Par François Jarraud
Avec ses élèves de première générale et professionnelle du lycée Jacob Holtzer de Firminy (42), Louis Brun utilise la vidéo pour amener le débat citoyen.
Qu’est ce qui vous a amené à utiliser la vidéo pour vos cours d’ECJS ?
L’utilisation de la vidéo a été appréhendée de deux manières. Cette année, nous avions mené (en début d’année) un travail de réflexion en ECJS sur les médias en classe de 1ière (avec comme problématique : les médias font-ils l’opinion publique ou l’opinion publique fait-elle les médias ?). Les élèves ont, à cet occasion, pu analyser des reportages issus du journaux télévisés. Ils ont analysé la structure d’un journal télévisé (titre, ordre de traitement des sujets, durée moyenne des reportages, annonce..). Ils ont également analysé la structure même d’un reportage (durée moyenne des plans, cadrage, sons et commentaires, point de vue…). Ils ont également confronté plusieurs JT (sur le même créneau horaire mais aussi sur des créneaux différents) et des reportages traitant d’une même sujet sur des chaînes concurrentes.
Il s’agissait de comprendre comment l’information était traitée et pourquoi (répondre à une attente du public et se placer éventuellement dans une logique marchande). Ce travail d’analyse critique de l’information télévisée a été prolongé par une comparaison avec la presse écrite (qui propose un traitement plus poussé et davantage mis en perspective).
Une partie des élèves de 1ière avait déjà travaillé sur ce support en classe de seconde. Ils avaient utilisé la vidéo pour réaliser des clips illustrant des slams rédigés en réponse à une problématique posée en ECJS. Il s’agissait notamment de montrer que la vidéo était un discours avec sa grammaire et que l’image n’était pas la réalité mais un point de vue.
Quels sont les apports propres au média vidéo pour une éducation à la citoyenneté ?
Il s’agissait d’éveiller le regard critique des élèves et de proposer une éducation à l’image (donner aux élèves quelques outils d’analyse, dépasser le stade du simple spectateur qui subit le discours médiatique et adopter une posture plus citoyenne et critique : l’image est analysée pour elle-même mais elle peut aussi être mise en perspective et confrontée). Le futur citoyen qu’est l’élève se doit d’être sensibilisé à ces problématiques pour pouvoir faire par la suite des choix raisonnés.
Pourquoi avoir retenu ces thèmes ?
Pour plusieurs raisons. Ce projet s’inscrit dans une continuité. Il y a deux ans une classe de 1ière avait déjà travaillé sur le patrimoine local. Les élèves devaient choisir une trace urbaine illustrant un aspect du programme de 1ière . Ils devaient la photographier, en dresser l’historique et lui donner du sens en la replaçant dans un contexte plus large. Ce travail a abouti à la réalisation d’une exposition photo à la maison de la culture de Firminy ainsi qu’à un parcours urbain commenté par les élèves eux-mêmes (chaque groupe présentant aux autres la trace choisie)
Le programme d’histoire et de géographie de 1ière S semblait se prêter parfaitement à l’exploitation du patrimoine local (nous sommes dans une région au riche passé industriel). Il s’agissait aussi de susciter l’intérêt et la motivation chez les élèves. Travailler sur le patrimoine local semble les intéresser particulièrement. De plus cela leur permet de rendre plus concrète l’histoire et la géographie. Il s’agissait aussi de permettre aux élèves de parler d’histoire et de géographie avec leur parents et grands parents (renforcer un lien trans-générationnel). Il nous est toutefois très difficile d’en mesurer les véritables effets.
Les élèves filment, montent. Comment organisez vous ce travail ?
Ils ont été accompagnés et acteurs dans toutes les étapes :
– ils ont avant tout réalisé un dossier répondant à un questionnement précis (cf un exemple en fichier joint). Ce dossier devait comporter 10 pages environ en respectant un cahier des charges (sommaire, bibliographie….)
– ils ont ensuite écrit les questions qu’ils souhaitaient poser aux intervenants que j’avais moi-même contacté (ces questions ont été relues et corrigées par nos soins)
– le tournage a été réalisé par les élèves en ma présence
– le montage a été réalisé par les élèves (avec notre aide technique si besoin)
Un des groupes (celui qui a travaillé sur la seconde guerre mondiale) a travaillé de manière totalement autonome : ils ont contacté leur propre interlocuteur, ils ont écrit les questions seuls, ils ont filmé et monté. Il m’ont proposé un produit fini. Ce sont des élèves qui avaient déjà participé au projet vidéo (évoqué plus haut) en classe de seconde l’an passé
Comment ce travail se relie t il aux cours traditionnels d’histoire et de géographie ?
Le travail a été mené en grande partie en dehors du temps scolaire. La grosse difficulté a été d’articuler le cours notamment pour les élèves qui avaient à traiter des thèmes qui n’avaient pas été encore vu en classe ; ainsi les élèves qui ont travaillé sur l’industrialisation et ses effets ont pu s’appuyer sur le cours fait en classe et les études de cas parfois proposées pour élaborer leur dossier de synthèse. Les autres ont en quelque sorte anticipé le cours.
L’idéal aurait été d’avoir une production vidéo en introduction ou en conclusion du thème étudié. Mais les contraintes techniques ne nous ont pas permis d’atteindre cet objectif.
La projection a été néanmoins l’occasion de clore le programme de 1ière S.
Quel écho chez les élèves et leurs parents ?
L’écho a été très positif. Quant aux parents, ils étaient très nombreux à la projection. Nous avons pu recueillir leurs remarques lors de l’échange qui a eu lieu ensuite autour du verre de l’amitié !!. Ils ont apprécié à la fois les sujets proposés (le traitement de l’histoire locale) mais aussi l’approche (l’utilisation de la vidéo).
Le blog du projet