Le signal d’alarme a été tiré par la CNARELA, relayée par le groupe Lettres du SNES.
Dans l’académie de Limoges, le latin et le grec seraient supprimés dans neuf lycées. Dans celle de Versailles, seul le lycée La Bruyère proposerait à terme l’enseignement de ces deux langues.
De telles mesures relèvent pour le moment d’initiatives académiques. Elles sont donc encore susceptibles d’être discutées, et elles le sont. Mais elles sont un premier pas vers un regroupement des options, afin d’éviter la dispersion des élèves en petits effectifs.
Elles sont probablement destinées aussi à lutter contre une forme périmée d’élitisme au collège, si l’on en croit une déclaration de Jean-Paul de Gaudemar au sujet des effectifs d’enseignants : « Il n’est pas normal de baisser leurs moyens [i.e. ceux des collèges] au bénéfice d’une multiplication d’options aux lycées pour une petite poignée d’élèves. Il y a là une dérive élitiste ».
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_article/0,1-0@2-3226,36-348375,0.html
L’inquiétude est vive parmi les enseignants de langues anciennes qui s’expriment dans les établissements, et sur les forums. Le débat s’est montré parfois excessivement politisé, se plaçant sur un terrain idéologique. Mais certaines questions demeurent : « La logique qui prévaut est d’ordre économique, mais quelle réflexion est menée sur le long terme ? » demande ainsi un collègue de Toulouse. Arwen, un élève de terminale littéraire, témoigne de la situation du grec dans son lycée : « Il est de plus en plus difficile pour les élèves des sections scientifiques d’étudier les langues mortes. Pourquoi cette discrimination ? »
Une pétition s’est rapidement mise en place sur un site latiniste, affichant des preuves et des exemples de la valeur formatrice des langues anciennes. Un appel vient d’être publié par Jacqueline de Romilly, dans Le Figaro du 29 janvier.
http://www.lefigaro.fr/debats/20040129.FIG0311.html
Toutefois, les enjeux se situent plutôt du côté de l’efficacité de l’enseignement de ces options, mais aussi du budget qu’il représente. En nous réfugiant derrière des paravents idéologiques, aussi justes soient-ils, nous risquons d’esquiver ces questions, qui ont leur poids.
Pour les enseignants de langues anciennes, le combat se situe néanmoins toujours sur le terrain pédagogique : il faut poursuivre et encourager les initiatives qui donneront envie aux élèves de suivre ces options.
Pensons aussi, comme l’a rappelé récemment un collègue, à faire figurer sans faute sur les dossiers d’orientation en fin de troisième, les choix du latin et/ou du grec, pour les élèves qui sont intéressés ; cela, afin que l’administration dispose de chiffres fiables.
Pour en parler, les forums sont là :
news://fr.lettres.langues-anciennes.latin
news://fr.lettres.langues-anciennes.grec
http://listes.educnet.education.fr/wws/info/musagora