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Ludovia 2010 > Catégories
               Table Ronde Ressources, Manuels , livres et jeux Numériques

A l’heure où les manuels scolaires des nouveaux programmes de seconde tardent à paraître et où seule leur version numérique sera disponible à la rentrée, il est encore plus urgent de s’intéresser aux ressources numériques.

Définitions

Gilles Braun, SDTICE, attire d’abord l’attention sur le fait que le mot « ressources » n’est pas défini lorsqu’il s’applique à la pédagogie ou au numérique. Mais en admettant cette dénomination, il faut distinguer deux sortes de ressources : les ressources d’utilisation (tout matériau détourné de sa destination initiale pour l’enseignement) et les ressources de destination (celles effectivement conçues pour l’enseignement).

 Les ressources varient également selon leur processus éditorial, qu’il soit local ou international via le web.

Quel est le manuel numérique idéal ?

Les adeptes du web2.0 le désirent à l’image du livrescolaire.fr, c'est-à-dire comprenant à la fois une ligne éditoriale, mais permettant l’adaptabilité, la modification des éléments par le professeur ou les élèves. (Voir le blog http://www.cafepedagogique.net/communautes/Ludovia2010/Lists/Billets/Post.aspx?ID=8)

Julien Llanas, d’EduGameLab, souligne la dicotomie du modèle du livrescolaire.fr, qui est à la fois de ce fait une ressource d’utilisation mais offre une possibilité de détournement. La tendance est au détournement, et pas seulement celui des ressources classiques. Celui du  jeu vidéo, par exemple, qu’il soit brut, découpé, intégré dans une séquence, programmé spécialement. Julien cite le jeu Donjons et radons qui intègre les notions du programme : il faut par exemple changer les états de l’eau pour progresser dans le jeu.

Jean Baille, de Maxicours, confirme la politique éditoriale de la société dans le même sens : les ressources de destination, uniquement pensées pour le numérique, offrent une possibilité d’interactivité : les fiches sont modifiables par les professeurs, qui demandent de plus en plus de travail collaboratif.

 (Voir le blog

http://www.cafepedagogique.net/communautes/Ludovia2008/Lists/Billets/Post.aspx?ID=8)

Pour Pierre Garnier, du  Kiosque Numérique de l’Education, qui parle des éditeurs institutionnels, la priorité n’est pas de créer mais de produire de l’usage autour des contenus. De plus en plus les destinataires ne sont plus directement les élèves, mais les professeurs. En tous cas les éditeurs sont très réactifs.

Les conditions de la mise en œuvre, retours d’expériences

Gilles Braun parle de retours d’expérience auprès d’enseignants non spécialistes, confrontés à l’utilisation des manuels numériques en classe de 6ème par l’intermédiaire des ENT (700 enseignants, 15000 élèves). Très intéressés par l’expérimentation, beaucoup ont déploré des problèmes techniques (sans préciser s’ils venaient du TBI ou du manuel numérique lui-même). Tous se sont montrés très critiques sur l’offre des manuels. Le retour est cependant positif en ce qui concerne l’attitude des élèves, leur attention s’est accrue. Par contre, l’utilisation est frontale, par projection collective sur le TBI. Les enseignants manquent de formation pour diversifier les usages. L’usage du manuel par les élèves hors de la classe reste un problème (même si 98% sont connectés, que proposer aux 2% restants ?) ; ils possèdent en outre le manuel papier à la maison. Les enseignants par contre se servent de la forme numérique pour préparer le cours.

Jean-Louis Attané, du Conseil Général de l’Ariège confirme les retours d’expérience positifs

pour deux collèges ambition réussite de lavelanet (150 élèves de 6ème). Les professeurs ont éprouvé un besoin de mutualisation disciplinaire et même interdisciplinaire. L’expérience se poursuit cette année en 5ème, mais son coût est très élevé (30000 euros par classe, pour un équipement de qualité).

Le problème du changement de salle se pose : professeurs et élèves trouvent chacun un intérêt à rester dans leur salle équipée…il n’y a pas de solution.

Dans les Landes, des ordinateurs équipés de 14 manuels numériques ont été attribués aux élèves de 3ème, relate Pierre-Louis Ghavam, du Conseil Général. Les manuels sont cependant gravés sur le disque dur, pour un accès égalitaire à la maison et éviter les lenteurs d’utilisation. Malgré ça, seuls les manuels de LV sont utilisés à domicile (pour les sonorisations). Comme tous les décideurs locaux, P.L. Ghavam déplore l’usage des ressources par les enseignants, par manque d’incitation de la hiérarchie.

De l’accompagnement à la bonne utilisation des ressources

Alain Séré - IGEN-MEN  et Julian Alvarez, de Ludoscience mettent en garde contre le détournement des ressources. Les auteurs suivent des lignes éditoriales ou des objectifs précis qui ne sont pas forcément atteints dans un usage libre ou détourné. C’est ce que nous prouve Julian Alvarez, qui, ayant conçu le serious game Technocity (académie de Toulouse) pour inciter les élèves de «3ème à choisir un métier industriel, a vu la ressource détournée par des élèves de 6ème en CDI, dans un but purement récréatif, sans même éveiller les soupçons des documentalistes. Il est vraiment nécessaire d’accompagner les utilisateurs. Une autre solution, très efficace du point de vue pédagogique, est d’impliquer l’utilisateur dans la conception même de la ressource. En créant eux-mêmes un nouveau jeu, les élèves ont assimilé le parcours pédagogique.

De la même façon, les lycéens souhaiteraient être davantage acteurs et impliqués dans l’activité numérique du lycée (enquête auprès de 5000 lycéens élus).

Quelles transformations ?

Force est de constater que l’apparition du manuel numérique n’a pas entraîné une pédagogie active. Ce n’est pas l’outil qui génère les usages, ce sont les usages qui poussent à trouver les bons outils.

L’école elle-même sera-t-elle transformée ? Le modèle du cours de 55 minutes, de la salle de classe sont-ils adaptés aux évolutions numériques ?

Ces questions ont été posées maintes fois pendant ces rencontres, mais aucune imagination n’a été assez fertile pour proposer des modèles nouveaux et crédibles.

 

Le référentiel « Collège et Etablissement Numérique » proposé par le Ministère de l’Education Nationale et son implication dans les interactions avec les collectivités locales (financières et techniques).

Jean Cazanave, président de la commission éducation au Conseil Général de l’Ariège, rappelle en préambule les interrogations des élus locaux par rapport aux politiques de recentralisations, qui ne définissent pas clairement les compétences de chacun dans le partenariat de demain. La crainte qui s’exprimera dans toutes les tables rondes est celle du transfert des compétences de l’Etat vers les collectivités territoriales avec une diminution des budgets.

Benoit Ducange – SDTICE, nous présente le référentiel « Collège et Etablissement Numérique », proposé par le Ministère de l’Education Nationale. C’est un outil destiné aux chefs d’établissements. C’est un référentiel d’auto-positionnement, accessible, non normatif, facile à utiliser. Il est destiné, une fois fait l’état des lieux, d’optimiser le fonctionnement du collège numérique, à communiquer avec les partenaires dans un but de valorisation. Il est aussi destiné à mettre en avant les marges de progrès internes grâce à une aide méthodologique.

Ce référentiel comporte plusieurs volets qui listent les ressources matérielles et techniques de l’établissement, les ressources humaines disponible, les usages de l’enseignant et des élèves en classe et hors temps scolaire.

D’après les retours et l’évaluation qui en a été faite, il s’avère que le poste le plus pauvre est celui du travail de l’élève hors temps scolaire. Après la phase expérimentale, ce référentiel doit être distribué dans tous les établissements fin septembre 2010.

Benoît Ducange demande aux intervenants de réagir par rapport à ce référentiel, pour éventuellement y apporter des modifications.

Sur quoi sont-ils d’accord ?

Les projets qui fonctionnent sont ceux mis en place en partenariat entre les collectivités locales et les établissements (Sylvie Leloup, de la Caisse des Dépôts et Consignations.)

Le  diagnostic doit permettre, pour progresser, une communication avec tous les acteurs de la communauté, y compris les parents. Il est indispensable aussi de se positionner par rapport aux autres établissements, d’après Anne-Marie Gros, CTICE au Rectorat de Toulouse.

L’objectif premier est la réussite des élèves. Ce référentiel doit donner les clés du changement aux chefs d’établissement, sans oublier leurs adjoints, en prenant en compte les parents. Les enseignants suivront, d’après François Jollivet, Directeur de l’Education et du Sport Conseil général du Val d’Oise.

Et surtout, il faut accompagner les équipes de direction.

C’est dans ce sens qu’A. M. Gros et  Sylvie Leloup,  présentent les deux outils mis en place en partenariat. Le dispositif de marquage des plates-formes ENT mesure effectivement, non par déclaration sur le référentiel, l’utilisation des ENT par les différents acteurs. Il ne s’agit pas cependant d’une mesure qualitative et les visites non connectées ne sont pas comptabilisées (page d’accueil des ENT et informations générales). Le site Projets.fr permet la présentation des usages, leur mutualisation, l’échange entre les établissements.

Le rectorat de Toulouse a mis à la disposition des chefs d’établissements une cellule d’accompagnement dans leur développement numérique. Un pôle d’appui dans chaque bassin de formation incite également les établissements à mutualiser les pratiques et à communiquer

François Jollivet, préconise de généraliser le plan numérique des collèges du Val d’Oise, nommé ensemble/séparément. Partant d’un état des lieux de la variabilité des moyens et des projets, partenaires région/Etat partageant des objectifs communs, il faut travailler à renouveler la gouvernance des établissements (en mettant en place un accompagnement des équipes de direction), à développer l’attractivité, à développer les échanges avec les parents.

Quelques points de discorde.

F.  Jollivet  rappelle que la formation des enseignants est dévolue à l’Etat. De plus, le besoin en ressources numériques va s’accroître : qui va gérer les contenus fournis par les enseignants, qui va les payer ?

Un échange s’ensuit sur le partenariat des établissements et des collectivités locales autour du projet d’établissement. A en croire messieurs Jollivet et Cazanave, les attitudes sont très variables d’un département à l’autre, les uns étant débordés par les demandes de subvention (Val d’Oise), les autres par le manque d’ambition des projets (Ariège).

 

Nous verrons que la Norvège a aussi mis en avant des équipes de direction fortes et très impliquées, sans qui le numérique ne peut se développer dans les établissements. Pour ce qui est du partenariat avec les collectivités locales, il semble bien fonctionner (surtout du côté des collectivités…) On regretterait presque qu’elles ne prennent pas en charge la formation des enseignants…

 

Retrouvez les présentations de chaque intervenant, ainsi que la synthèse de Lyonel Kaufmann, du café Pédagogique,  sur le site de Ludovia

http://www.ludovia.org/2010/2010/08/24/1400-%e2%80%93-16h00-table-ronde-evaluation-des-politiques-numeriques-%c2%able-referentiel-numerique-%c2%bb-interactions-collectivites-editeurs-enseignants/

 

 

Table Ronde Interactive « l’école au Cœur du territoire numérique»

En préambule, il a fallu redéfinir le thème de cette table ronde, la notion de territoire numérique posant question. C’est Jean-Louis Burtin, Chargé au plan national de la coordination des TICE pour le 1er degré qui l’évacue par la notion de « transposition d’un territoire géographique dans un espace numérique ». Ce n’est sans doute pas plus accessible, et chacun dans son intervention soulignera ce qui se fait au plan local.

Alain Naudy – Vice président  de la Communauté de Communes des vallées d’Ax en charge des affaires scolaires, a pour souci principal d’apporter une aide pour rétablir une équité entre les élèves, de la frontière andorrane aux Cabanes, sur 9 écoles et 2 cantons.  La fracture numérique est réelle dans la vallée, ainsi que la disproportion des moyens entre les communes. La communauté alloue 1250 euros/élève par an.

La communauté de communes est partenaire du projet d’échange culturel avec l’Andorre et l’Espagne (DONEP), et prend part au financement de l’équipement progressif des élèves de cycle 3 en micro ordinateurs. Le projet DONEP a cependant été entravé par le manque de participation des partenaires étrangers.

Daniel Subervielle Inspecteur d’Académie de l’Ariège, rappelle le caractère particulier du département de l’Ariège, en  milieu rural, essentiellement constitué de classes multi-niveaux, multi-âge multi-compétences (ce qui, au passage, conforte les résultats des élèves les plus fragiles).
Il y a eu un véritable engouement pour l’opération Ecoles Numériques Rurales (56 dossiers).
Monsieur l’Inspecteur se félicite de la très bonne collaboration entre les collectivités locales et les enseignants. Les élus ont manifesté un réel enthousiasme en s’emparant du projet.
Un effort important d’accompagnement des enseignants a été fait dans ce département par les animateurs informatiques (6 postes pour 3 circonscriptions) et le conseiller pédagogique, qui ont aidé à la définition des projets et à leur prise en main.

Gérard Borios – Mission TICE IA 0 explique concrètement en quoi consiste le projet ENR. C’est un concept global de numérisation d’une école, qui comprend le câblage, l’accès au  réseau, le filtrage, la sécurisation des matériels, le choix des ressources, la maintenance, et l’accompagnement des enseignants. Les principaux équipements fournis sont les TBI et les classe mobiles, ainsi que les matériels de sécurisation. Les services tels que le serveur, l’authentification des élèves et le filtrage ont été centralisés au niveau du rectorat. L’évolution souhaitée est de proposer tous les services à travers un ENT primaire centralisé au niveau académique.
En ce qui concerne la formation et le suivi des enseignants, elles ont été confiées d’une part aux fournisseurs, d’autre part aux équipes pédagogiques TICE, pour un total de 6 demi-journées.
Restent à mettre en place la validation du C2I2E pour les enseignants en poste (déjà validé au niveau des IUFM), et les espaces de stockage et de mutualisation des pratiques, pour une diffusion au niveau départemental.

Pour Jean-Loup Burtin, il s’agit de donner une cohérence à l’ensemble des projets existants dans chaque sous-direction. En effet, un important  travail de proximité auprès des communes a été  mené par les IEN et animateurs TICE dans les circonscriptions, mais il fallait trouver une unité, notamment pour pallier à l’inégalité territoriale. La hiérarchisation du territoire est très défavorable aux écoles, 18000 communes ont au moins une école. De plus, les élus manquent souvent d’informations sur les leviers possibles dans les communes. Le projet des ENR est appelé à faire tache d’huile et à basculer vers un projet ENUrbaines.
Partant du constat que la France est 21ème sur 25 au niveau européen dans les usages des nouvelles technologies par les enseignants, et qu’une étude américaine montre qu’un enfant qui n’est pas en contact quotidien avec le web est défavorisé dans ses apprentissages, l’institution ne pouvait que réagir en se saisissant du problème. L’introduction du numérique est ainsi préconisée à tous les niveaux : dans le livret de compétences du socle commun, le  B2I, la circulaire de rentrée 2010. L’importance capitale du rapport Fourgous comme impulsion est aussi soulignée (on regrettera de ce fait l’absence à Ludovia de Jean-Michel Fourgous, qui était initialement invité, et qui aurait pu donner une réelle dimension aux tables rondes…). Jean-Loup Burtin  propose également d’introduire un projet numérique dans les projets d’écoles.


De nombreuses expérimentations ont dores et déjà été menées et évaluées, dont l’expérimentation mini-portable (équipement des classes de CE2), le projet 1000 visios. Elles seront suivies par l’usage de la balladodiffusion.


Des actions sont menées pour l’accompagnement des enseignants du premier degré, comme la création du portail Primtice, qui donne accès à des scenarii avec les ressources pédagogiques afférentes.
Il faut poursuivre dans ce sens, généraliser le guide de formation ENR, utiliser les parcours  alternatifs de formation, capitaliser les compétences du C2i2e pour une certification du plus grand nombre, former les cadres, les IEN stagiaires.


Enfin, rien ne se fait sans la collaboration avec les collectivités locales, qui doit être matérialisée par une contractualisation de chaque projet.

Comme pour le projet des ENT dans le secondaire, on assiste à l’habituelle confrontation entre les élus et les représentants de l’Education Nationale, au niveau de la répartition des charges : comment mutualiser les moyens pour la prise en charge de la maintenance. Les acteurs locaux se heurtent à la lourdeur de l’Education pour mener à bien des projets pour lesquels ils investissent beaucoup, dans un espoir de développement et d’ouverture de leur commune. L’enthousiasme du départ s’émousse parfois.

Les écoles pourraient être au cœur des Cyber bases, si le haut débit était généralisé. Mais une nouvelle fracture s’opère entre les écoles équipées et les autres.


Enfin, les élus craignent que le matériel fourni aux enseignants ne soit pas suffisamment investi dans les pratiques quotidiennes et appellent à une formation élargie et rapide.

 

 

 

Table Ronde Interactive : « Etablissement du XXIème siècle et Numérique »

 

Cette table ronde, traditionnelle à Ludovia, au contenu fort conventionnel, qui évolue peu d’une année à l’autre, se voulait cette année novatrice dans la forme, placée sous le signe de l’interactivité, puisque c’est le thème de 2010.

Au bas de l’estrade, au premier rang des fauteuils, se tiennent  blogueurs et tweeteurs, priés de réagir de façon si possible impertinente, et d’user et d’abuser de leur capacité d’ubiquité, pour écouter ce qui se dit tout en s’interpellant entre eux et en suscitant la participation des copains restés à la maison. C’est promis, en fin de séance, on lira quelques twitts et on y répondra. Le mur de tweets ne s’affichera cependant pas sur l’écran géant dans le dos des intervenants,  comme c’était le cas hier (c’était tout de même un peu dérangeant…), mais seulement dans la phase « récréative ».

La société Prométhéan tentera également, en guise de questions de l’assemblée, de faire réagir l’auditoire par boîtier électronique interposé, en affichant des questions issues du BarCamp d’hier soir, auxquelles il faudra répondre massivement, de préférence par oui u par non . Ce sera un fiasco total, tant les questions seront mal posées (et quand on touche à la pédagogie dans cette assemblée, il vaut mieux savoir de quoi on parle !), et tant l’exercice est vain. Heureusement, le président du colloque scientifique, Patrick Mpondo Dicka, sauvera le public de l’ennui et du ridicule par ses interventions fines et pertinentes à propos du contenu des questions, rappelant des principes forts mais souvent ignorés, entre autres qu’il faut s’intéresser aux usages et les objectifs pédagogiques avant de choisir les outils et non l’inverse. On a réellement assisté ici sur l’estrade à la confrontation de 3 mondes différents, ceux qui, par définition d’ailleurs, doivent se rencontrer à Ludovia, ceux de la recherche, des institutionnels et des développeurs commerciaux.

On pourra constater en fin de séance qu’il y a bien eu interactivité entre le monde des blogueurs et le public et les intervenants, mais que ça n’a pas aidé à l’interaction entre des univers trop différents, et qu’il n’y a que des questions (toujours les mêmes), pas de réponses…Le public, c’est à dire nous, et, par notre intermédiaire, vous, sommes encore restés sur notre faim.

La table ronde :

La région Midi-Pyrénées est représentée par Nicole Belloubet –Vice Présidente de la Région

Le projet des ENT, associant les autres collectivités locales, l’Etat et les personnels de l’éducation, est une préoccupation forte qui s’intègre dans un ensemble dédié au numérique (haut débit, téléphonie, cablage en milieu rural, réseau à très haut débit ASTER).

Le Conseil régional est soucieux de réduire les inégalités face au numérique, et, dans ce cadre, a initié le projet « Ordilib » (http://www.midipyrenees.fr/-Actualite-Ordilib-la-Region-permet-aux-nouveaux-lyceens-d-acquerir-leur) , qui consiste à offrir un PC portable équipé aux  entrants en seconde, sous conditions de ressources.

L’avènement du numérique amènera une rupture dans les unités de temps, de lieu et d’action, qui étaient constituantes jusqu’ici de l’établissement scolaire. Le spatio-temporel se déplacera hors les murs de la classe, et les actions répondront aux exigences d’une pédagogie en réseau et non plus descendante, le management sera lui aussi bouleversé.

Outre la question de la maintenance des équipements, récurrente,  le problème d’une redistribution des espaces s’impose : le groupe classe éclate , il faut prévoir des espaces pour l’individualisation, des espaces pour le travail en équipe des enseignants.

Les collectivités locales développent des politiques éducatives (sans parler de pédagogie), et fournissent des outils en conséquence. Les questions qui se posent sont celles de la finalité de ces outils, du repérage des publics à aider, de la formation des personnels de l’éducation.

Le discours des collectivités locales est donc toujours orienté vers une mise en cause des responsabilités de l’Etat vis à vis du développement pédagogique et de la formation des enseignants. Oui, tout le monde en parle… 

 

Olivier Dugrip – Recteur de l’Académie de Toulouse, d’apparence sereine et insensible aux appels des collectivités locales, souligne au contraire les succès des partenariats, se félicite de l’essor de l’opération « Ecoles numériques , qui représentent 10% des écoles de l’académie, de l’accès à l’ENT de tous les lycées fin 2010 et du bon équipement des collèges, notamment de ceux qui participent à l’expérimentation nationale du cartable numérique (7 collèges de l’académie, 5 en Aveyron et 2 en Ariège).

L’utilisation des ENT déjà en place reste cependant limitée : l’appropriation des outils et le changement dans les cultures nécessitent du temps, l’optimisme est de mise. Cette adaptation sera favorisée par une mutualisation des pratiques (curieusement, le recteur est le seul à ne pas évoquer une formation des enseignants, ni même un accompagnement).

S’ensuit une justification du développement du numérique à l’école, si nous étions encore à convaincre : il s’agit d’une évolution inéluctable, l’outil étant ancré dans la culture des élèves ; il répond aux besoins de la pédagogie d’aujourd’hui, en permettant à l’élève d’être l’acteur de son propre apprentissage ; sa motivation en est accrue et les  apprentissages facilités ; les échanges sont favorisés hors les murs entre maître et élèves, assurant une  continuité pédagogique. L’outil central de l’ENT est pour lui le cahier de texte, autour duquel tout s’articule.

A l’unanimité, Monsieur le Recteur, vous ne nous avez rien appris que nous ne sachions déjà.

L’Etat se décharge élégamment de ses missions en appelant à la mutualisation des pratiques entre enseignants et au partenariat renforcé avec les collectivités locales. (François Jollivet donnera l’exemple de la région Poitou Charentes, où les TOS ont été mutualisés au niveau régional pour assurer la maintenance informatique des établissements scolaires).

 

Qu’en est-il en Norvège ?

Geir Ottestad, chercheur en statistiques, représente le ministère de l’éducation norvégien. Il s’exprime sans difficultés en anglais. Un traducteur est désigné, qui, malheureusement, ne se débrouille pas bien mieux que moi, qui aurais du mal à valider mon master2…Du côté des (autres) bloggueurs, on piaffe, on parle anglais couramment, bien-sûr !

En Norvège, on a commencé à équiper les établissements scolaires dans les années 90, et les usages ont été également très lents à s’installer et ont nécessité un gros accompagnement au niveau des enseignants.

L’élément vraiment déclencheur a été l’introduction d’un référentiel de compétences – ou curriculum – dans les programmes scolaires à partie du primaire. Ce référentiel demande une validation d’items comparables à ceux de nos B2I ou C2I, mais transversaux. Une étude statistique des pratiques est réalisée tous les 2 ans pour inciter les établissements à renforcer leurs pratiques. On observe effectivement une augmentation nette de la fréquentation des ressources numériques par les lycéens et les étudiants depuis la mise en place de ces programmes. Chaque enseignant a la responsabilité d’introduire le numérique dans son enseignement, dans une grande liberté de moyens, ce qu’ils ont d’ailleurs eu du mal à s’approprier. Quelques exemples d’items à valider en primaire en cours de norvégien nous convainquent du côté ambitieux du projet : maîtrise des structures complexes de la langue par le traitement de texte, identification des sources, respect des droits d’auteur ; articuler l’expression orale à partir de jeux vidéos, pratiquer l’expression écrite en histoires illustrées et animées, en incluant la recherche d’informations sur le web. L’importance de faire débuter le projet par les classes primaires est soulignée : les enseignants sont plus à même de repérer les compétences déjà acquises et de les faire évoluer.

Les outils ont permis une évolution des pratiques et une possibilité d’éclatement de la classe traditionnelle: il existe par exemple des superclasses de 120 élèves de niveaux différents qui travaillent en autonomie pendant 2 heures sur des outils numériques, avec à leur disposition une équipe de professeurs qui supervisent.

 

François Jollivet pour l’Assemblée des Départements de France

De l’immeuble aux meubles

Une des propositions des décideurs locaux pour répondre aux changements induits par l’utilisation massive du numérique combinée aux restrictions budgétaires, est de financer plus de numérique, et moins de bâtiments ces derniers à des publics différents hors temps scolaire.

Un débat s’instaure : quelle est l’autonomie des élèves dans les établissements scolaires ? Les salles de permanence équipées sont-elles nécessaires ? N’est-il pas judicieux de conserver des espaces sans machines ?

Nous laisserons la conclusion à Mario Asselin, notre Quebecquois préféré, pour qui les changements de posture dans l’enseignement sont un corollaire de notre société de l’abondance de la connaissance.

 

Ouverture officielle de l’Université d’été Ludovia 2010

Augustin Bonrepaux, président du Conseil Général de l’Ariège, nous rappelle les objectifs de Ludovia : faire rencontrer tous ceux qui contribuent à l’amélioration de l’éducation. En présence de l’invité d’honneur représentant le Ministère de l’Education norvégien, il avoue que nous sommes en retard par rapport aux pays nordiques dans le numérique. Pourtant, dans ce département rural, il ne reste que 4000 foyers à couvrir. Tous les collèges sont déjà engagés dans le processus du numérique et 2 collèges sont en expérimentation du cartable numérique.

Le rôle des différentes collectivités et de l’Etat est en évolution incertaine, tout est à redéfinir. Le problème majeur est celui soulevé par le matériel pédagogique numérique : matériel ou pédagogique ? Le matériel, c’est la collectivité locale, le pédagogique, c’est le ministère…Les logiciels remplaceront les manuels scolaires. Qui doit entretenir un matériel qui est à la fois technique et pédagogique ? Et la formation des enseignants ? C’est par manque de formation qu’ils n’utilisent pas le matériel fourni par les collectivités locales.

 

Interaction, interactivité, ubiquité

A Ludovia, il y a d’un côté des tables rondes thématiques, de l’autre un colloque scientifique. Et de ces exposés émergent des mots clé : interaction, interactivité, ubiquité.

Le développement des médias de communication à vitesse grand V laisse entrevoir un avenir radieux pour une certaine créativité pédagogique. Médias sociaux, jeux sérieux, accès au savoir hors des murs de l’école, les voies sont multiples, accessibles pour tous ou presque pour peu que les collectivités territoriales mettent la main à la poche. Pour peu aussi que le cadre fixé par le ministère de tutelle ne rigidifie pas à l’excès le système. Pour peu enfin que les acteurs de terrain, chefs d’établissement en tête, s’emparent des outils et des ressources. Une politique numérique concertée, des pratiques de terrain, les ingrédients de la recette ont besoin d’un lien essentiel : le dialogue et pas un dialogue de sourd.

 

L’interactivité / l’interaction, thème retenu pour cette édition 2010 de Ludovia, débordent du cadre strictement technologique. En vingt ans nous sommes passés des outils baptisés interactifs par la grâce des hyperliens à une véritable interactivité foisonnante favorisée par les réseaux sociaux et les blogs. Mais pour l’institution qu’elle soit locale ou nationale, la révolution ne s’est guère produite. On constate plutôt une juxtaposition des politiques et des pratiques bien loin des usages quotidiens qu’en font les élèves et les profs chez eux. Les promesses de l’interaction ne demandent qu’à être explorées, elles doivent avant tout être comprises pour initier le dialogue attendu.

Nicole Pignier Ceres , enseignante à l'Univesité de Limoges, intervenante au colloque scientifique

 

Car, les outils de communication changent considérablement nos comportements et nos modes d’échanges. L’immersion du dialogue virtuel, SMS en tête, dans nos relations quotidiennes amène une nouvelle dimension, celle de l’ubiquité. L’école s’empare peu de cette réalité, mis à part des expériences pédagogiques isolées. On aménage les règlements intérieurs comme si on voulait de toute force faire rentrer la communication du XXIe siècle dans un carcan construit pour une époque révolue. Pourtant, les outils et les usages interrogent profondément notre relation aux autres dans le cadre scolaire et ailleurs et renforcent la nécessité d’une éducation aux médias.

Interactivité, interaction, les mots demandent à être visités et c’est là tout l’intérêt de Ludovia, dans ce voisinage entre colloque scientifique et tables rondes, entre analyse des chercheurs et questionnements au quotidien.