Le HCEE veut « taxer » le redoublement
» On rend plutôt service à un élève faible en ne le faisant pas redoubler : il ne sera sans doute pas parmi les meilleurs en fin de scolarité obligatoire, mais il ne sera pas moins compétent – au contraire – que son camarade ayant redoublé et il ne se verra ni marqué ni stigmatisé par un retard ». Cet avis très clair est formulé par le Haut Conseil de l’Evaluation de l’Ecole qui s’appuie sur un rapport de Jacques Paul et Thierry Troncin (IREDU). Le redoublement y apparaît comme inefficace du point de vue des progrès des élèves, nuisible, car il démotive et stigmatise et inéquitable, car le seuil de redoublement varie d’un maître à l’autre. Ce rapport n’apporte rien de nouveau : il confirme les études précédentes (voir le dossier du Café). Ce qui est nouveau c’est la réflexion du HCEE sur les moyens à apporter pour mettre fin à cette pratique si ancrée dans nos habitudes. » Pour porter remède à cette pratique.., alors que la plupart des parents et des enseignants la considèrent comme bénéfique, une mesure radicale pourrait aider les équipes éducatives à s’interroger sur son efficacité. Il faudrait que les moyens, dégagés jusqu’ici par la prise en compte des redoublants au même titre que les autres élèves lors de l’allocation des dotations aux écoles et aux collèges, ne soient plus attribués qu’à l’issue de la négociation d’un projet alternatif prévoyant d’autres mesures de lutte contre les difficultés des élèves. Un tel dispositif n’aurait bien sûr de sens et d’efficacité qu’à condition que les écoles et les établissements soient aidés dans la mise au point de leurs projets ». Ce que demande donc le HCEE c’est une autre politique.
http://cisad.adc.education.fr/hcee/documents/avis14.pdf
http://cisad.adc.education.fr/hcee/documents/Rapport_Paul_Troncin.pdf
Le fardeau du redoublement
« Pour la première fois, grâce à des tests faits en juin et septembre, il apparaît que le niveau scolaire des élèves appelés à redoubler s’effondre pendant les vacances tandis que les autres conservent leurs acquis et progressent. Ces derniers savent qu’ils ont un handicap à compenser, ils sont incités à travailler par leur famille, par les enseignants. Les redoublants sont quant à eux démobilisés ». Jean-Jacques Paul, directeur de l’IREDU, commente dans Fenêtres sur cours (n°266), les études sur le redoublement. Au primaire pas de doute : le redoublement est nuisible : « un redoublant ne rattrape jamais son retard ». Que faire alors ? « Je suis le premier à dire qu’il faut savoir gérer les moyens de manière efficace sans en exiger toujours plus. Mais il en faut beaucoup pour pouvoir compenser du handicap social dès les petites classes. Il faut du suivi individuel, du renforcement et se confronter aux racines psychologiques de la difficulté scolaire ». Il faut aussi, affirme-t-il améliorer la formation des maîtres.
http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/Fsc266.pdf
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Appel pour changer l’évaluation
» En raison de conceptions ancrées sur le classement des individus, les pratiques d’évaluation apparaissent souvent comme un couperet destiné à sélectionner. Elles sont assujetties généralement à la règle des trois tiers : un tiers de « mauvais », un tiers de « moyens » et un tiers de « bons », y compris quand les objectifs ont été globalement atteints par la grande majorité des élèves. Ce phénomène, relaté sous le nom de « constante macabre »* se manifeste à des degrés divers aux différents étages du système éducatif… Ainsi, sous la pression de la société, les enseignants sont souvent des sélectionneurs malgré eux, alors que leur vraie mission est de former. Ils peuvent ainsi contribuer au découragement de générations d’élèves qui, malgré leur travail et leur niveau, font partie du « mauvais tiers » ». Avec le soutien d’Education & Devenir, la FCPE,la Ligue de l’enseignement, la Peep, le Se-Unsa, le Snesup, le Snceel, l’Unapel, l’Unef, Tangente, l’Anrat, Math’Adore et Math en jeans, le Mouvement Contre la Constante Macabre lance un appel pour un large débat sur l’évaluation dans le système éducatif français.
http://mclcm.site.voila.fr/
L’heure de vie de classe
« La création de l’heure de vie de classe vise à prendre en compte la vie des adolescents dans la classe en permettant à chacun de trouver sa place. Elle s’inscrit dans une tradition pédagogique née au XVIIIème siècle ». Voilà ce que dit le prof. « C’est une heure où l’on parle de ce qu’on veut, de ce qui se passe au collège… Ca enterre toute ma haine que j’ai contre les profs. Elle est utile car les professeurs principaux et les camarades nous écoutent et ça résout les problèmes… Elle fait réfléchir les gens ». Voilà ce que dit Laure, élève de troisième. En effet, l’ouvrage d’Arnaud Dubois et Muriel Wehrung lie la mise en place de l’heure de vie de classe à un courant pédagogique, celui de la pédagogie institutionnelle. C’est dire que sa diffusion réelle dans les établissements est difficile. Elle demande un véritable changement de posture de l’enseignant. L’intérêt de ce livre est de mettre en perspective cette pratique dans la tradition de la pédagogie institutionnelle tout en nous offrant des exemples concrets d’utilisation de cette heure. Car l’heure de vie de classe ne sert pas qu’à régler les conflits et nouer un dialogue entre adulte et adolescents. Elle se met aussi au service d’une véritable éducation civique. Les auteurs montrent comment la programmer pour préparer et rendre compte des conseils de classe ou pour aider les élèves dans leur travail personnel. L’heure de vie de classe apparaît alors comme un dispositif particulièrement créatif et innovant pour l’Ecole.
A. Dubois, M. Wehrung, Professeur principal. Animer les heures de vie de classe, CRDP d’Amiens – Crap Cahiers pédagogiques, Amiens, 2004, 172 pages.
http://crdp.ac-amiens.fr/cyberlib/sommaire.htm
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2004/10/index291004.aspx
L’évaluation des établissements
« L’évaluation de l’établissement, loin d’être réductrice, s’adresse en effet aux capacités les plus hautes de réflexion et de connaissance de ses acteurs et s’adresse en particulier aux maîtres comme à des intellectuels ». Dans leur rapport, les inspecteurs généraux Jean Étienne et Roger-François Gauthier analysent les procédures actuelles d’évaluation des établissements scolaires et proposent de nouvelles méthodes au service d’une nouvelle ambition. « L’évaluation, est dès lors le moyen par lequel l’établissement peut en apprendre plus qu’il n’en sait sur son action et les effets de son action et donc peut par là percevoir en quoi son activité est conforme à ce qu’on peut attendre d’un service public ».
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/eval_lyceecollege_2004.pdf
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D’où vient l’effet établissement ?
Certains établissements réussissent mieux que d’autres. Pourquoi ? Deux théories s’affrontent à ce sujet : pour certains c’est l’organisation pédagogique de l’établissement qui prime. Pour d’autres, la composition de la population de l’établissement. Xavier Dumay et Vincent Dupriez (Girsef) analysent ces facteurs en se basant sur les résultats de Pisa. Résultats embarassés : » Les résultats mis à jour plaident en faveur de l’hypothèse posée, puisqu’il ressort des analyses.. que les différences entre établissements scolaires s’expliquent tant par un effet combiné de la composition et des processus, que par un effet propre de ces deux dimensions explicatives. Il apparaît dès lors que les effets des processus internes et de la composition peuvent partiellement se comprendre comme des effets indirects, puisqu’ils interagissent les uns avec les autres ». L’étude souligne donc la complexité des liens et invite à un effort de recherche sur les pratiques scolaires en contexte.
http://www.girsef.ucl.ac.be/Cahiers_CREF/036cahier.2.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
P.Meirieu répond
» En réalité, les contempteurs du pédagogisme défendent la culture en faisant preuve, en matière pédagogique, d’une sidérante inculture ! Ils croient que ce qu’ils dénoncent a émergé avec Mai 68, alors qu’il s’agit d’un mouvement né avec les Compagnons de l’Université nouvelle en 1918 et porté par l’Éducation populaire depuis l’affaire Dreyfus. Un mouvement qui, effectivement, ne se résigne pas à ce que les «héritiers» accèdent seuls aux savoirs et que les autres en soient écartés, un mouvement qui tente de lier dans le même acte, transmission et émancipation ». Philippe Meirieu répond, dans les colonnes du Figaro, à un article de R. Redeker. « Les critiques du prétendu pédagogisme font peser sur notre démocratie un terrible danger. Ils stigmatisent, en effet, l’égalitarisme et n’hésitent pas à s’attaquer à l’un des trois principes fondateurs de notre République : l’égalité. Pour eux, l’égalité en éducation serait synonyme de médiocrité. On rougit d’avoir à rappeler que l’égalité n’est pas l’uniformité, que l’égalité devant l’instruction et l’accès de tous aux fondamentaux de la citoyenneté sont consubstantielles au projet démocratique ».
http://www.lefigaro.fr/debats/20050118.FIG0217.html
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2005/01/index100105.aspx
Parution du n°7 d’Alsic
La revue sur l’apprentissage des langues et les systèmes d’information et de communication publie un nouveau numéro qui regroupe les communications annuelles. Au sommaire les traditionnelles revue des thèses et bibliographies et une sélection de comptes-rendus de recherche. Par exemple, O.R. Nikolova étudie les effets des hyperliens sur l’acquisition lexicale en langue étrangère. E. Bouvet et D. Breelle rendent compte d’un dispositif de pistage informatisé des stratégies de lecture.
http://alsic.org/
L’impact positif des CPGE en ZEP
» L’effet de l’offre sur la demande, l’effet de la localisation de cette offre dans des contextes scolaires typés socialement, l’effet de la composition sociale du public d’élèves d’un établissement jouent, en soi et toutes choses égales par ailleurs, sur la probabilité d’envisager une classe préparatoire ». Etudiant l’orientation des lycéens de terminale, Nadia Nakhili, IREDU, montre le lien entre l’origine sociale et le fait d’être dans un établissement défavorisé dans l’accès aux classes préparatoires (CPGE). Mieux, elle établit que » l’effet négatif pour l’élève de ne pas être dans un établissement de type favorisé peut être compensé par le fait qu’il y ait une classe préparatoire dans son établissement… Il suffirait statistiquement, pour réduire en partie les différences de demande de classe préparatoire pour des élèves comparables, de rééquilibrer l’offre de classe préparatoire en en ouvrant davantage dans les établissements de type défavorisé ». Une étude qui suggère une autre politique.
http://www.u-bourgogne.fr/upload/site_120/publications/2004/04123.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Un zeste de ZEP en Grandes Ecoles
« Le but c’est de leur ouvrir l’esprit, de découvrir des chose qui leur sont inconnues parce qu’ils habitent la grande banlieue et que leurs parents n’ont pas le temps ou l’idée de les emmener à Paris ». Le Parisien du 18 janvier fait le portrait d’Aurore qui « coache » des lycéens de ZEP pour les préparer au filières d’excellence. Un article qui paraît au moment où celles-ci font un effort timide d’ouverture. « La Conférences des présidents d’université, la Conférence des Grandes Ecoles et la Conférence des Directeurs d’Ecoles et Formations d’Ingénieurs s’engagent à promouvoir auprès de leurs membres toute initiative permettant le rapprochement entre les universités, les grandes écoles et les lycées accueillant les élèves (de ZEP) ». Ils ont signé le 17 janvier avec le ministre de l’éducation nationale, le ministre de l’emploi et le ministre délégué à l’intégration une « Charte pour l’égalité des chances dans l’accès aux formations d’excellence » qui devrait encourager les établissements qui, comme Sciences Po, s’entrouvrent aux lycéens des quartiers populaires. L’opération « Tremplin STX » devrait viser particulièrement les lycéens des séries technologiques.
http://www.cge.asso.fr/
http://www.leparisien.fr/home/info/vivremieux/article.htm?articleid=245962319
Une mission sur la lecture
F. Fillon a annoncé le 2 février qu’il donnait mission à l’écrivain Erik Orsenna et à l’inspecteur général Borne d’établir l’état des avoirs sur les méthodes d’apprentissage de la lecture afin de redéfinir la formation des enseignants. Il donne ainsi à penser que la solution au problème de l’illettrisme vient de l’utilisation d’une méthode erronée. Rappelons que l’excellent site ministériel Bien lire ! a déjà réuni un nombre important de travaux théoriques qui montrent la complexité de l’illettrisme, de sa remédiation et même de sa définition. Sur ce terrain là aussi, la décision ministérielle semble ignorer les travaux des chercheurs et partir à l’aventure.
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=200523116
http://www.bienlire.education.fr/
Nuls en dictée
» Je suis dévoré d’impatience de voir le meilleur de mes amis celui avec lequel je serait toujours amis nous nous aimerons, ami qui sera toujours dans mon coeur. Oui ami depuis la naisance jusqua la mort » ? » Dans Le Monde, Laurent Greilsamer rappelle malicieusement cette correspondance du jeune Flaubert pour donner une leçon à Sauver les lettres : » La dictée, c’est comme du sirop. Il faut en ingurgiter beaucoup pour que cela soit efficace. C’est un exercice pour adultes. Laissons respirer les élèves, laissons-les se passionner pour des choses de leur âge ». Plus sérieusement, Les Cahiers pédagogiques évoquent la longue histoire des adorateurs de l’orthographe : à peine inventée, de bons maîtres juraient que le niveau baissait… Avant de défendre un autre projet éducatif : » puisque les tests intéressent tellement, pourquoi n’irions-nous pas voir du côté de l’enquête PISA ? On y apprend que si les élèves français sont dotés de connaissances, ils ont du mal à les réutiliser dans d’autres contextes, tandis que les écoliers finlandais obtiennent les meilleurs résultats du monde dans presque tous les domaines, en particulier dans la lecture et la production d’écrits. Or leur école n’a plus rien à voir avec les systèmes scolaires du XIX° siècle. On y pratique une pédagogie active, on y développe l’autonomie des élèves, on n’y est pas obnubilé par l’évaluation, et la primauté des cours magistraux y fait figure de curiosité d’un autre âge. Beaucoup de pédagogues, en France, se sont engagés dans cette voie. Ce n’est pas parmi eux que « Sauver les lettres » a recruté ses zélateurs… »
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=1394
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3208,36-397190,0.html
Le jeu
« Les élèves qui ne savent pas jouer ne comprennent pas les règles de la vie en société ». Libération évoque dans son numéro du 7 février une expérience menée dans le Nord où les écoles utilisent le jeu pour mobiliser les enfants et leurs parents en faveur de l’école et faciliter le travail scolaire : « quand on leur demande de travailler ça se fait tout seul : ils savent maintenant faire des choses en collaboration ».
http://www.liberation.fr/page.php?Article=273646
http://www.liberation.fr/page.php?Article=273647