Intégration des IUFM à l’Université : quel cahier des charges pour la future formation des enseignants ?
Dans un rapport remis en février au ministre (avant l’organisation du stage filé dans le 1er degré, organisé en urgence sur demande du ministère pour remplacer les directeurs 4 classes…), une commission présente les objectifs de la formation des enseignants, telle qu’elle devra être mise en œuvre par les organismes de formation qui vont en être responsables, c’est à dire, dès les prochaines années, l’Université. Ce cahier des charges définit les exigences de l’Etat, du point de vue des compétences des enseignants.
Le rapport souligne plusieurs fois que la formation s’inscrit dans le cadre de » l’alternance » entre présence à l’IUFM et sur le terrain. La première année doit essentiellement préparer le concours de recrutement, la seconde devant préparer au métier, avec un volume de stage d’au moins 50% du temps, l’IUFM devant » préparer » avant et » analyser » après la confrontation avec le monde réel. Le terrain de stage (établissement scolaire) doit être » reconnu comme lieu de formation à part entière « . Une charte définit ses obligations (accompagnement, aide concrète, tutorat des stagiaires…), mais ne dit rien sur la manière dont l’employeur rétribuera cet engagement pour les personnels concernés… Le projet de cahier des charges prévoit explicitement, outre les stages dans les classes des différents cycles, un stage en AIS, en ZEP, ou à l’étranger. Des compétences communes sont visées pour tous les enseignants de manière très prescriptive :
Mais rien ne dit comment un an de formation pourra y parvenir, si ce n’est que lien avec la formation continue est réaffirmé. Le rapport précise un droit à 20 heures par an pour chaque enseignant, et la mise en œuvre d’un dossier personnel de formation qui garderait trace des formations et compétences reconnues. A noter que la prescription de formation par les corps d’inspection est explicitement indiquée… Concernant les contenus de formation, pour les enseignants du Premier degré, 120 heures sur les 450 devront être consacrées à la formation à la maîtrise de la langue, dont 50 h sur l’apprentissage de la lecture, et 120 h pour le domaine maths/sciences. Pour les enseignants du second degré, la bivalence est plusieurs fois citées comme un objectif de formation (maths sciences ; lettres histoire…), ce qui semble corroborer les projets actuels de redéfinition du service des professeurs de lycée et collège. Un stage en milieu professionnel est souhaité, obligatoire pour les enseignants de techno et les professeurs de lycée professionnels. Les formateurs IUFM devront être capables de » répondre aux problèmes immédiats et à long terme des stagiaires « , la formation des formateurs étant citée sans qu’on en explicite réellement les ambitions… Le mémoire professionnel est brièvement cité. Son but est de » distancier la complexité « , mais le rapport ne revient pas sur les nombreuses critiques dont celui-ci est l’objet depuis plusieurs années… Enfin, le rapport cite expressément la nécessité de trouver un cadre national pour une évaluation externe de l’efficience de la formation prodiguée aux enseignants, qui est déjà largement en vigueur dans la plupart des pays européens. Le rapport complet est à lire sur : Le cahier des charges actuellement en vigueur Que pensent les directeurs d’IUFM du projet d’intégration dans l’Université ?Les directeurs d’IUFM, réunis en conférence les 11 et 12 mai 2006, ont voté à l’unanimité un texte d’orientation dont le sens n’est pas facilement décodable… On sent les réticences, mais elles sont écrites dans une telle langue qu’elles ne peuvent être comprises qu’avec un décodeur… Un document de janvier 2006 faisait déjà état des problèmes identifiés et des solutions proposées par la conférence des directeurs d’IUFM : Outre les problèmes géographiques (non-correspondance entre le découpage administratif des universités et des IUFM, les directeurs d’IUFM estiment que » l’article L.713.9 du code de l’éducation retenu par le législateur obère pour beaucoup les solutions à ces problèmes et, qu’en outre, il ajoute des obstacles structurels à l’accomplissement des missions de formation qui leur sont confiées, en particulier celle des 25000 fonctionnaires stagiaires (…) En d’autres termes, les IUFM sont légitimement inquiets de leur avenir : avenir des personnels enseignants (qui ne sont pas tous universitaires), des maîtres-formateurs issus du terrain (quelle qualification leur donner pour les intégrer à l’Université ?), des ATOS (seront-ils fondus dans les moyens de l’Université ?), mais aussi avenir des structures (que deviendront les centres départementaux, quel tissu imaginer pour les lieux de stage des PE2 ?…) Dans un autre communiqué, les directeurs d’IUFM portent également un regard critique sur les modifications profondes introduites par la circulaire du 11 mai 2006 (qui) précise que les professeurs des écoles stagiaires (PE2) effectueront désormais, à l’issue de leur réussite au concours de recrutement de professeurs des écoles, un stage en responsabilité de 30 jours, filé sur l’ensemble de l’année scolaire, à raison d’une journée par semaine dans un des cycles de l’école primaire. S’ajouteront à ce stage filé deux autres stages en responsabilité (de trois semaines chacun) organisés de façon groupée dans les deux autres cycles. (…) Cependant, alors que les recrutements des nouveaux formateurs pour la rentrée ont été effectués, que les modalités d’organisation de la seconde année et les contenus de la formation continue avaient été arrêtés, les directeurs d’IUFM ont à l’unanimité regretté le délai extrêmement court imparti aux instituts de formation pour réorganiser complètement et en moins d’un mois la deuxième année de formation des futurs enseignants du premier degré.(…) » Patrick Picard
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