Par Françoise Solliec
Accueillis samedi 1er décembre dans l’hémicycle du conseil régional, 135 jeunes désignés par tirage au sort vont faire pendant deux ans l’apprentissage d’une structure démocratique, le conseil régional des jeunes, CRJ. Comme leurs prédécesseurs, qui les accompagneront dans leurs premiers travaux, ils auront à prendre la parole devant les élus de l’assemblée régionale et à faire des propositions dans les domaines qui les concernent : logement, transports, emploi, lutte contre les discriminations, action culturelle.
Dans son discours d’accueil, Jean-Paul Huchon, président du conseil régional, a rappelé que ce conseil constituait, avec ses 209 membres, la deuxième plus grande assemblée de France, après l’assemblée nationale. En créant un conseil régional des jeunes en 2004, les élus ont marqué toute l’importance qu’ils attachaient aux préoccupations des jeunes et à la vision que ceux-ci pouvaient en avoir. Il est peu d’endroits où on leur donne directement la parole, alors que les jeunes sont bien l’avenir du pays. « Cette instance nous a paru essentielle, parce qu’en Ile-de-France on parle beaucoup des jeunes, mais souvent en mal… Nous voulons mieux connaître vos aspirations et vos galères ». « Nous avons beaucoup sollicité l’ancien conseil et il nous a beaucoup appris » continue Jean-Paul Huchon, qui note la pertinence des réflexions des jeunes sur des sujets pointus, tels la crise de banlieues en 2005, la discrimination, le chômage ou encore la vie en famille. Cependant, le CRJ ne doit pas être considéré comme une simple boîte à idées ou à conseils, sans conséquences budgétaires. « Vous aurez des moyens pour les projets retenus, mais il faut que vous sachiez ce qui est possible ou pas ». Ainsi la carte Imagine R, la gratuité des transports pour Rmistes sont des sujets qui ont été abordés dans le précédent CRJ. « Ne devenez pas tout de suite des notables, conservez votre jeunesse, mais apprenez ce qu’est la responsabilité. L’expérience que allez acquérir ici va vous servir toute votre vie ».
Pour Claire Villiers, vice-présidente à la démocratie régionale, le mode de désignation des membres du CRJ en fait « une photographie de notre région ». Le CRJ, dont la diversité fait la force, doit être un creuset d’universalisme et l’utilisation de son potentiel est un atout important pour les élus régionaux.
Des modalités de travail sont à mettre en place. Il faudra désigner un exécutif : secrétaire général, porte-paroles et constituer les .différentes commissions. Il faudra travailler en liaison avec le conseil régional et le conseil économique et social. Pour assurer une transition harmonieuse, les anciens conseillers accompagneront les nouveaux pendant un an. La feuille de route est en effet copieuse : mise en œuvre de propositions issues du rapport de l’ancien CRJ sur les violences urbaines, lutte contre le chômage, les discriminations, etc. « Il faut que, sur tous ces sujets, les choses aient changé d’ici 2 ans dans notre région » affirme Claire Villiers. Pour cela, il y aura aussi à travailler avec les associations et organismes de jeunesse. Enfin, il faudra tenir informés tous les candidats qui n’ont pas été tirés au sort et parfois trouver des modes d’association de ces jeunes aux travaux du CRJ.
Quelques représentants de l’ancien CRJ ont en conclusion dressé un bref bilan de leur action. Un projet, important, a abouti, celui d’une campagne d’information et d’affichage incitant les jeunes à voter aux dernières élections présidentielles. Il a fallu s’impliquer dans la conception de l’affiche et des divers documents de communication. Les retours en ont été très positifs, que ce soit sur les radios ou les blogs de jeunes.
D’autres projets n’ont pas abouti tels la construction de logements étudiants à proximité des universités ou le renforcement de liens entre lycées franciliens et étrangers pour confronter les difficultés. De nombreuses réflexions ont été menées en commission autour des transports (carte Imagine R), de la culture (le chèque culture, mal connu pourrait être repensé), de l’environnement (suivi des déchets pendant les fêtes) ou encore de la solidarité internationale (génocide au Rwanda). Le fonctionnement en commission semble parfois un peu bloquant et les anciens pensent qu’il serait bon d’adopter de temps en temps un fonctionnement par projet, sans doute plus motivant et plus facile à retranscrire. Ils souhaitent très bons travaux à leurs successeurs en les exhortant à la patience et à un important travail de préparation, nécessaire, mais non suffisant, pour emporter l’assentiment des élus.