Par François Jarraud
En progrès mais socialement injuste. C’est ainsi que l’on pourrait résumer l’analyse faite par l’Ocde sur le système éducatif français dans la publication « Regards sur l’éducation » de l’OCDE.
L’organisation montre les progrès accomplis en France : la proportion de titulaires d’un diplôme de fin de second cycle du secondaire est passée de 60 à 80% si l’on compare ls 25-34 ans aux 45-54 ans. Pour les diplômes du supérieur on est passé de 30 à 40%.
Pour autant le système a ses points faibles. Ainsi la France, avec l’Allemagne, l’Autriche et le Portugal, se distingue par la faible proportion de jeunes de milieu défavorisé qui suit des études supérieures. C’est aussi un des pays où l’écart est le plus fort entre autochtones et descendants de l’immigration pour le niveau scolaire. Alors que certains pays de l’OCDE ne font aucune différence de niveau entre les jeunes (comme l’Australie ou le Canada), la France se distingue par un écart de 20 points entre ces deux catégories. C’est aussi un des pays où les élèves ont le moins d’ambition scolaire.
Sur le terrain budgétaire, les chiffres de Regards sur l’éducation montrent que la France connaît une croissance plus lente de ses dépenses d’éducation que la plupart de ses voisins. En effet les salaires des enseignants sont nettement inférieurs à la moyenne de l’Ocde,le ratio prof / élèves plus élevé.
Interrogé par l’AFP, Bernard Hugonnier, de la direction de l’Ocde, a estimé que les réformes envisagées par le président vont dans le bons ens. Mais l’Ocde se déclare en faveur du collège unique et contre le bac en tronc commun. L’organisation attend également plus d’efficience. Selon ses calculs, il serait possible d’améliorer les résultats de 22% sans dépenser plus.
Regards sur l’éducation 2007
http://www.oecd.org/document/43/0,3343,fr_2649_201185_[…]
Dépêche AFP
http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nous/l_actualite_du_[…]
La ségrégation ethnique, premier cancer de l’Ecole française ?
La question des inégalités ethniques à l’école est étalée au grand jour par le dernier rapport de l’Ocde. Il établit que la France, avec l’Allemagne, l’Autriche et le Portugal, se distingue par l’écart entre autochtones et descendants de l’immigration pour le niveau scolaire. Il atteint en France 20 points entre ces deux catégories.
Une étude plus fine, comme celle que G. Felouzis a mené dans l’académie de Bordeaux , aurait sans doute révélé que ces inégalités s’accompagnent d’une ségrégation marquée pour certaines communautés. A Bordeaux, il a mis en évidence la ségrégation montante entre les établissements de l’agglomération. 10% des établissements scolarisaient 40% des enfants d’origine maghrébine. « Certains collèges sont de vrais ghettos scolaires comme leur quartiers d’implantation ». Les établissements les plus ségrégués scolarisent entre 3 et 5 fois plus d’élèves allochtones que la moyenne et entre 2 et 3 fois plus d’élèves socialement défavorisés. Ce qui amène Felouzis et Joëlle Perroton à affirmer , dans « Améliorer l’école, PUF 2006, que « le critère le plus déterminant dans la mise à l’écart de certains élèves est le critère ethnique » et à parler de « véritables ghettos scolaires ».
Or certains pays de l’OCDE ne produisent aucune différence de niveau entre les jeunes autochtones et allochtones (comme l’Australie ou le Canada). Ajoutons que ce dernier pays affiche également des résultats bien meilleurs pour l’ensemble des élèves que les notres. Ce qui montre que le lien entre immigration et baisse de niveau n’est pas une fatalité.
C’est dire que l’Education nationale a aussi sa part de responsabilité dans cette situation, même si la ségrégation urbaine joue un rôle essentiel. Parmi les facteurs identifiés, il y a d’abord le processus de nomination des enseignants qui poussent les moins expérimentés à intervenir dans ces établissements. Les politiques d’établissement jouent aussi un rôle. « Elles construisent souvent des filières d’excellence qui sont centrées sur des critères scolaires mais qui de fait renforcent la ségrégation » expliquait G Felouzis dans un article donné au Café. Au-delà c’est toute la politique de soutien scolaire qui est à adapter à ces élèves,particulièrement la place faite à leur langue dans l’Ecole.
Avoir de réelles équipes, affirmer l’éducabilité et chercher l’hétérogénéité, prendre en compte les cultures locales, voilà trois défis que les collèges actuels peuvent difficilement résoudre. C’est aussi pour sortir de cette impasse qu’il importe que le projet de collèges expérimentaux soit mené à terme.
Regards sur l’éducation 2007
http://www.oecd.org/document/43/0,3343,fr_2649_201185_39251563_1_1_1_1,00.html
Article de G. Felouzis dans le Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/larecherche/Pages/2004/analyses_49_Ge[…]