Par François Jarraud
Lanterne rouge de l’Europe en matière de Tice, la France va-t-elle, avec la mission e-Educ, enfin rattraper son retard ? « Il faut que les choses bougent, et on est pas en avance. C’est une priorité française. Je suis convaincu que c’est un enjeu absolument majeur » (X. Darcos). « On est tous convaincus que les tic sont un enjeu vital pour l’économie, la croissance, l’emploi et que l’Ecole doit préparer une génération de Français capables d’être les acteurs de cette nouvelle économie » (J. Mounet, Syntec). La remise, mercredi 21mai 2008, du rapport de la mission e-Educ va-t-elle enfin permettre une intégration réelle des nouvelles technologies dans le système éducatif français ? C’est en tous cas très clairement l’objectif que s’est fixé le ministre qui a immédiatement annoncé des mesures concrètes. L’Ecole va-t-elle se mettre en marche ?
L’idée de faire appel au Syntec, le syndicat patronal des entreprises informatiques, pour lui demander, en janvier dernier, de déterminer « les leviers de développement des TIC à l’Ecole » avait été diversement appréciée.
Le rapport final fait des propositions concrètes, réunies autour de 5 problématiques. Le Syntec souhaite d’abord mobiliser les établissements (écoles et établissements secondaires) et recommande pour cela de les inviter à concevoir un « projet d’école numérique » avec contrat d’objectif de deux ans lié à des moyens. Ce qui implique une coopération entre l’Etat et les collectivités locales : pour cela le Syntec mise sur un « partenariat national » accompagné de guides. Pour piloter le changement, le Syntec recommande de mobiliser chefs d’établissement et corps d’inspection, de leur donner des consignes claires pour « rassurer les utilisateurs ». La production de ressources serait stimulée en dotant les enseignants d’un chèque ressource à dépenser, en ouvrant un site web de présentation des produits et en créant un « Observatoire national des Tice », sur le modèle de l’Observatoire national de la lecture, capable de faire de la veille technologique. Enfin le Syntec souhaite développer des liens école – entreprise.
Xavier Darcos a retenu 5 propositions qui seront mises en œuvre à la rentrée prochaine. D’ici 2010, dans le cadre de la généralisation des Espaces numériques de travail, les établissements devront obligatoirement utiliser un cahier de texte électronique et supprimer le papier dans la communication interne à l’établissement, y compris vers les élèves. L’argent des photocopies servira à l’achat de ressources, promet le ministre.
Dès l’année prochaine, chaque école et établissement secondaire devra inclure un « volet numérique » à son projet d’établissement. La circulaire de rentrée sera modifiée en conséquence.
Les chefs d’établissement et les inspecteurs devront se former aux Tice, un programme sera mis en place dès l’année prochaine.
Une plate-forme de présentation des ressources et des « bonnes pratiques » sera créée dans le courant de l’année 2008. Elle renverra sur les sites « des différents producteurs, qu’il s’agisse d’éditeurs publics et privés, d’associations d’enseignants ou de sites académiques ».
L’Observatoire national des TICE souhaité par le Syntec sera créé « très rapidement ». Il réunira » les acteurs compétents de l’Éducation nationale et des collectivités territoriales, ainsi que des représentants de la Caisse des dépôts et consignations, des pôles de compétitivité, des entreprises du secteur des TIC, des associations, des éditeurs privés, des organismes de recherche travaillant sur ces sujets ». Ce sera un organe de veille et de réflexion.
« On me présente à tort comme un traditionaliste » a déclaré le ministre qui a tenu à défendre les Tice. Elles sont « un moyen de faire réussir tout le monde, surtout ceux qui sont les plus démunis devant l’enseignement traditionnel ». La trentaine de chefs d’entreprise et de cadres du ministère semblaient soudés derrière le ministre. L’Ecole française a-t-elle trouvé son chemin vers la modernité ?
Le discours du ministre
http://www.education.gouv.fr/cid21335/technologies-de-l-informati[…]
Le rapport
http://www.education.gouv.fr/cid21337/pour-developpement-num[…]
Sur le Café, la mission e-Educ
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/01/240[…]
Il faut soutenir le plan Darcos
Lanterne rouge de l’Europe en matière de Tice, la France va-t-elle, avec la mission e-Educ, enfin rattraper son retard ? Il faut rappeler que celui-ci ne s’est pas installé par hasard. Les tice « bousculent l’Ecole », comme l’affirme un rapport de l’Inspection en attaquant son économie même. Elles se situent au point de rencontre de l’Etat et des collectivités locales sans qu’un partage fonctionnel assure le financement stable des installations et un réel pilotage. Le manque de moyens frappe à la fois la formation et les achats de logiciels alors que le discours traditionaliste discrédite les tice.
Le Syntec a-t-il identifié des leviers efficaces pour changer vraiment l’Ecole ? La mission e-Educ s’est beaucoup intéressée à l’exemple anglais. Ce pays a réussi à intégrer les tice parce qu’il a bénéficié d’une volonté politique constante, de moyens conséquents (700 millions seront distribués cette année aux établissements anglais), de structures de pilotage mixtes.
De façon très pragmatique, le Syntec s’est inspiré du modèle. Il propose un accord national pour le financement avec les collectivités locales, des moyens au plus près du terrain (au niveau de l’établissement) et, chose encore plus extraordinaire, un pilotage mixte associant administration, chercheurs, entreprises et associations d’enseignants.
On voit pourtant bien les obstacles se profiler à l’horizon. Le premier concerne le modèle d’Ecole qui arrive avec les tice. En demandant la création d’un cahier de texte électronique, le ministère amène les parents dans la classe et s’attaque directement au modèle scolaire traditionnel. Il faudra donc beaucoup de volonté et d’habileté pour faire passer ce point. Il faudra aussi pas mal de détermination pour que les organismes de pilotage, somme l’Observatoire, soient réellement mixtes dans uen administration peu habituée à partager l’autorité.
Finalement, un dernier obstacle guette le projet : le climat très dégradé entre le ministre et les enseignants actuellement. Un tel projet a besoin de mobiliser dans la confiance les acteurs de l’Ecole. Lui font face des arguments qui pourraient s’imposer. Après des années de piétinement, le plan du Syntec paraît réaliste et créatif. Il est aussi peut-être la dernière chance pour que l’Ecole française entre dans le XXIème siècle. C’est aussi pour cela qu’il faut le soutenir.
Sur le Café , le modèle anglais
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/20[…]
Le ministère crée un label Ecoles Internet
Officiellement il s’agit de » valoriser les nombreuses écoles qui ont déjà une dynamique liées aux usages d’internet; inciter à une intégration maîtrisée d’internet dans les usages scolaires, périscolaires ou extrascolaires; favoriser la mutualisation des initiatives; sensibiliser les décideurs locaux à l’existence de dispositifs multimédia et internet mutualisables ». Le ministère a annoncé le 19 mai la création d’un label « Ecoles Internet » qui reconnaîtra les écoles maternelles et élémentaires qui ont des usages effectifs d’Internet. Les écoles intéressées ont jusqu’au 15 juillet pour s’inscrire. L’étape suivante c’est la construction « d’une plateforme d’échange d’expérience ». Derrière ce projet un comité de pilotage 99% institutionnel…
Ecoles internet