La publication des indicateurs de performance des lycées est un événement attendu par les enseignants, dont elle reconnaît le travail, et par les parents, en quête de « bons lycées ». Rappelons que ces indicateurs ne se limitent pas au taux de réussite au bac. Ils prennent en compte la « valeur ajoutée » propre à chaque établissement en comparant le taux de réussite à l’examen au taux « attendu » compte tenu de l’âge et de la composition sociale des élèves. Il montrent également la capacité du lycée à accompagner ou non au bac une grande partie d’une tranche d’âge. Ainsi ces statistiques donnent un aperçu sur l’efficacité scolaire de chaque établissement pour chacune de ses filières.
Plus globalement, ils permettent aussi d’évaluer l’efficacité totale des lycées français et leur typologie. On peut ainsi reconnaître quatre types d’établissements. D’abord les plus performants qui représentent 40% des 1483 lycées. Ce sont ceux qui apportent à la fois un bon taux de réussite et un fort taux d’accès au bac. Inversement la France compte 13% de lycées peu performants. Il y a aussi ceux qui obtiennent de bons résultats en sélectionnant leurs élèves : ce sont les « sélectifs » : 22% des établissements. Enfin ceux qui gardent leurs élèves plus que la moyenne grâce à des redoublements efficaces et finalement emmènent au bac un fort pourcentage d’élèves entrés en seconde : ce sont les accompagnateurs. A ces quatre profils d’établissements correspondent, selon une étude ministérielle, des profils d’élèves et d’enseignants particuliers. Ainsi les établissements performants sont aussi ceux qui ont le plus fort pourcentage de lycéens favorisés. Cela confirme que l’absence de mixité sociale est malheureusement un facteur important de réussite scolaire. Ces lycées sont aussi ceux qui comptent le plus fort taux d’agrégés et les enseignants les plus âgés. On ne s’étonnera pas de retrouver des caractères inverses dans les établissements les moins performants. Plus intéressante est la situation des lycées « accompagnateurs » : il se distinguent par un fort pourcentage d’enfants de milieux défavorisés et par des enseignants plus jeunes que la moyenne.
Ces indicateurs ont sans doute un impact important sur les choix des familles les mieux informées c’est à dire qu’ils reflètent, plus qu’ils ne renforcent sans doute, la sélectivité sociale des lycées performants. Et cela même si certaines informations utilisées pour calculer les classes d’établissements au niveau national restent inaccessibles aux familles, comme le profil social des élèves qui fréquentent le lycée ou la qualification des enseignants. Enfin les récents travaux des sociologues de l’éducation montrent qu’il serait intéressant de voir si l’ethnicisation de certains établissements est en rapport avec leurs performances et leur sélectivité. On peut penser que le développement des ENT pourrait bientôt poser différemment la question de la transparence des établissements. Un sujet brûlant. Enfin les stratégies pédagogiques des établissements performants, et particulièrement des « accompagnateurs », restent dans l’ombre.
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=20043151728
http://indicateurs.education.gouv.fr/
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/eva0403.pdf
Ailleurs…
Par comparaison, les indicateurs accessibles aux parents en Ecosse et à New-York vont beaucoup plus loin : informations sociales, ethniques etc.
http://www.parentzonescotland.gov.uk/
http://maps.nycboe.net/
A Denver, les indicateurs entrent dans la paie des profs
1000$. C’est ce que devraient rapporter de bons résultats scolaires aux enseignants de Denver. Ils ont accepté qu’une partie de leur salaire dépende de leur « mérite ». Ainsi un professeur qui passe un concours ou qui accepte de travailler dans une école défavorisée obtient un sur-salaire compris entre 3 et 9% Dépasser le taux de réussite moyen rapporte 3% de paie supplémentaire, soit les fameux 1000$ annuels pour un débutant. Comme les avantages peuvent s’accumuler, la municipalité y voir un moyen d’inciter les « meilleurs » enseignants à venir travailler dans les établissements difficiles. Au prix moyen de 5000$ chaque.
http://www.csmonitor.com/2004/0330/p11s01-legn.html
Royaume-Uni : Exigences renforcées sur les écoles
Comment évaluer les établissements ? A cette question, en France, on répond depuis quelques années par une batterie d’indicateurs des lycées dont l’édition 2004 est attendue justement ce 30 mars. Des données qui restent sans conséquences puisque d’un coté les parents sont « tenus » par la carte scolaire, de l’autre l’administration se borne à un diagnostic sans apporter de soutien important aux établissements en difficulté. La philosophie est très différente en Angleterre où le service d’inspection des écoles vient de relever les barèmes de réussite pédagogique : de mauvais résultats sur 10% des matières entraîne sanction : le déclassement de l’école ce qui générera une réaction des parents, l’intervention des responsables et le risque d’une mutation pour le chef d’établissement et une partie du personnel. Le SHA, Secondary Heads Association, syndicat des chefs d’établissement, s’inquiète, dans un article de BBC News, de ce relèvement prévu pour septembre 2004 et s’insurge contre ce qu’il définit comme une ingérence bureaucratique. Il demande à ce que les exigences soient relevées « dans un climat qui encourage l’innovation, la décentralisation et l’autonomie. Ils acceptent la nécessité du contrôle mais dans un système moins lourd ».
http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/3574105.stm
Que faire des décrocheurs ?
Chaque année, ils sont 150.000 à quitter l’école sans aucun diplôme. Luc Bronner, dans Le Monde du 27 avril, présente plusieurs dispositifs mis en place pour scolariser ces élèves qui, pour des raisons très variables, s’excluent de l’école. Ainsi à Clisthène (33) le collège accueille une centaine de décrocheurs. Et pour cela les collégiens assument différents rôles éducatifs dans et hors l’établissement. Le principal cherche « à susciter la motivation des élèves pour réduire l’échec scolaire, à mener une prévention efficace de la violence et à permettre un réel apprentissage de la démocratie ». Mais ces établissements expérimentaux n’accueillent un nombre de jeunes sans rapport avec les besoins.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-362659,0.html
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-362660,0.html
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-362661,0.html