Par François Jarraud
La RGPP n’oublie pas l’éducation…
Annoncé vendredi 4 avril, le programme de Révision générale des politiques publiques (RGPP) vise à dégager 10 milliards d’économie en 2009 dont 5 sur le budget de l’Etat. Les 166 mesures choisies par le président et le gouvernement ciblent prioritairement les dépenses sociales (sécurité sociale, insertion sociale, logement etc.). Mais la RGPP s’intéresse aussi de près à l’éducation.
» La refonte du système éducatif passe par un recentrage de l’école sur les apprentissages fondamentaux » confirme le programme gouvernemental. « La refonte du système repose sur l’engagement des enseignants qui sont à l’origine de la réussite des élèves. La rénovation de leurs conditions de travail et la diversification de leurs missions permettra l’augmentation de leur pouvoir d’achat. L’autonomie des établissements sera développée afin que ceux-ci disposent de leviers plus importants pour mieux adapter l’offre aux besoins ».
Le document annonce donc la révision du métier d’enseignant, » une réflexion sur l’offre éducative au lycée et l’équilibre entre les différentes filières ». Le calendrier est accéléré : « Les travaux de la révision générale des politiques publiques se poursuivent jusqu’au prochain Conseil de modernisation des politiques publiques, prévu en mai 2008 ».
L’ensemble de la réforme éducative est donc officiellement liée à un objectif budgétaire.
La RGPP
http://www.rgpp.modernisation.gouv.fr/cmpp4-4-8/cmpp4_avril_08.html
C’est un signal très inquiétant qui a été donné vendredi 4 par le gouvernement lors du séminaire sur la Révision générale des politiques publiques. Sensée dégager 5 milliards d’économie dans le budget de l’Etat, la RGPP a lié dans un étrange cocktail impératif budgétaire, conservatisme éducatif et précipitation. Sous prétexte d’efficacité, le gouvernement a officiellement lié les réformes de structure qu’il envisage (organisation des enseignements et des filières, métier d’enseignant) à la défense d’un programme pédagogique traditionaliste (le recentrage de l’école sur les apprentissages fondamentaux) et à un calendrier serré (mai 2008).
L’association de ces trois éléments dans le programme gouvernemental est un phénomène nouveau et très inquiétant. Beaucoup pensaient que la nécessité de dégager des économies allait enfin amener de la raison et imposer des réformes de structure attendues depuis longtemps. La crise budgétaire pose les questions de l’efficacité de l’Ecole, celle d’un empilement de connaissances le long de semaines extraordinairement chargées, de la multiplication de disciplines jamais coordonnées. D’une nécessaire refonte des programmes, des filières et des horaires, on pouvait espérer que le ministre saurait dégager des moyens pour se doter des outils d’encadrement et d’animation proches du terrain qui font défaut dans le système français. Enfin la même crise pouvait pousser à redéfinir le métier d’enseignant en lui redonnant toute sa dimension éducatrice et formatrice. Elle devait inciter à encourager l’expérimentation pédagogique et la recherche mutualisée de « bonnes pratiques » capables de dégager de l’efficacité dans le cadre du socle commun.
C’est cette perspective que vient de clore le séminaire gouvernemental du 4 avril. Restrictions budgétaires il y aura bien. Mais elles se feront sans concertation, de façon précipitée et dans un cadre pédagogique traditionaliste qui renie la loi Fillon et le socle commun. A qui fera-t-on croire que le maintien de l’école traditionnelle avec moins de moyens puisse améliorer la performance de l’Ecole ? Qui croira qu’une telle réforme puisse être promulguée dans la précipitation imposée par la trésorerie sans chercher l’adhésion des personnels ?
De toutes les règles de trois que le ministre a tant de mal à résoudre, celle qui a été proclamée le 4 avril pourrait bien rester insoluble pour nos petits écoliers. Les enfants du mariage de la calculette et de la blouse grise sont déjà prévisibles : le désordre dans l’Ecole, un échec scolaire renforcé. En choisissant d’entendre les milieux les plus conservateurs le gouvernement vient de faire le choix de l’échec scolaire.
Pour le Sgen, une réforme en catimini
« Les pays qui ont réussi la réforme de leurs politiques publiques sont ceux qui ont explicité, par le débat public et par le consensus, le rôle de l’Etat, son périmètre et ses missions » estime le Sgen-Cfdt. « Avec la RGPP, l’exécutif fait au contraire, le choix d’une réforme en catimini. De plus, en dehors de l’aspect comptable, les enjeux ne sont pas clairement identifiés et débattus avec la représentation nationale et les corps constitués ».
Le syndicat craint » au gré des annonces de suppressions de postes, des mouvements de contestation légitime d’agents des services publics ».
Communiqué
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1633.html
Sur la Café, la RGPP
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/04/07042008Accueil.aspx