François Jarraud
Comment attirer les enseignants ?
« Dans la plupart des pays il y aura plus de nouveaux enseignants pendant les dix prochaines années qu’à aucune période depuis les années 70. Cette nouvelle génération d’enseignants sera différente, du moins aux États-Unis. Les enseignants bientôt retraités sont en poste depuis les années 60-70, lorsque de nombreuses femmes et personnes issues de minorités ethniques n’avaient guère accès à d’autres secteurs et se sont accommodées de cette profession, moyennant un salaire relativement faible, pendant toute leur carrière ». Pour L’Observateur de l’Ocde, ce recrutement massif est un défi. Il donne l’occasion d’un échange entre les pays de l’Ocde sur les pratiques et les carrières des enseignants.
Or, pour l’Ocde, « au cours des 20 dernières années, la rémunération des enseignants a diminué dans la plupart des pays par rapport à celle perçue dans d’autres professions exigeant un niveau d’études comparable. En outre, dans 70 % des pays examinés, il faut au moins 20 ans aux enseignants du premier cycle du secondaire pour passer du minimum au maximum dans l’échelle des rémunérations, ce qui est long par rapport à d’autres professions ». Comment réussir à attirer de nouveaux enseignants sans revaloriser les salaires et améliorer leurs conditions de travail ?
C’et sur ce chemin que s’engagent de nombreux pays. Ainsi Singapour a multiplié les catégories enseignantes de façon à maintenir en classe les plus expérimentés tout en reconnaissant leur compétence. Aux Etats-Unis des programmes de professionnalisation permettent de reconnaître les enseignants expérimentés, les Teachers Leaders.
Qu’en sera-t-il en France ? En 2005, la revue ministérielle Education et Formations, prévoyait que près de la moitié des enseignants du primaire partiront en retraite d’ici 2013. Du coup le ministère estimait qu’il faudrait recruter 16 000 enseignants du primaire par an et 16 500 du secondaire de 2006 à 2013. Ces prévisions Xavier Darcos les connaît. Il sait aussi que le président de la République souhaite diminuer rapidement le nombre de fonctionnaires. L’issue du problème se trouvera dans la négociation sur les métiers et les horaires des enseignants que Xavier Darcos a déjà annoncée.
Teachers Leaders
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/09052007Accueil.aspx
Education et formations n°71
http://www.education.gouv.fr/stateval/revue/revue71/resuef71.htm
Les inspecteurs s’inquiètent des intentions de Darcos
« S’il s’agit de donner aux chefs d’établissement un rôle d’inspecteur qui n’est pas le leur, on fait fausse route de manière dramatique : ils ne peuvent, par fonction, être seuls juges et parties, dans une communauté scolaire qu’ils doivent animer en toute sérénité pour obtenir l’adhésion et la cohésion de tous les enseignants. Et ce faisant, réduire le champ d’intervention des inspecteurs aux seuls cas de manquements graves et aux récompenses honorifiques (ou sonnantes et trébuchantes) des « meilleurs », consisterait à dénaturer profondément leur professionnalité pour n’en faire que des censeurs stériles, des gardiens obtus du nouveau dogme d’État : ne réussissent et ne sont récompensés que ceux qui composent la minorité de l’élite, la masse stagne dans son marais, et les « derniers » de la classe sont punis ». Le commentaire du Snpi-Fsu, syndicat des inspecteurs Fsu, est sévère.
Les inspecteurs ne digèrent pas les propositions de Xavier Darcos : évaluer les enseignants selon leurs résultats et confier cette évaluation aux chefs d’établissement. Pour eux, « la valeur d’un enseignant est en fait toujours relative à un contexte nourri de l’histoire de sa carrière (son âge, sa formation, son expérience professionnelle), de celle de l’établissement, de celle de chaque élève composant la mosaïque humaine d’une classe que seule l’année de naissance a initialement composée ; un contexte conditionné aussi par le profil cognitif de chaque élève et par le travail en équipe pédagogique, engagé dans l’établissement. Oublier cela reviendrait à ne valoriser par l’argent que les seuls enseignants ayant face à eux de « bons » élèves, dans de « bons » établissements (comme par hasard, situés dans de « beaux » quartiers), et à stigmatiser les enseignants qui consacrent leur carrière aux élèves en grande difficulté d’apprentissage (issus ou situés, comme par hasard, dans les espaces socio-économiques modestes, ou marqués par le handicap mental). Ce serait aussi mépriser l’investissement intellectuel et humaniste des enseignants qui s’efforcent d’améliorer leurs pratiques pédagogiques pour prendre en compte la réalité cognitive ou culturelle de leurs élèves afin de n’en laisser aucun sur le bord du chemin. Ce serait donc faire fi de la pédagogie, voire de la didactique, c’est-à-dire de ce qui fait le cœur du professionnalisme enseignant ».
Mouvements de recteurs
Le Journal officiel du 1er juin annonce un remaniement important de la haute administration de l’éducation nationale. Dominique Antoine, secrétaire général du ministère quitte la rue de Grenelle. Les recteurs d’Amiens, Orléans-Tours, Besançon et Limoges sont remerciés. Mme Anne Sancier-Château, rectrice de Besançon, est nommée à Limoges.
Le président demande qu’on lise la dernière lettre de Guy Môquet en classe
« Aimez la France parce que c’est votre pays et que vous n’en avez pas d’autre ». L’argument donné par N. Sarkozy en conclusion de son discours aux martyrs du Bois de Boulogne peut sembler pour le moins curieux. A cette occasion, le président de la République a demandé qu’on lise en classe la dernière lettre adressée par Guy Môquet à ses parents le 22 octobre 1941. Fils d’un député communiste, il avait été interné par Vichy puis livré aux Allemands comme otage et exécutés par eux.
Cette première décision suscite des réactions dans le monde éducatif. Ainsi, pour Philippe Meirieu, « ce qu’il faut transmettre aux lycéens, au-delà de l’immense et nécessaire respect dû à un jeune militant martyr, c’est la capacité à discerner les signes de la montée de la barbarie, où qu’ils soient et d’où qu’ils viennent… Il s’agit d’aider les lycéens à comprendre que le combat pour la démocratie et la dignité des hommes n’est pas un combat périmé, que la civilisation est encore bien fragile, que la planète reste menacée par bien des dictatures et que l’engagement pour la liberté n’est pas seulement un objet de commémoration. Il faut des célébrations. Il faut des actes symboliques. Mais il ne faut pas qu’ils nous exonèrent d’une réflexion de fond et d’une vigilance citoyenne quotidienne ».
Pour un enseignant, sur une liste de discussion : »nous voilà appelés à faire une leçon de morale en lisant une piètre lettre pleine de pathos, appelant plus à l’esprit de sacrifice et aux devoirs qu’aux idéaux démocratiques ». On y signale également le détournement de mémoire. La mémoire sociale communiste, celle des luttes ouvrières, serait utilisée par le nouveau président de droite.
La lettre
Le correcteur sonne toujours deux fois
Le président de la République était-il un cancre ? Ce fâcheux exemple est mis en avant sur Libération qui publie un billet d’un correcteur du bac B en 1973. « Les notes d’écrit du candidat n° 18917 étaient tellement médiocres (7/20 en français, 8/20 en mathématiques, 9/20 en philosophie…) qu’il lui a fallu passer l’oral pour être reçu sans mention » affirme-t-il.
http://www.liberation.fr/rebonds/courrier/256301.FR.php
Quand la corruption s’abat sur l’école
« Les vols et les dessous de table dans le recrutement des enseignants tendent à baisser la qualité des professeurs et les paiement illégaux pour être pris dans une école expliquent de bas taux de scolarisation et de hauts niveaux de décrochage ». L’étude de Jacques Hallak et Muriel Poisson pour l’Unesco sur la corruption à l’école propose un inventaire qui n’est pas sans rappeler quelques souvenirs.
Parmi les méthodes, ils évoquent le détournement de fonds au bénéfice de partis politiques, la vente de diplômes, le harcèlement sexuel ou les pourboires pour passer en classe supérieure, l’obligation de suivre des cours particuliers pour voir ses notes augmenter, le vol de matériel scolaire etc.
Quels remèdes proposent-ils ? Pour eux il convient ‘établir des normes claires de fonctionnement, d' »améliorer le niveau de compétences des cadres éducatifs et des associations de parents et de profs, enfin de libérer l’information sur l’école. Mais la lutte contre la corruption passe aussi par la revalorisation des salaires. Plus il est faible plus celle-ci semble se banaliser.
Québec : Le budget de l’éducation en hausse de 5%
« L’éducation représente plus que jamais l’avenir de notre nation. Il y a un lien direct entre notre capacité à prospérer et le savoir de notre population ». Le gouvernement québécois met ses actes en rapport avec ses paroles. Il augmente le budget de l’éducation de 5%.1800 enseignants supplémentaires seront recrutés,l’aide aux devoirs étendue. Enfin une campagne de réfection des locaux scolaires est lancée.
Cette politique a aussi à voir avec le résultat des dernières élections qui n’ont donné qu’une majorité relative au parti libéral. Augmenter le budget de l’éducation répond à une exigence de l’opposition. Au Québec la bonne gouvernance se construit sur l’équilibre des pouvoirs…
L’Angleterre développera l’alternance à partir de 14 ans
« Pour les 14-16 ans en risque de décrochage, pour qui l’école traditionnelle signifie le départ, nous avons besoin d’un système d’aide spéciale qui les motive à travers des apprentissages liés à un métier et qui les pousse grâce au tutorat à se préparer à des études plus poussées et au monde du travail ». Selon le Guardian, le futur successeur de Tony Blair, Gordon Brown, encouragera des formes d’apprentissage entre 14 et 16 ans.
Les jeunes pourraient passer un jour par semaine hors de l’école. Mais ils resteraient dans une logique scolaire et prépareraient un des nouveaux diplômes imaginés par le gouvernement britannique qui associeront TIC, maths, anglais et des compétences professionnelles.
http://education.guardian.co.uk/1419education/story/0,,2080809,00.html
Burkina : Gratuité de l’enseignement dès 2008
Selon Le Pays, le président du Burkina Faso a confirmé le 31 mai son intention de rendre l’enseignement de base gratuit de 6 à 16 ans. La réforme devrait commencer à entrer en application dès 2008. Reste à la financer. Sur ce point le dossier n’est pas bouclé.
http://fr.allafrica.com/stories/200706010279.html
Le Bénin malade de ses enseignants ?
« L’école béninoise reste encore confrontée… à des difficultés dont le plus crucial est le manque d’enseignants qualifiés. Du diagnostic du système éducatif béninois établi par les ministères en charge du domaine, il ressort que l’école béninoise est plus malade de ses enseignants peu nombreux, mal formés et soumis à une rémunération ne leur permettant pas de s’adonner à une application correcte des programmes d’études ». Le constat dressé par le quotidien Le Mali est sévère.
Il reflète l’extraordinaire essor de la scolarisation dans le pays. Le taux brut de scolarisation est passé en dix ans de 71% à 94% au primaire et de 12% à 41% au secondaire.
Résultat, pour faire face à cet afflux d’élèves, ce sont les collectivités locales, parfois même les parents, qui ont du recruter des enseignants. Aujourd’hui la moitié des maîtres du primaire, 80% des professeurs du secondaire sont des contractuels. Ils enchaînent souvent deux temps complet dans deux établissements différents.
Cet appel massif à des non-titulaires fait justement l’objet d’un colloque international à Paris cette semaine.
http://www.ciep.fr/conferences/profenseducbase.htm
Rafle de directeurs d’école au Cameroun
Selon Le messager, profitant d’une réunion professionnelle, la police a arrêté 35 directeurs d’école de la ville de Bamenda. Ils sont accusés d’avoir détourné les frais de dossier des candidats aux examens à l’aide d’un faux cachet.
http://fr.allafrica.com/stories/200705300223.html
700 000 candidats au bac algérien
Selon La Tribune, 700 000 candidats dont 58% de filles se présentent cette année au bac en Algérie. C’est 140 000 candidats de plus qu’en 2006.
http://fr.allafrica.com/stories/200706070214.html