Par François Jarraud
Faut-il lire en classe la (quasi) dernière lettre de Guy Môquet ? Le B.O. a déjà répondu à la question en mobilisant les enseignants le 22 octobre. Mais la question agite les historiens qui y voient une instrumentalisation de la mémoire et non de l’histoire.
Guy Môquet et la caporalisation mémorielle
Faut-il lire en classe la (quasi) dernière lettre de Guy Môquet ? Le B.O. a déjà répondu à la question en mobilisant les enseignants le 22 octobre. Dans la revue L’Histoire, l’historien Jean-Pierre Azéma situe l’histoire de G. Môquet et réfléchit à l’injonction présidentielle.
« Si tous les hommes politiques de droite ne se sont pas retrouvés à Vichy, ce sont bien des hommes de la droite d’alors qui… ont aidé l’occupant à établir la liste des 27 suppliciés » rappelle-t-il.
Surtout il interroge l’utilisation qui est faite de l’histoire. « Beaucoup refusent l’idée de cette caporalisation mémorielle : une lettre lue dans tousles établissements scolaires, tous les ans, le même jour… quasiment au garde à vous… Laissons donc les enseignants organiser leur cours comme ils l’entendent et, s’ils font le choix de lire cette lettre, ils sauront la lire au bon moment, mise en perspective par les travaux qui l’éclairent » .
L’histoire n° 323 – Septembre 2007
http://www.histoire.presse.fr/
Le débat continue…
« Chers parents, chère petite sœur, Adieu. Car je vais tomber où sont tombés déjà tant de camarades ; je viens d’être confessé et je pars muni des saints sacrements. Avant de mourir je vous demande pardon de la peine que je vais vous causer, mais soyez courageux et fiers. Je vous demande aussi pardon de tous les ennuis et soucis que je vous ai causés dans ma courte vie, car je n’ai pas été toujours raisonnable, pourtant vous étiez si bons pour moi »… Non il ne s’agit pas de la lettre de Guy Môquet mais de celle d’un résistant marnais, Julien Ducos fusillé en 1944.
Elle est publiée par Jean-Pierre Husson qui fait le point sur le débat autour de la circulaire Guy Môquet et a eu la bonne idée de publier les lettres laissées par 2 des 4 fusillés marnais, assez proches de celle de G. Môquet.
Dans Libération, Pierre Schill, professeur d’histoire-géographie, revient sur cette commémoration. Il dénonce » Une négation du choix politique du jeune Guy ». Pour lui, » refuser de lire Guy Môquet dans le cadre imposé par les contingences politiques du Président et continuer d’analyser des lettres de résistants dans le cadre du programme d’histoire ou du concours national de la Résistance et de la déportation, c’est suivre Condorcet : «Je préfère leur histoire plutôt que leur éloge ; car on ne doit aux morts que ce qui est utile aux vivants : la vérité et la justice.» C’est bien ce que nous devons à Guy Môquet, à la Résistance et à nos élèves ».
Page synthèse de JP. Husson
http://www.crdp-reims.fr/memoire/informations/actuali[…]
Article de Libération
http://www.liberation.fr/rebonds/277501.FR.php
Mais pas dans les lycées…
22 octobre : « Les établissements de l’académie se mobilisent » affirme l’académie de Strasbourg qui met en ligne un forum d’échange de pratiques. Problème : au 13 septembre il est rigoureusement vide…
http://forum.site.ac-strasbourg.fr/list.php?site=guymoqut[…]
Le rôle des enseignants dans la transmission de la mémoire
Quels rapports entre savoir savant et transmission de la mémoire ? Entre histoire et commémoration ? Une synthèse copieuse et éclairante de J.P. Husson.
http://www.crdp-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_h[…]