Bibliographie
Enseigner, apprendre, savoir(s)…
Retz prend le risque de publier un nouvel ouvrage qui entend présenter de manière « simple et concrète » les questions de base qui se posent aux enseignants des écoles débutants. Du coup, à trop vouloir embrasser, on court évidemment le risque de ne pas totalement étreindre… : « l’école accueille des enfants qu’elle doit transformer en élèves », « l’enseignant doit être patient, écouter et s’adapter en gérant l’inattendu », « la parole doit être libre », « l’agencement de la classe est important… »
Mais on aurait sans doute tort de trop faire la fine bouche en ne saluant pas la tentative de l’auteur de tenter de mettre en mots simples le résultat de ce qui peut aujourd’hui faire le fond de commerce du « genre » enseignant, comme disent les ergonomes. Si le raccourci sur l’évaluation est plus que sommaire (q.18), les invariants d’une fiche de préparation (q.15) sont très pertinents, même si l’auteur aurait gagné à prendre le temps de mieux cerner les avantages (et difficultés pour l’enseignant) du travail en groupe hétérogène dans l’apprentissage.
Le chapitre sur les partenaires dit l’essentiel, notamment sur les relations avec les parents. Concernant les rapports avec la mairie, il eut sans doute été nécessaire d’évoquer les pressions montantes sur la sécurité de locaux et la mise en conformité des différents plans de prévention des risques, souvent oubliés dans les écoles.
Le chapitre sur « Apprendre » est essentiellement centré sur l’ approche de l’auteur, ce qui ne fait pas souci en soi, mais n’est jamais simple à gérer lorsque on prétend à la fois faire oeuvre de vulgarisateur et présenter ses propres conclusions de recherche. Ainsi, certaines formes pédagogiques sont longuement développées (comme l’Entretien Cognitif à visée d’apprentissage, p.89-91) dans lesquelles on privilégie l’enseignant médiateur.
A l’inverse, le fond de la critique sociologique de l’école, telle que développée par Lahire et reprise dans les travaux didactiques de Jacques Bernardin, est à peine effleurée, tout comme les récents travaux de M.C. Toczek et D. Martinot, pourtant citées dans la bibliographie.
Au total, un ouvrage utile et clair, qui n’échappe pas aux limites de l’exercice du fait de la trajectoire de l’auteur, docteur en sciences de l’éducation et formateur dans l’enseignement spécialisé
Le métier d’enseignant en 70 questions
Michel Perraudeau
Retz, collection Question Clés
Avril 2005.
148 pages,