur d’échec, il faut rompre avec le triptyque, un an, une classe, une série. Chaque élève doit pouvoir progresser à des rythmes différents suivant les matières étudiées. Les modules permettent cette variation de rythmes des élèves ». Mais le syndicat estime que l’organisation en modules exige des heures de concertation chez les enseignants.
Le désaccord apparaît sur le « bloc 3 », c’est-à-dire les modules d’accompagnement. Pour le Sgen, leur nombre est insuffisant. « Les modules de remise à niveau ne peuvent figurer en parallèle des modules d’approfondissement prévus dans le groupe 2. C’est pourquoi nous proposons de les affecter au bloc 3. Par ailleurs, le service des enseignants doit pouvoir intégrer les heures qui sont dévolues à ce bloc d’accompagnement ». Ce qui implique une redéfinition des services demandée par le Sgen. « Les modules du groupe 3 devront être en grande partie encadrés par des enseignants et cela non pas en heures supplémentaires, mais dans le temps de service. Plus que jamais, le Sgen-CFDT demande une redéfinition de ce service, intégrant toutes les tâches ».
Un autre point de désaccord est le calendrier. Pour le ministre la réforme doit s’appliquer à la rentrée 2009. Le Sgen demande un report. Il demande « que des moyens conséquents soient accordés pour l’année 2009/2010 consacrée à la réflexion dans les établissements ».
Le Sgen entend obtenir » une réforme du lycée qui permette une amélioration des conditions de travail des personnels : moins d’heures en face à face traditionnel, plus d’accompagnement des élèves et un travail en équipe facilité ». Il demande une mise en place progressive de la réforme.
Le document Sgen Cfdt
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Documents/pdf/sgen-lycee.pdf
Sur le Café le dossier lycée
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/2008_Lyceela[…]
Le Se-Unsa écrit à Gaudemar
Partisan d’un lycée modulaire, le Se-Unsa partage les principes dela réforme du lycée. Mais il souligne dans un courrier adressé à JP de Gaudemar, chargé par le ministre de définir la réforme, des » points d’achoppement ». Ils sont au nombre de 5 :
« – le nombre de modules envisagé (18 par an, soit 27 heures hebdomadaires, y compris le temps d’accompagnement) est trop réduit et générateur de rigidités ;
– le périmètre des enseignements fondamentaux n’apparaît ni précisé ni clairement motivé : l’exclusion totale des sciences expérimentales est pour nous incompréhensible ;
– la nature des enseignements complémentaires est ambivalente : réelle découverte de champs disciplinaires nouveaux en préparation du parcours de formation, ou perfectionnement / renforcement dans des disciplines déjà connues ? Cette confusion pourrait être source de nouvelles ségrégations en contradiction avec l’objectif affiché d’une seconde de détermination « réhabilitée » ;
– la remise en cause de la « brique de base universelle de 3 heures semestrielles » pour certaines disciplines hypothèque fortement la possibilité de construire des parcours réellement modulaires et ouvre la porte à tous les marchandages ;
– les conséquences sur les postes existants, les recrutements et les services des enseignants doivent être clarifiées au plus vite ».
Le Snes quitte la négociation
Le Café vous l’avait prédit. C’est chose faite. Le départ du Snes renforce-t-il ou affaiblit-il le projet ministériel ? « Le SNES quitte ce cadre de discussions dont le seul but semble être de valider une réforme du lycée contraire à l’intérêt des élèves et des personnels ». Lors d’une conférence de presse, le 9 octobre, le Snes a annoncé qu’il quittait la négociation sur la réforme du lycée.
Le syndicat justifie cette décision en faisant valoir ses exigences : renforcement des horaires, maintien des séries, du bac dans sa forme actuelle, d’une définition de service des enseignants hebdomadaire. Il critique le manque de transparence : « le syndicat ignore les propositions qui seront transmises au ministre ». En fait, le 18 septembre le Snes avait déjà failli quitter la négociation. Début octobre il avait fait connaître son rejet des fondements de la réforme et exigé le maintien des classes et des horaires. Le 7 octobre il s’interrogeait publiquement sur son maintien et le 8 le Café prédisait la rupture.
Xavier Darcos a « pris acte » du retrait du Snes des négociations et manifesté son intention de « poursuivre les discussions avec les autres organisations ». Le ministre avait déjà vu la CGT quitter la négociation.
Pour le Sgen Cfdt, » l’annonce du départ du Snes-FSU se veut comme un élément de blocage de la réforme ». Le syndicat rappelle que le Snes avait signé les « points de convergence » l’été dernier et que » l’immobilisme n’est plus possible, une réforme est absolument indispensable pour les élèves comme pour les personnels ». Le Sgen-CFDT « entend que les discussions se poursuivent pour une plus grande réussite des élèves mais aussi pour l’amélioration des conditions de travail des personnels qui passe par une autre organisation des enseignements. Il souhaite en particulier que le temps de service des enseignants intègre toutes les nouvelles tâches. Cela suppose également une réduction du nombre d’heures de cours pour les professeurs et un temps inscrit dans le service des personnels destiné au travail en équipe, à la concertation, à l’aide au travail et au suivi des élèves ».
Interrogée par le Café, Claire Krepper, du Se-Unsa, fait part de sa « consternation ». « Nous ne comprenons pas pourquoi le Snes se retire avant même que le ministre rende ses arbitrages. C’est dommage que le syndicat majoritaire quitte la discussion avant qu’elle aboutisse » remarque C. Krepper qui y voir une sorte de désertion. Quant au Se-Unsa, « il ira jusqu’au bout des discussions et après il sera d’accord ou pas avec les propositions retenues par X. Darcos ». Pour le Se-Unsa, « ce que le Snes demandait était partiellement retenu par JP de Gaudemar », par exemple, le maintien de la logique des séries dans l’organisation du cycle terminal.
Le Snes appelle à manifester le 19 octobre. Il retrouvera dans le cortège le Sgen et le Se-Unsa. Un même lit pour deux rêves ?
Le reportage du Café au siège du Snes Fsu
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/10/LeSNESseret[…]
Communiqué du Sgen Cfdt
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1777.html
Le dossier lycée du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/2008_Lycee[…]
Le Snes précise son hostilité à la réforme
« Le SNES reste attaché à une organisation en parcours suffisamment encadrés pour assurer la cohérence dans la formation et les approches disciplinaires. La meilleure réponse à ce jour reste pour nous l’organisation en séries, mais il convient certainement de ré-interroger leur organisation ». Dans un 8 pages le Snes présente son analyse de la réforme du lycée proposée par JP de Gaudemar. Il marque sur plusieurs points des oppositions de principe.
La première concerne la diminution des horaires disciplinaires. » La diminution de l’horaire élève n’est pas un principe acceptable. On peut travailler sur une meilleure articulation entre le travail en classe et le travail prescrit à l’extérieur, en prenant pour base l’horaire actuel augmenté d’heures d’accompagnement ». Là où le ministère envisage 27 heures le Snes envisage 32 à 36 heures hebdomadaires.
Le syndicat s’oppose aussi à la disparition du groupe classe qui pourrait être « un facteur d’aggravation des inégalités ». Enfin il exige le maintien des filières dans l’enseignement général. » Le SNES exige le maintien de séries, c’est-à dire de parcours de formation clairement identifiés par leurs dominantes et les perspectives d’études supérieures qu’ils permettent. Cela n’empêche pas de réfléchir à la possibilité d’enseignements complémentaires, dont l’organisation peut être modulaire ou annuelle suivant les disciplines ou les types d’activités ».
Le document
http://www.snes.edu/IMG/pdf/8_P_LYCEES_BD-2.pdf
L’avis des experts
C. Forestier : oui au lycée modulaire
« Si l’on doit regarder avec un peu de recul ce qui s’est passé dans l’enseignement français… nous avons eu une capacité assez forte à changer les structures à différents moments de notre histoire. Nous avons en revanche été beaucoup moins performants dans le changement des modes d’enseignement… Je dis que ce que nous avons le plus de mal à faire bouger c’est le rapport du maître à l’élève. Il y a là des enjeux considérables ». Dans Les dossiers de l’enseignant, le mensuel du Se-Unsa, Christian Forestier, membre du HCE, analyse la réforme du lycée.
Il plaide pour davantage de bacheliers généraux afin d’augmenter les qualifications. « Si nous avons des difficultés dans le supérieur c’est probablement que nous avons un taux de bacheliers généraux qui est insuffisant… Un lycée rénové doit défendre deux objectifs : un diplôme qualifiant pour tous et plus de diplômes d’enseignement secondaire préparant aux études longues… De ce point de vue l’organisation modulaire, en permettant une plus grande souplesse,… va clairement dans le bon sens ».
C. Forestier rappelle que seulement un jeune sur deux commence des études supérieures. « A l’arrivée c’est 20+20+10 ». 20% obtiennent un diplôme supérieur long, 20% un diplôme court (BTS DUT), 10% rien.
Article dans le dossier l’enseignant
http://www.se-unsa.org/publications/dossiers/119/119_lycee_qe.pdf
Dans le Café entretien avec C Forestier
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2005/11/index09110[…]
Et les autres…
Retrouvez sur le site du Café les avis des experts publiés dans nos numéros précédents : Philippe Meirieu, Denis Meuret, Paul Robert nous parlent du lycée.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/2008_Lyceelag[…]
L’ARF se rappelle au souvenir de Darcos
« Nous tenons à rappeler que notre rôle ne se confine pas seulement à celui de financer des murs et des salles de classe. Nous portons de sprojets pédagogiques… » Dans une lettre envoyée à X. Darcos le 1er octobre, l’Association des régions de France (ARF) rappelle que les régions sont « coresponsables des lycées ».
L’ARF rappelle que « les régions n’ont été ni sollicitées, ni associées » à la réflexion sur la réforme et demande une réunion du Conseil territorial de l’éducation nationale.