F. Jarraud
Qu’est ce qui pousse les ados hispaniques à décrocher ? Qu’est ce qui pousse les parents à choisir telle école ? Quelle place pour le cognitivisme ? Des thèses nouvelles en débat.
Décrochage : Le quartier pas seulement l’école
Magnus Lofstrom, université du Texas, publie sur le site de l’IZA, une étude sur le décrochage des lycéens afro-américains et hispaniques. On ne sera pas surpris qu’il démontre l’influence de la pauvreté dans le risque de décrochage. Il met aussi en évidence les difficultés en anglais. Surtout il met en évidence un troisième facteur peu cité jusqu’ici : celui du quartier. « Nos travaux suggèrent que les caractéristiques du voisinage, simplement mesurées par la localisation de l’école et la composition ethnique des élèves, contribuent davantage au risque de décrochage des Afro-Américains que les caractéristiques de l’école comme les dépenses par élève ou le ratio professeur / élèves ». Il met donc en évidence l’impact des ghettos sociaux et ethniques dans l’échec scolaire. Une dimension qui échappe à l’école mais qui renvoie à l’exigence de la mixité sociale.
L’étude (pdf)
Choix scolaire et ségrégation raciale
Sur quels critères les parents choisissent-ils l’école de leurs enfants ? La question va se poser en termes nouveaux en France à la prochaine rentrée, du fait de la disparition de la carte scolaire. Or une étude de l’EPIC (Education Pubic Interest Center, effectuée par Natalie Lacerino-Paquet et Charleen Brantley montre que les parents se basent avant tout pour leur choix sur des critères ethniques.
« Les parents blancs tendent à éviter les écoles à forte concentration d’immigrés et les parents des minorités tendent à éviter les écoles à fort pourcentage de pauvres ».
L’étude (pdf)
http://epsl.asu.edu/epru/documents/EPSL-0801-247-EPRU.pdf
Inflation scolaire : Intéressant débat dans « Profession éducation »
La revue du Sgen Cfdt, « Profession éducation » n°171, oppose Eric Maurin, auteur d’un ouvrage sur la démocratisation scolaire, et Marie Duru-Bellat quia consacré un livre au thème de »l’inflation scolaire ». Pour elle, le fait qu’au niveau des personnes, plus on est formé ,plus on a de chance de s’insérer socialement signifie-t-il que, au niveau du pays, développer l’éducation va réduire le chômage ?… Dans notre pays où 40% d’une classe d’âge est déjà diplômée de l’enseignement supérieur, est-on sûr que la situation de l’emploi serait meilleure si le chiffre atteignait 60% ? »
Eric Maurin souligne lui les effets de la démocratisation scolaire. « On constate par exemple une proportion de jeunes occupant des postes de cadres et professions intermédiaires 5 ans après la sortie de l’Ecole près de 10 fois plus élevée après la démocratisation qu’avant ». L’interruption de l’effort de démocratisation au milieu des années 1990 a cassé cette « amélioration générale ».
Le Sgen Cfdt
Sur la Café dossier spécial sur l’inflation scolaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/11032007A[…]
Sur le Café, compte-rendu du livre d’E. Maurin
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/prim[…]
Le cognitivisme vu par P. Meirieu
» Dieu nous garde, d’ailleurs, des faiseurs de miracles ». Dans un article, Philippe Meirieu s’oppose à la domination du cognitivisme. « Parce que le cognitivisme-comportementalisme-biologisme représente une réduction de la personne à ce qui serait inculcable et contrôlable, il apparaît comme le cadre idéologique parfait pour la contention des pulsions que nous avons-nous mêmes déchaînées. Et son hégémonie universitaire est une forme de consécration qui n’a absolument rien de « scientifique ». C’est un des symptômes les plus préoccupants de nos peurs collectives. C’est aussi une manière de légitimer une multitude de pratiques de seconde main ou de seconde zone par lesquelles les technocrates du travail éducatif et social –cadres intermédiaires de toutes sortes – s’exonèrent de toute véritable entreprise pédagogique : ils observent, repèrent, évaluent, orientent, prescrivent, souvent en dépit du bon sens ou de toute forme de discernement, parant leurs intuitions personnelles ou leurs préjugés sociaux des oripeaux de la scientificité ».
Lire l’article (site de P. Meirieu) (en pdf)
http://www.meirieu.com/ARTICLES/surlecognitivisme.pdf
Pisa, les pédagogues et la gauche
« Imputer aux « méthodes modernes » la responsabilité des performances actuelles de l’école est une erreur voire une escroquerie intellectuelle ». Dans un article donné au Café, Pierre Frackowiak prévient : ce n’est pas en remettant en cause les pédagogies nouvelles qu’on améliorera les performances de l’école française. Cela parce que « ce que l’on juge aujourd’hui, c’est encore massivement l’école de Jules Ferry et non une école hypothétique décrite par des prétendus experts, philosophes ou brillants universitaires, qui n’y ont jamais mis les pieds depuis qu’enfants, ils l’ont quittée. On ne sait pas ce qui se passe dans les classes; les milliers de rapports d’inspection produits depuis des dizaines d’années ne sont traités par personne. Or, ce sont bien les inspecteurs qui sont les seuls observateurs des pratiques pédagogiques ».
Devant ces résultats Darcos sera-t-il l’homme des réformes nécessaires ? P. Frackowiak a honnêteté de considérer que la gauche aura sa part de responsabilité. « La gauche saura-t-elle et pourra-t-elle peser dans le débat autrement qu’en protestant sur les aspects quantitatifs, en osant proposer les transformations fondamentales nécessaires, en prenant part réellement au débat avec clarté et courage, sans frilosité, en s’exprimant sur ce sujet qui était le fondement même de son projet politique tout au long de son histoire? Saura-t-elle faire preuve de courage politique en se libérant de la crainte de perdre des voix en s’engageant dans des réformes de fond? » Bonne question…
Sur le Café, Tribune de P. Frackowiak
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2007/Pisa_fr[…]
Surle Café,le dossier Pisa
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2007/Pisa_Pir[…]
PédagoPsy, le nouveau site de J. Nimier
« PedagoPsy, car je voudrais mettre l’accent sur son interdisciplinarité ». Jacques Nimier présente son nouveau site en rappelant la dimension interdisciplinaire de son site sur « les facteurs humains dans l’enseignement et la formation ». ‘Le nom de ce site veut donc montrer que j’essaie de me situer à l’interface de la Pédagogie et de la Psychologie, de la Psychosociologie et bien sûr des Sciences de l’Education dans un système qui étudie les facteurs humains en jeu dans l’enseignement… Enfin au moment où deux cultures s’opposent, celle, traditionnelle dans l’enseignement, qui veut former les élèves à l’esprit critique, à la rationalité, à la transmission de connaissances rationnelles, et celle, transmise principalement par les médias, les images, l’imaginaire, des connaissances simplement suggérées, je cherche à montrer l’indispensable prise en compte de la dialectique entre le symbolique et l’imaginaire et également l’erreur de croire qu’on peut évacuer complètement l’imaginaire dans toutes connaissances, dans toutes décisions particulièrement en ce qui concerne l’enseignement et la formation. J’essaie de montrer que c’est en le prenant en compte dans les personnes (fantasmes) et dans la société (imaginaires collectifs, idéologies) qu’on peut justement être moins tributaire de cet imaginaire et que c’est en l’analysant (et non en le niant) qu’on peut créer un véritable esprit critique chez nos élèves (et en nous -mêmes! ); c’est aussi cet imaginaire qui est à l’origine de la créativité chez nos élèves. Cette dernière est si importante pour notre pays ».
Ces thèmes sont particulièrement illustrés dans les pages du site de J. Nimier qui s’affirme comme un des meilleurs sites pédagogiques francophones.
Le site de J Nimier