Par François Jarraud
Quelle Ecole pour Sarkozy ?
Difficile d’échapper au pronostic politique. C’est aujourd’hui que N. Sarkozy devrait faire connaître sa politique éducative et, compte-tenu du blanc seing qui vient de lui être donné par les Français, rarement président aura eu autant de possibilités pour imposer ses vues.
D’ailleurs la campagne médiatique est déjà lancée. Le Point consacre un dossier à l’éducation « tragédie nationale ». En s’appuyant sur des statistiques manipulées, Jacques Marseille taille ses conclusions à l’emporte-pièce. « L’école n’est plus aujourd’hui capable d’assurer à la majorité des élèves qui lui sont confiés des mots suffisamment précis, des structures grammaticales suffisamment efficaces et des formes d’argumentation suffisamment organisées pour imposer leur pensée au plus près de leurs intentions et pour accueillir celle des autres avec lucidité et vigilance. Passer plus de douze années à l’école et « décrocher son bac » ne garantit en rien la maîtrise de ce qui conditionne notre capacité à vivre en société ». Des propos qui étonnent un peu chez un auteur de manuels scolaires… Mais que l’on avait entendu lors de la Convention UMP sur l’Ecole.
N. Sarkozy n’a pas fait mystère de ses options pour l’Ecole. Il croit dans le pilotage du système par les résultats pour en améliorer l’efficacité. La destruction de la carte scolaire montre qu’il est favorable également à la mise en concurrence des établissements, seule capable de résoudre les problèmes de l’Ecole et d’en améliorer le rendement. Des conceptions venues d’outre Atlantique.
Mais quelles que soient les intentions, la question de la rentabilité de l’Ecole va sans doute diriger les actions gouvernementales. Les rapports d’audit lancés par les gouvernements précédents où siégaient le président et son premier ministre éclairent cette conception. L’Ecole rentable c’est celle qui dépense moins, celle où on peut diminuer le nombre de fonctionnaires. Car les contraintes budgétaires vont obligatoirement s’imposer au gouvernement et il y a peu de ministères où l’on puisse faire autant d’économies.
C’est la fracture avec les autres pays développés, plus que la continuité avec le gouvernement Villepin, qui devrait marquer la gestion Sarkozy. Alors que les Etats-Unis ou les autres pays développés calculent le coût des décrochages ou des niveaux éducatifs trop bas, la France est le seul pays à calculer à rebours la rentabilité de son système éducatif.
François Jarraud