Par François Jarraud
Entre deux chaises. Cette année les élèves de l’enseignement professionnel doivent faire en 3 ans les programmes de 3 ans. Ca ne serait pas si difficile si , au milieu de ce cycle, ne continuait à se dresser l’examen du bep. Comment préparer au bep et au bac pro en même temps ??
« Patrick Rotman et moi avions été traumatisés par ce que nous avions vu des anciens LEP, véritables parkings à chômeurs, lieux sinistres et sinistrés. Dans nombre de cas, une fois sortis de ces bâtiments délabrés où régnaient le machisme, la défiance entre enseignement général et professionnel et où l’on travaillait sur des machines obsolètes et dangereuses, nous ne voyions qu’une seule solution : fermer. Mais, contrairement à ce qui se dit, le mammouth éducatif est capable d’évolution. Il peut être réactif et inventif. À cet égard, la confrontation avec la réalité est confondante : l’enseignement professionnel a évolué de manière spectaculaire ! » Hervé Hamon pensait qu’un élément décisif de cette mue c’était la création du bac pro et les espoirs qu’il pouvait entretenir. Alors que s’est ouvert lundi la session 2008 de ce bac, on peut souligner sa croissance rapide : des 20 000 candidats de 1990 on est passé à 122 000 cette année. Un autre aspect de ce succès c’est le débat qui est né cette année autour du bac en 3 ans et de la quasi disparition programmée du Bep.
Pourtant la filière professionnelle accumule les difficultés. Elle est très marquée socialement (6% d’enfants de cadre, 35% d’ouvriers). Elle souffre encore d’une ségrégation par le genre. Et on sait aussi qu’on est pas loin de la ségrégation ethnique dans certaines branches, voire certaines structures. L’orientation dans la filière se fait encore largement par l’échec scolaire. On y retrouve donc une très grande hétérogénéité d’élèves. Enfin, l’enseignement professionnel est devenu un des réservoirs où le ministère prend des postes au détriment d’élèves qui ont vraiment besoin d’être encadrés. Il faut tout la savoir faire, qui est très grand, des collègues du professionnel pour construire à partir de cette situation.
La filière est pourtant soumise à un énorme défi, celui de la qualification. L’enseignement professionnel est en train de gagner la bataille de l’accès à l’enseignement supérieur. Le bac pro pourra ouvrir aux jeunes des milieux défavorisés de nouvelles pistes de promotion sociale. Mais la filière est aussi aux premières loges pour affronter le risque de décrochage.
Hervé Hamon disait « Paradoxalement, sa chance a peut-être été de ne pas être au cœur des préoccupations politiques et syndicales et de pouvoir se transformer sans que personne n’y trouve rien à y redire ». Peut-être mériterait-il mieux ?
Le dossier du Café sur l’enseignement professionnel
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/94_sommaire.aspx
Rapport Séré Doriath
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2004/ac[…]
Le rapport Besson confirme la rénovation de la voie professionnelle
Comment s’insèrent les 240 000 jeunes issus de l’enseignement professionnel, apprentis et lycéens ? Le rapport sur l’employabilité des jeunes d’Eric Besson, secrétaire d’Etat chargé de la Prospective, présenté à la presse le 2 juillet, fait valoir la position favorable des apprentis, la bonne insertion des bacheliers professionnels et l’adéquation entre formation et secteur d’insertion en début de carrière.
Xavier Darcos et Eric Besson considèrent donc que ce rapport confirme l’intérêt du bac pro en 3 ans, pour lequel 56 000 places supplémentaires sont proposées à la rentrée 2008.
Le reportage de F. Solliec
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/07/rapportBe[…]
Sur le Café, bac pro fin de la bataille
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2008/Ba[…]
Professionnel: Entre tradition et modernité : le métier
« Ces changements ne laissent pas les professionnels indifférents ; ils expriment des difficultés à s’adapter voire des regrets : ce ne sont pas seulement les compétences ou les habitudes qui sont remises en cause, ce sont aussi les valeurs ; ce n’est pas tant le travail qui change mais le sens du travail qui est affecté ». Dans le cadre d’une recherche sur l’ingénierie des diplômes de l’éducation nationale, le Céreq a interrogé les professionnels du bâtiment sur l’évolution des diplômes en regard avec celle du métier.
« Les métiers du bâtiment paraissent voués à une grande stabilité », écrit le Céreq. « Pourtant, leur évolution s’est accélérée, sous l’effet de l’industrialisation du secteur ainsi que de l’essor des matériaux de construction et des équipements techniques. L’identité des professionnels apparaît parfois tiraillée entre la fidélité à la tradition et l’ouverture à la modernité. Pour ne pas subir des tendances qui conduisent soit à la disparition d’un patrimoine de savoir-faire, soit à l’incapacité à s’approprier de nouveaux matériaux et nouvelles technologies, les professionnels ont à construire le devenir de leurs métiers ».
Le Céreq note un décalage entre des diplômes basés sur « l’emploi-type », celui qu’occupe le jeune diplômé et les représentations du métier. Sous le coup de l’évolution technique, les métiers changent. « Il faut souhaiter qu’un renforcement des collectifs de travail permette de surmonter la difficulté à faire vivre les métiers et à en assurer le renouvellement » conclue le Céreq.
Bref n°254