Par François Jarraud
Associations culturelles et sportives, mouvements pédagogiques, collectivités locales : ils étaient nombreux à participer le 19 juillet à l’annonce par Xavier Darcos d’une nouvelle politique d’accompagnement scolaire. Lancée au nom de l’équité, au bénéfice des « orphelins de 16 heures », cette politique ne peut que faire l’unanimité de tous ceux qui se soucient de la jeunesse. Pourtant, au-delà des bonnes intentions, nul ne sait sur quoi va déboucher la proposition du 19 juillet
La circulaire sur l’accompagnement éducatif demande aux collèges de l’enseignement prioritaire de « mettre en place un “accompagnement éducatif” hors temps scolaire » dès la rentrée 2007. Ce dispositif « a vocation à s’étendre à l’ensemble des collèges à la rentrée 2008 et, par la suite, à l’ensemble des écoles, des collèges et des lycées ».
D’une durée indicative de 2 heures, cet accompagnement sera organisé en fin de journée après la classe, quatre jours par semaine. Il proposera aux élèves volontaires de l’aide aux devoirs et aux leçons; de la pratique sportive; de la pratique artistique et culturelle. L’aide aux devoirs et aux leçons sera assurée par des enseignants volontaires payés en HSE; les heures d’activités sportives et artistiques par des enseignants ou des intervenants extérieurs.
Quel changement à la rentrée 2007 ? Si la circulaire ministérielle impose cet accompagnement dès la rentrée c’est qu’il existe déjà. Les départements financent déjà des actions éducatives dans les collèges Zep. Les communes ont déjà l’habitude de prêter leurs installations sportives et culturelles sur ces tranches horaires aux scolaires. L’impulsion ministérielle pourra favoriser la coordination mais elle ne fera que s’appuyer sur l’existant. D’ailleurs aucun budget n’est prévu par le ministère pour ces actions de 2007.
Des questions plus ardues attendent le ministre dès 2008. Et d’abord la question budgétaire. Si le ministre maintient son projet, généraliser à tous les collèges ces actions en 2008 nécessitera un budget. Il faudra par exemple que les collectivités locales augmentent leurs équipements sportifs et culturels et que les associations puissent rémunérer les encadrants. Pour Maïté Sanchez-Schmid, qui représentait l’association des maires de France, les communes sont prêtes à faire des efforts mais dans le cadre d’un vrai partenariat. Elles ne sont pas prêtes à accepter un transfert « sec » de compétences.
Le projet pose également la question des rapports entre l’Ecole et l’accompagnement éducatif. Ainsi pour Jean-Pierre Siméon, président du Printemps des poètes, il interroge sur la place de la culture à l’Ecole : doit-elle être au centre de l’enseignement comme le souhaitait Jack Lang ou reléguée aux activités du 16-18 heures comme le prévoit le projet ? La cohérence des activités sportives, souvent tournées vers la performance, avec une EPS davantage axée sur le développement personnel et citoyen semble d’autant plus difficile que certaines associations sportives manifestent beaucoup d’ambition… La place des Tice, si elle est évoquée dans la circulaire, ne semble pas davantage pensée.
Quelle efficacité éducative attendre de cet accompagnement ? Soulignons d’abord que dans une étude réalisée pour le Hcee en 2005, Dominique Glasman avait pu relativiser l’impact de l’accompagnement scolaire sur les résultats des élèves. D’autant que la circulaire ignore le primaire, c’est à dire le moment où les inégalités se creusent. On pourrait tout aussi bien souligner le paradoxe entre la modestie de la politique Zep et la volonté proclamée de lutter contre les inégalités.
L’efficacité de cette circulaire est déjà politique. Elle tente de montrer aux parents que le gouvernement a une politique éducative ce qui n’est pas inutile au moment où seul Bercy se rappelle à l’Ecole. Non-événement pour 2007, il faudra de grands efforts à Xavier Darcos, dans un contexte très défavorable, pour donner corps en 2008 à un véritable politique d’accompagnement scolaire.
La circulaire