Page 1 – Page 2 – Page 3 – Page 4 – Page 5 – Page 7 – Page 8 – Page 9 – Page 10
Le dossier à télécharger (en pdf) – L’affichette pour la salle des profs (en pdf)
La méthode syllabique, une méthode élitiste !
Mireille Usséglio, Enseignante spécialisée AIS – Conseillère pédagogique
Cette « bonne vieille méthode » aboutissait à 30 % de redoublants au CP, à une époque où la moitié des enfants quittaient l’école sans aucun diplôme…
Il est temps de réfléchir sérieusement. Le code alphabétique définit les relations entre les 26 lettres et les 36 sons de notre langue. C’est déjà un premier problème : 26 / 36 … Il n’y a pas de correspondance terme à terme.
C’est comprendre que pour écrire la syllabe [sã], il faut associer dans le bon ordre les deux sons [s] + [ã]. C’est apprendre et mémoriser qu’il existe de multiples possibilités d’écriture de cette syllabe : Voici les difficultés liées au fonctionnement de notre langue écrite auxquelles les enfants doivent être confrontés pour apprendre à lire et à écrire. C’est là, la réalité linguistique à laquelle personne ne peut échapper. On en mesure la complexité !
Que nous proposent les adeptes de la syllabique ? Selon eux, il faudrait : – Dire dans un 1er temps à l’enfant : « b » et « a » ça fait « ba » et ne lui donner à « lire » que des mots où « ba » se lit [ba].
– Dans un second temps lui dire « b » et « an » ça fait « ban » comme dans bande, ruban…en évitant soigneusement ce jour là, la rencontre avec le mot « banane »…
Autrement dit, ces « pédagogues » nous proposent de construire un apprentissage basé une succession d’affirmations fausses.
Il faut le dire : C’est une méthode élitiste ! Parce que seuls, les enfants qui ont le désir de lire parce qu’ils savent ce que cela va leur apporter, qui ont les compétences langagières ( vocabulaire et syntaxe ) liées à la langue écrite, qui ont la certitude que ce qui est écrit a un sens qu’ils pourront comprendre, seuls ceux-là peuvent tirer profit de l’enseignement incohérent de l’approche syllabique du code grapho-phonique.
Mais n’est-ce pas là, le but des initiateurs de cette campagne ? Il suffit d’aller sur les sites de ces « groupes de pressions indépendants » × ultra conservateurs qui ne cachent même pas leurs objectifs de réformes telles que » faire des classes socialement hétérogènes mais intellectuellement homogènes », ou « supprimer le collège unique » et « créer un examen d’entrée en sixième », ou encore « créer les conditions d’une concurrence ouverte et équitable entre le secteur public et les initiatives privées.
Texte intégral :
http://www.cafe-leblog.net/index.php?2005/12/13/30-l-enseignement-de-la-lecture#co
Ecrire avant de lire
Jacques Delacour, directeur d’école
Merci d’abord à tous ceux qui défendent notre liberté pédagogique, à ceux qui reconnaissent la faiblesse de la recherche pédagogique en France, à ceux qui pensent qu’il serait utile de vérifier les assertions d’un pédagogue chevronné sur l’apprentissage de la lecture.
Les Instituteurs de C.P. qui sont intervenus dans le débat se comptent sur les doigts d’une main. Et ils ne sont pas entendus. On attend des élèves qu’ils comprennent ce qu’ils lisent. On est donc en droit d’attendre des chercheurs et des décideurs qu’ils comprennent les affirmations des uns et des autres. Sans caricaturer. Que signifie ce retour à la syllabique ? (…)
En ce qui me concerne, je professe qu’il n’y a pas d’entrée réelle en communication écrite par la lecture. Que la porte d’entrée est le codage, l’écriture, et que la lecture est une conséquence de l’écriture. (…) Au pays de Descartes, on peut espérer que le questionnement finira par interroger ! Or, il a fallu inventer l’écriture, le codage de l’oral, pour relire ensuite. Historiquement le codage est premier. Ce que les pionniers ont élaboré sur des années n’est-il pas le cheminement à respecter ? Lorsqu’on commence par coder, le sens est au départ, il suffit d’inventer un code. Et l’avantage du code alphabétique c’est qu’il code des phonèmes, ce qui permet à l’enfant de reproduire avec les symboles écrits, ce qu’il a produit seul avec le code oral. La structure de fonctionnement est similaire. Si je sais écrire mare, je peux écrire ma, art, rame arme, bref, jouer de la combinatoire exactement comme à l’oral. (…)
(…) Boscher a trahi Schuller. Il a inversé le processus : ce n’est plus /a/ qui s’écrit « a » mais « a » qui se lit /a/, il a instauré le décodage encore prôné actuellement. Il a transformé la méthode d’écriture en une méthode de lecture, croyant naïvement comme certains l’affirment que les lettres représentent 85% des sons de notre langue. Ces derniers prennent les statistiques d’écriture (celles de Nina Catach) pour des statistiques de lecture. Ce ne serait pourtant pas difficile, sur un texte donné, d’établir la comparaison édifiante entre écriture et lecture. Si on écrit « monsieur Martin n’a pas rencontré monsieur Mandrin », « n » ne se lit /n/ que dans 1 cas sur 7 (14 %) mais /n/ s’est écrit « n » dans 100%des cas. Dans des textes divers /n/ s’écrit à 100% « n », mais « n » se lit /n/ seulement dans 15 et 25% des occurrences. On est loin des 85%. C’est encore plus frappant pour les sons composés : j’écris « en » pour représenter /en/…Mais les idéovisualistes avaient raison alors, comment lire « ils viennent en tenue de sport » ? Oserai-je faire remarquer qu’à l’écriture cette phrase ne présente aucune difficulté majeure, le seul /en/ présent s’écrivant aussi facilement que ne s’écrira le /n/ de viennent (nnent).
(…) Alors, messieurs les chercheurs – et je me réjouis de l’ouverture de Michel Fayol sur le sujet – quand testerez-vous cette démarche qui n’enlève rien à tout ce qu’on sait sur la lecture mais qui permet à l’enfant de bien comprendre le fonctionnement avant de généraliser et d’automatiser. Et s’il a écrit, il saura que tout écrit est porteur de sens et que la sonorisation ou la vision doivent libérer le sens emprisonné. Le praticien affirme : tout élève de CP disposant de la parole sensée peut comprendre comment fonctionnent écriture et lecture, il lui reste à apprendre à écrire et à lire rapidement. Je l’ai réalisé en CP ainsi que d’autres maîtres, parfois à leur insu, lorsqu’ils favorisent copie et écriture (ici écriture de connu et non pas création comme je le propose). Tout maître chevronné de CP sait qu’un enfant qui écrit (même « fauxnétiquement ») sait lire, l’inverse n’est pas vrai.(…)
Texte intégral :
http://www.cafe-leblog.net/index.php?2005/12/13/30-l-enseignement-de-la-lecture#c303
Page publiée le 03-02-2006