F. Jarraud
Ce sera sans doute l’événement principal de l’année pour le million d’enseignants que compte la France :le rapport de la commission Pochard sur le métier d’enseignant, attendu fin mars, et les décisions qui le suivront.
A l’évidence, elles arriveront dans un contexte défavorable pour les enseignants. Alors que la commission doit statuer sur la rémunération et les conditions d’exercice du métier, le cadre budgétaire est déjà voté et laisse peu d’ouverture si ce n’est du coté du « travailler plus » et des heures supplémentaires. Pire encore, l’accumulation de mauvais résultats du système éducatif français aux enquêtes internationales (Pisa, Pirls) peut être exploitée politiquement pour imposer des réformes violentes. Enfin l’Ecole est sous la pression constante de lobbys réactionnaires particulièrement influents à droite (même quand ils se réclament de l’extrême-gauche !) qui peuvent faire craindre tous les dérapages.
On sait pourtant que le métier d’enseignant est pénible. Selon le ministère, le professeur du secondaire travaille 39 h 47 par semaine. Aux 18h 46 d’heures d’enseignement, s’ajoutent 21 heures consacrées aux préparations, corrections, suivi des élèves, rencontres avec les parents ou encore réunions avec les collègues. Le rappel de ces chiffres, la pénibilité des heures de cours affirmée par 83% des enseignants, montrent d’ailleurs les limites du slogan « travailler plus pour gagner plus ». La pénibilité du métier est aussi liée à l’isolement de l’enseignant, à l’émiettement des temps de formation, au climat scolaire souvent lourd dans nombre d’établissements. Les experts ont pu mettre en avant une complexification croissante du métier, liée aux réformes, génératrice d’un « malaise enseignant » que les études officielles confirment. Selon une étude de l’Esen, « 9 enseignants sur 10 reconnaissent l’existence d’un malaise interne. 6 sur 10 se sentent personnellement concernés ». Il touche particulièrement les enseignants les plus expérimentés, le cap des 20 ans de métier étant déterminant ». Pour C. Maroy, « les enseignants vivent des sentiments de déprofessionalisation ou de tensions entre leurs orientations normatives et celles des politiques… La surcharge de travail peut aussi être paradoxalement liée dans ces contextes aux tentatives des enseignants de satisfaire simultanément les demandes officielles et leurs propres conceptions du métier ».
C’est dire qu’en isolant la question du métier d’enseignant de celle plus générale de l’Ecole, la démarche gouvernementale ajoute à ces contradictions et à ces tensions. A quoi bon augmenter le temps de présence des enseignants dans les établissements si , en même temps, on ne vise pas la démocratisation scolaire c’est-à-dire le collège unique ? A quoi bon imposer aux enseignants de vrais travaux d’orientation scolaire si on accentue la ségrégation et la sélection scolaire ? Comment « professionnaliser » le métier en vantant le modèle du prof traditionnel et l’enseignement frontal ? Comment réformer la formation des enseignants sans aborder la question des publics scolaires, des savoirs à transmettre et de l’école démocratique ?
Faut-il s’en tenir au statu quo ? Dans ces conditions la tentation est forte de se cramponner à l’existant et de refuser tout changement. Cette position est pourtant intenable. D’abord parce que les valeurs de l’Ecole imposent qu’elle poursuive sa démocratisation ce qui aujourd’hui passe par sa transformation radicale. D’autre part parce qu’il serait inacceptable de perpétuer le « malaise enseignant ». Enfin parce qu’une réforme bien menée doit pouvoir dégager les moyens qui lui sont nécessaires même dans un cadre budgétaire contraignant. Entre toutes ces exigences, cherchons la route.
Sur le Café, conférence surle métier
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/23112007Lemet[…]
La commission
http://www.education.gouv.fr/pid495/commission-sur-evo[…]
10 000 profs quittent l’enseignement chaque année
Le Figaro se penche sur ces enseignants et avance ce chiffre qui englobe en fait les enseignants qui passent un concours d’inspecteur, de direction etc. Seule une quarantaine quitterait l’éducation nationale. Le quotidien salue l’action d’Aidoprofs qui, chaque mois, propose des solutions pour une seconde carrière dans les colonnes du Café pédagogique.
Article du Figaro
http://www.lefigaro.fr/actualites/2007/12/18/01001-2007[…]
La seconde carrière dans le Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/[…]
Listes d’aptitude : Les textes sont sortis
Le B.O. du 20 décembre publie les conditions requises pour accéder aux listes d’aptitude d’agrégé, d’agrégé hors clase, de certifiés, de PEPS, de PLP de CE, PEGC et AE.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/bo/2007/46/encart.htm
Mali : Un enseignant meurt chaque jour du sida
« Si l’on n’y prend garde,l’Etat perdra plus d’estimables ressources dans la formation d’enseignants qui se révéleront inaptes à remplir leur fonction » souligne A. Keïta dans un article de Maliweb. Selon une étude locale, 9% des enseignants maliens sont porteurs du virus du sida.
Le problème est d’abord humain : au Mali un enseignant meurt chaque jour du sida. Mais il est aussi plus général. Chaque enseignant qui est obligé de quitter sa classe représente un lourd investissement perdu.
Article de Maliweb
http://www.maliweb.net/category.php?NID=25534&intr