Par François Jarraud
La réforme Robien
» La condition de tout changement dans l’Education nationale, c’est une formation des maîtres adaptée au socle commun des connaissances ». Lundi 27 novembre, trois semaines seulement après la publication des recommandations du Haut Conseil de l’Education (HCE), Gilles de Robien présentait sa réforme de la formation des enseignants. Il articule intégration des IUFM dans les universités avec un cahier des charges définissant la formation.
Les IUFM intégrés d’ici 2008
« Cette intégration sera effective, pour plusieurs IUFM, dès janvier 2007 » affirme le ministre qui cite en exemple Cergy et Versailles qui ont déjà voté le principe et Reims, La Réunion, Limoges, Aix-Marseille, Versailles, Créteil et Grenoble qui pourraient le faire début 2007. .Le ministre souhaite que le processus soit accompli d’ici 2008.
Une formation définie par ses compétences
« Le cahier des charges définit 10 grandes compétences, qui correspondent à celles qui m’ont été recommandées par le Haut Conseil de l’Education « . Le cahier des charges qui sera remis aux universités devrait retenir les 10 compétences professionnelles annoncées par le HCE. Celles-ci définissent l’enseignant comme un spécialiste de sa discipline mais aussi comme un pédagogue capable de gérer sa classe et de dialoguer avec son environnement. Enfin, « les deux premières compétences énoncent ce qui est requis de tout enseignant… agir de façon éthique et responsable et maîtriser la langue française ». L’évaluation finale, élaborée sous le contrôle d’une Commission d’évaluation de la formation des enseignants, vérifiera l’acquisition des compétences selon le modus operandi élaboré par chaque université. Robien confirme d’ailleurs la suppression de l’épreuve de mémoire professionnelle, qui attestait d’une réflexion didactique sans qu’on sache très bien par quoi elle sera remplacée. Mais si, sur ces points, Robien suit les recommandations du HCE, il impose davantage sa marque sur l’organisation de la formation.
Une formation de terrain
« Trois grandes caractéristiques : une formation plus concrète, plus ouverte au monde ; une formation plus continue ; une formation mieux évaluée ». Plus ouverte dans l’esprit du ministre veut dire plus en relation avec la classe et avec le monde économique. « Le grand principe de la formation en IUFM doit être l’alternance : le va-et-vient entre l’expérience en situation, le contact avec la classe, la formation en IUFM, la recherche universitaire ». Les stagiaires auront davantage de stage en responsabilité et seront encadrés par des formateurs eux-mêmes en contact avec le terrain. « Pour apprendre à enseigner aux professeurs stagiaires, il est indispensable que les formateurs aient eux-mêmes une solide et fréquente expérience des élèves, de la classe et des établissements » affirme Robien.
A ces stages professionnels, le ministre veut ajouter un stage en entreprise qui deviendra obligatoire. C’est clairement une position idéologique du ministre. En quoi deux semaines de visite d’entreprise peuvent aider les enseignants à accomplir leur tâche ? Le ministre a du mal à l’expliquer.
Une formation continuée
« Le second grand principe du cahier des charges, c’est la continuité de la formation. La continuité, cela veut dire que la formation professionnelle du jeune enseignant doit être préparée en amont, avant le concours de recrutement ; qu’on va mieux aussi l’accompagner en aval, après son année de formation, une fois que le jeune professeur sera placé en situation d’autonomie devant les élèves ». Comme le recommandait le HCE, la formation sera nettement allongée. Avant le concours, l’étudiant suivra un cursus universitaire pré-professionnalisant avec stage d’observation en classe. Après le concours, la formation professionnelle sera étalée sur trois ans. Le stagiaire demandera une académie à l’issue du concours et il restera trois ans en contact avec le même IUFM. On a là sans doute un des points les plus novateurs de la réforme Robien. Durant les deux premières années de poste, le jeune professeur effectuera des stages à l’IUFM.
Bivalence et économies
Le nouveau dispositif correspond donc à une formation de niveau master. Pour autant les enseignants ne bénéficieront pas d’un master : cette reconnaissance universitaire aurait peut-être entraîné une revalorisation de carrière… Autre souci d’économie : le dispositif privilégiera la bivalence des enseignants du secondaire, une qualité qui pourrait se justifier pédagogiquement mais dont on voit bien que le vrai moteur est dans la gestion des postes. La bivalence ne sera pas imposée mais les certifiés bivalents bénéficieront de postes réservés.
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Une circulaire qui ne règle pas tout
Une nouvelle circulaire sur la formation des enseignants vient d’être signée, le 22 février, par le ministre. S’appuyant sur le « référentiel de compétence des enseignants » (voir ci-dessous), elle inscrit la formation dans le cadre de l’alternance entre théorie et pratique, et décrit particulièrement l’organisation des stages. Elle recense également les stages recommandés avant le recrutement : stage en établissement, en entreprise,à l’étranger… Pour autant, est-elle compatible avec le système de formation de l’éducation nationale ?
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On mélange tout
La nouvelle circulaire sur la formation publiée au BO du 9 mars, précise les modalités de mise en œuvre de la formation des enseignants, de tous les enseignants. Elle s’appuie sur le référentiel de compétences des enseignants, qui comprend l’éthique professionnelle, la maîtrise du français et des disciplines enseignées, mais aussi la conception de son enseignement, la prise en compte de la diversité des élèves, l’évaluation, les TICE, le travail d’équipe et la formation…
Elle pose un principe fort, pour toutes les catégories d’enseignants : l’alternance entre théorie et pratique. Logiquement, elle demande donc aux autorités académiques de mettre en place un réseau d’établissements pour permettre l’entrée progressive dans le métier en s’appuyant sur des « professionnels chevronnés ». Si elle ne s’accompagne pas d’une réduction du temps de formation effectif, cette entrée pourrait être intéressante, d’autant plus qu’on demande désormais d’imaginer des formations de plusieurs semaines au cours des deux premières années d’exercice du métier.
Elle pose évidemment la question des accompagnants : quelle compétence faut-il pour accompagner des débutants ? Avec raison, les maîtres formateurs et conseillers pédagogiques demandent qu’on s’interroge.
Mais on pourrait essayer d’être imaginatifs. Pourquoi ne pas mettre en place un réseau d’enseignants chevronnés, à qui on pourrait donner la responsabilité d’accompagner quelques jeunes collègues débutants, en échange par exemple d’un équivalent d’une journée de service ? Cette proposition aurait le mérite de donner une perspective et une nouvelle motivation pour des enseignants en seconde partie de carrière, et de leur donner progressivement envie de se qualifier en participant eux-mêmes à des formations.
Malheureusement, ce n’est pas forcément ce chemin qui est pris actuellement : cherchant à se sortir du guêpier de la direction d’école, les autorités envoient les professeurs d’école stagiaires effectuer leur stage filé dans les classes de directeurs qui n’ont pour la plupart pas demandé à récupérer de nouvelles charges de travail…
En mélangeant ainsi tout, on se garantit les meilleures chances de compromettre les bienfaits de l’alternance qu’on vante dans la circulaire… Sans une réflexion cohérente sur la formation initiale et continue, encore une circulaire qui pourrait ne pas changer grand chose aux difficultés des enseignants…
Patrick Picard
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Jean-Louis Auduc : attention dangers !
Pour Jean-Louis Auduc « Si le référentiel des dix compétences professionnelles recommandé par le Haut Conseil de l’Education et repris dans le projet d’arrêté apparaît extrêmement intéressant, le texte reste globalement marqué par l’ambivalence des propositions qui ne s’inscrivent pas dans une démarche répondant efficacement aux exigences du métier enseignant ». Dans une tribune accordée au Café pédagogique, Jean-Louis Auduc, directeur de l’IUFM de Créteil, montre du doigt des insuffisances du cahier des charges pour la formation des enseignants élaboré par le ministère.
Il critique d’abord le caractère successif de la formation disciplinaire et pédagogique. « Un tel découpage traditionnel dans le système français : On reçoit d’abord une formation académique à l’Université, puis, après, une formation professionnelle à l’IUFM., est l’inverse des autres systèmes européens où l’on préfère une formation en SIMULTANE sur les compétences nécessaires à l’exercice du métier enseignant ».
Du coup, « les concours de recrutement d’enseignants continuent donc encore plus à être exclusivement tournés vers l’amont de la formation universitaire effectuée, sans comprendre aucune épreuve tournée vers l’aval, c’est-à-dire, vers le métier que les candidats veulent exercer ». Jean-Louis Auduc plaide également pour le mémoire professionnel » curieusement totalement absent du projet d’arrêté alors que cette modalité d’évaluation se rencontre dans la majeure partie des formations en alternance préparant à d’autres métiers que l’enseignement ».
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Le catalogue des actions éducatives nationales
Le ministère choisit-il les pédagogies actives ? « L’ensemble de ces opérations relève de ce qu’il est convenu d’appeler l’action éducative. Cette action éducative, en continuité et en complémentarité de l’action pédagogique conduite dans les enseignements, privilégie les démarches prenant appui sur des projets qui engagent les élèves. Ainsi, tout en s’appuyant sur les apprentissages disciplinaires, elle encourage les approches transversales, valorise les initiatives collectives ou individuelles et cherche à développer les partenariats. Elle participe aussi pleinement à l’acquisition par les élèves de l’autonomie et de l’esprit d’initiative ». Le B.O. du 12 juillet publie la liste des actions éducatives nationales programmées en 2007-2008.
Les actions sont classées par domaine du socle commun et s’adressent aux écoliers, collégiens et lycées. Le ministère a retenu uniquement des programmes nationaux et officiels. De nombreuses initiatives, dont le Café s’est parfois fait le relais, n’apparaissent pas. Ainsi en « maîtrise de la langue », le B.O. signale aussi bien « la semaine de la langue française », « le printemps des poètes » que « le grand prix des jeunes lecteurs » de la Peep ou « le prix Clara » d’une maison d’édition privée.
Au B.O.