Pourquoi parler des notes ? En effet l’année scolaire est à peine entamée que la tornade sarkozienne a entrepris de décrasser – plus blanc, toujours plus blanc ! – l’éducation nationale. Dégraisser serait d’ailleurs peut-être plus approprié. En un mois, le ministre a lancé la réforme de l’école élémentaire, celle de la maternelle, celle du métier d’enseignant, la modification du temps scolaire, sans oublier l’accompagnement éducatif. Tous ces projets sont en étroite relation avec ce qui s’avère bien être le vrai, peut-être le seul, objectif poursuivi par le gouvernement : la réduction du budget de l’éducation nationale. Tout cela aurait sa place ici dans cet éditorial.
Mais, s’ils ne sont pas oubliés dans ce numéro du Café mensuel, nous avons mis au centre de ce numéro la question de l’évaluation. A cela plusieurs raisons.
D’abord sans doute la volonté de ne pas se laisser aspirer par la tornade. Avec les notes, nous revenons dans un espace bien connu des enseignants, un de leurs domaines d’expertise. Nous regagnons un terrain bien connu et où la tornade a peu de chance de suivre. Et c’est aussi parce que la note est ce qui unit et fait lien entre profs, élèves et parents qu’il nous semble important de lui consacrer cet article.
Ce que nous dit Pierre Merle mérite qu’on s’y arrête. Si les profs sont justes, la note, elle, ne l’est pas. On savait déjà que les mêmes copies corrigées par des correcteurs différents obtiennent un éventail de notes impressionnant. Ce que met en évidence P. Merle c’est l’importance des fiches de renseignements, du livret scolaire dans le processus. Ces éléments influencent la notation alors même qu’ils sont largement pratiqués voire recommandés. Ainsi il est intéressant de voir que même les TPE, épreuve totalement nouvelle, est touchée par le phénomène. Le jury qui note la production finale et la soutenance orale a de fait obtenu le droit d’avoir accès à la notation du jury qui évalue la démarche des élèves. Sur ce terrain là l’évaluation des TPE est en train de rentrer dans le rang. Pire encore, Pierre Merle sort des statistiques anciennes et méconnues sur l’évaluation du bac. L’icône la plus respectée du système éducatif n’échappe pas elle aussi à la critique.
On s’était habitué aux critiques sur Internet et le copier-coller. Il est plaisant de constater que pour d’autres raisons les procédés les plus traditionnels ne se sortent pas mieux de l’examen. Voilà qui souligne la nécessité de d’évaluer et donc d’enseigner autrement au risque d’accepter l’injustice. Et ça il n’en est pas question.
François Jarraud