Enseignante en lycée, Olga est venue chercher « des idées pour mieux travailler avec les élèves ». Dans sa discipline, l’histoire-géographie, elle voudrait des outils pour développer l’autonomie, la mémorisation, et juge que ce qu’expérimentent ses amis instituteurs pourrait très bien se mettre en place en lycée, bien qu’elle constate que ce soit très peu développé à ce niveau d’enseignement.
Elle est venue avec son amie, enseignante en CE1-CE2, qui se sent un peu inquiète à l’idée de travailler pour la première fois avec un CE1-CE2 à la rentrée. Se sent-elle « membre » du mouvement Freinet ? C’est son ambition, mais « c’est un peu difficile, en débutant, de mettre en route tout à la fois« . Elle y va au fur et à mesure, d’abord à partir du « conseil » : « ça a permis de réguler les conflits et de créer une ambiance de classe que je n’avais pas avant. »
Marie vient du Finisterre, elle est une habituée. C’est d’ailleurs dans un congrès, en 2000, qu’elle à rencontré son « correspondant » du Maine et Loire, avec qui elle termine d’accorcher l’exposition des productions des élèves qu’ils ont amenée. Depuis six ans, les deux classes échangent « tous azimuth». Cette année, deux rencontres ont été organisées : les vendanges à l’automne en Anjou, et la mer au printemps… Pourquoi acceptent-ils de rogner sur leurs vacances ? « On avait envie de montrer le travail des enfants, et on aime bien rencontrer les gens lors des congrès ». Ils sont tous les deux tombés dans le mouvement Freinet « quand ils étaient petits », et sont intéressés par les conclusions de la conférence d’Yves Reuter, lorsqu’il dit que les écoles Freinet sont finalement celles qui arrivent à faire vivre les objectifs de l’IUFM ou de l’institution… Elle se dit qu’il faudrait sans doute qu’elle entre à l’IUFM pour faire découvrir leur travail aux débutants, pour qu’ils « voient que les enfants travaillent énormément et apprennent ! », qu’ils aient des outils de base qui les aident à avoir moins peur de s’engager dans des fonctionnements alternatifs. Elle veut se battre contre l’image de l’enfant-roi, même si elle assure que «jamais un enfant ne s’ennuie dans une classe Freinet ».
Un enseignant ordinaire peut-il mettre en œuvre les méthodes Freinet ? Pierre est dubitatif : « il y a des techniques, à mettre en œuvre, qui sont même parfois dans les instructions officielles, mais les techniques ne suffisent pas : c’est aussi un état d’esprit, une philosophie à mettre en place dans une classe, un engagement d’adulte. » Pour sa collègue, c’est clair : impossible à faire si on veut rester « simple fonctionnaire » : elle ne se reconnaît pas dans ceux qui veulent «finir leur journée à 16h30 »… Alors, instit-Freinet, super-instit ? La question reste ouverte…
Professeur d’EPS à l’IUFM, Jacques est venu avec son épouse, et intervient dans un atelier danse. Pour lui, s’il est un « gène » spécifique aux enseignants Freinet, c’est celui du plaisir à enseigner. « Ils sont aussi convaincus politiquement. Ils ont envie de faire progresser l’école autant que la société ». Pour lui, le discours des pédagogies nouvelles (ICEM, GFEN, pédagogie institutionnelle) est aujourd’hui largement récupéré par l’institution, après avoir été combattu. « Mais enseigner différemment, cela demande un changement de statut de l’enseignant, un nouveau rapport au savoir et au pouvoir dans la classe qui ne va pas de soi. Les formateurs d’enseignants sont d’ailleurs souvent démunis avec ces nouvelles entrées, obligés qu’il sont de ne pas rester exclusivement centrés sur leurs compétences disciplinaires pour pouvoir répondre aux demandes des enseignants ». Mais il convient cependant que les permanences des mouvements pédagogiques dans son IUFM ne suscitent que bien peu d’échanges entre formateurs…