Pétition pour la formation
« La formation continue du second degré a été cassée, celle du premier degré est en train de subir le même sort. On s’en prend aujourd’hui à la formation initiale. Dissous dans des universités de rattachement souvent très pauvres, que restera-t-il aux IUFM de leur autonomie juridique et financière -donc pédagogique- pour organiser de manière cohérente et intégrée l’ensemble de la formation ? » Une pétition nationale est lancée contre la réforme des IUFM voulue par F. Fillon. Elle demande que les personnels concernés soient associés aux discussions sur l’intégration des IUFM en université et qu’ils puissent participer à la rédaction du cahier des charges de la formation des enseignants. En enjeu : la formation universitaire et la professionnalisation des milliers d’enseignants qui remplaceront ceux du baby boom.
http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/petition_iufm.htm
http://cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/2003/analyses_38_accueil.aspx
Un cahier des charges pour les IUFM
Rédigé par la Conférence des directeurs d’IUFM, ce Cahier des charges de la formation professionnelle des enseignants en IUFM fixe un certain nombre de principes. Les directeurs défendent le principe d’une formation longue allant de la licence à la seconde année d’exercice et donc celui d’un accompagnement. Il mettent l’accent sur la particularité de cette formation : « former des enseignants est un métier… Les dispositifs de formation sont encadrés par des équipes de formateurs pluri-catégorielles dont l’IUFM assure la professionnalisation », ce qui implique l’autonomie des IUFM au sein de l’université. . C’est dire qu’ils défendent l’idée de la professionnalisation : » Les trois grands ensembles constitutifs de la formation (culture disciplinaire, compétences pédagogiques, formation du fonctionnaire du service public de l’éducation) sont pris en compte en première et deuxième année de façon différenciée. En première année dans le cadre de la préparation aux concours, en seconde année pour construire les compétences formalisées dans le référentiel ». Un texte qui vient relancer le débat sur le projet de loi Fillon qui prévoit l’intégration pure et simple des IUFM en université et qui semble ne voir dans la formation que la culture disciplinaire, la pédagogie relevant de la simple autorité personnelle.
http://www.iufm.fr/actualites/portail/IMG/pdf/Cahier_des_charges.pdf
Tribune : Formation des enseignants : J-L. Auduc : on tourne le dos aux besoins
Les différentes interviews du ministre et le contenu du rapport annexé à la loi d’orientation m’inquiètent beaucoup concernant la formation des enseignants. La logique sous-jacente tourne le dos aux besoins du système éducatif et aux défis que représente le renouvellement de 40% des enseignants dans les 6 ans qui viennent. Le rattachement des IUFM aux universités porte le risque d’une modélisation du concours de recrutement des professeurs des écoles sur celui des professeurs du second degré.
Rien n’est dit du contenu des concours :
Est-ce que les concours de recrutement tels qu’ils sont conçus actuellement répondent aux défis posés par l’exercice du métier enseignant ? La réponse apparaît négative face à ce qu’est aujourd’hui la réalité du travail enseignant et les exigences d’une professionnalisation accrue des enseignants. Les concours de recrutement, notamment ceux du second degré, devraient ne plus être exclusivement tournés vers l’amont de la formation universitaire, mais comprendre des épreuves tournées vers l’aval, c’est-à-dire, vers le métier qu’ils doivent exercer.
C’est l’inverse qui semble se préparer.
Quand François FILLON dit dans son interview à l’Express le 10 janvier 2005 : « ( en première année) la formation académique est très importante. Mais le temps de stage en seconde année doit s’accompagner d’une vraie formation pédagogique dispensée par des praticiens de terrain », il continue à se situer à l’inverse de la plupart des pays européens dans une perspective de formation SUCCESSIVE.
La formation des enseignants est une véritable exception française.
La formation en France est organisée historiquement sur le mode SUCCESSIF, notamment pour le second degré où les concours ont un âge respectable : l’Agrégation date de 1772 et le CAPES de 1950……
1) On reçoit d’abord une formation académique à l’Université, puis, après, une formation professionnelle à l’IUFM. Cette organisation impose au stagiaire un changement de posture radicale d’une année sur l’autre..
Il doit ainsi se montrer capable de transmettre des savoirs, de mettre des élèves en apprentissage alors que l’année précédente, ils cultivaient les savoirs pour eux-mêmes hors de toute perspective éducative.
2) Dans d’autres pays européens, on a une formation SIMULTANEE. On se forme en même temps pendant la durée de ses études dans les domaines académique et professionnel sans changement radical de posture.
Les projets actuels apparaissent tourner le dos à ce qui existe dans la majeure partie des pays européens, auxquels pourtant on se réfère dans le projet de loi et risquent d’accentuer la distorsion entre formation académique et formation professionnelle.
Le rapport annexé laisse sur sa faim concernant la professionnalisation des enseignants.
Il faut permettre au futur enseignant de se construire une identité professionnelle qui s’appuie sur des savoirs, des savoir-faire, et des gestes professionnels. Ceux-ci se construisent dans deux pôles :
– A l’IUFM, pour acquérir des savoirs scientifiques et disciplinaires, la connaissance des programmes d’enseignement, des compétences techniques ; il analyse ses pratiques et échange avec les formateurs et les autres professeurs stagiaires.
– Dans des établissements scolaires , il assure d’une part des enseignements et exerce, avec les soutiens nécessaires, la responsabilité dans une classe et prend, d’autre part, sa place dans un établissement particulier. A ce titre, l e professeur stagiaire acquiert une capacité propre d’expertise.
Une meilleure articulation entre ces pôles de formation est indispensable. Il faut permettre au jeune enseignant de « penser le local » en ayant présent à l’esprit la politique nationale de l’institution à laquelle il appartient : le service public de l’éducation nationale qui doit assurer une même qualité d’enseignement, dans le respect de programmes et de règlements nationaux sur tout le territoire. Il faut ensuite que l’IUFM soit le lieu des réponses que le professeur stagiaire se pose , mais aussi le lieu où il est en mesure de faire état de ses premiers choix comme autant de parcelles d’un savoir professionnel légitimé par l’expérience.
Jean-Louis AUDUC
Directeur-adjoint IUFM de Créteil
Jean-Lous Auduc est l’auteur de « Parents ne restez pas sur le trottoir de l’école » chez Nathan.