Adresse Email :
Mot de Passe :
Mot de passe oublié? Pas encore inscrit?
 
Liens
Photos
Ludovia 2010 > Catégories
De l’usage ludique à la performance (en Norvège)
 

Geir Ottestad, chercheur en statistiques auprès du ministère de l’éducation norvégien, complète son intervention  de la table ronde sur les ENT.

Rappelons que l’élément vraiment déclencheur de l’usage massif du numérique à l’école a été l’introduction d’un référentiel de compétences – ou curriculum – dans les programmes scolaires à partir du primaire. Ce référentiel demande une validation d’items comparables à ceux de nos B2I ou C2I, mais transversaux. Une étude statistique des pratiques est réalisée tous les 2 ans pour inciter les établissements à renforcer leurs pratiques.

On observe effectivement une augmentation nette de la fréquentation des ressources numériques par les lycéens et les étudiants depuis la mise en place de ces programmes. Chaque enseignant a la responsabilité d’introduire le numérique dans son enseignement, dans une grande liberté de moyens.

Ici, Geir Ottestad va nous présenter le point de départ, c'est-à-dire l’observation des comportements des jeunes par rapport aux nouvelles technologies, définir ce que l’école peut en faire, et faire un état des lieux des progrès accomplis danse l’acquisition des compétences.

Les nouvelles exigences dans l’éducation sont par exemple l’élaboration de textes complexes, avec intégration de graphiques, la maîtrise de nouvelles compétences. Comment y arriver à partir des savoir-faire déjà acquis ?

L’observation de l’usage des nouvelles technologies hors l’école, montre que les pratiques quotidiennes d’une fille de 18 ans ne sont pas différentes de celles observées ici (connexion à Facebook, transfert de photos (en étant averti cependant de ses dangers vis à vis de la protection de la vie privée), chat sur MSN, recherche sur Wikipedia, sur Google , activités liées à la fréquentation de sites de blogs musicaux),  mais plus étendues, 96% des foyers sont équipés d’un ordinateur, voire deux.

On note aussi une connaissance des outils utilisés par les générations précédentes ( la grand-mère utilisant l’email au lieu des chats et réseaux sociaux). Les garçons sont de plus experts en téléchargement de films ou de logiciels.

Les conduites addictives ne sont cependant pas décrites, les jeunes profitant du week-end pour privilégier les rencontres physiques.

Le rôle de l’école est de transférer et organiser ces savoir faire, pour passer des loisirs numériques aux compétences définies dans le curriculum.

Le rôle des équipes de direction est encore repris comme levier essentiel vers une meilleure maîtrise des usages du numérique, ainsi que l’acquisition d’un équipement opérationnel pour tous, des supports, de la mutualisation pédagogique, la mise en réseau des établissements.

On observe en outre une vraie rupture entre le collège et le lycée.  Les collégiens ne maîtrisant pas les compétences attendues au lycée, les premières semaines sont consacrées à la remédiation.

Pour quels résultats ?

Le temps de connexion hebdomadaire est de 4 heures  pour les lycéens, dont 40% dédié au travail scolaire, en très nette progression depuis 2003.

Les lycéens sont dotés, par décision nationale, d’ordinateurs portables, et tous les espaces sont  équipés en wifi. Ce qui explique une connexion hebdomadaire à l’école d’au moins 9 heures, en particulier dans les disciplines norvégien, sciences sociales et anglais.

La connexion des professeurs pour le travail est aussi de 4 heures hebdomadaires. Environ 20% d’entre eux tiennent des blogs professionnels.

On n’observe pas d’inégalités entre établissements, les inégalités entre élèves sont dues à leurs propres capacités, contrairement à ce qui se passe en France.

Statistiques à l’appui, on voit que le temps d’utilisation des outils numériques augmente les compétences, jusqu’à un seuil critique (d’où sans doute la maîtrise nécessaire d’un usage raisonné).

Voilà donc un système éducatif qui, au lieu d’avoir peur d’être dépassé par les compétences « naturelles » des élèves (digital natives !), les ont observées, ont compris qu’elles étaient perfectibles par l’école, et devaient l’être, les ont transformées en moyens de la réussite. Un bel exemple.

 

 

Un lycée du 21ème siècle en Norvège

Terje Risa, directeur de l’école Akademiet de Bergen, en Norvège est très fier de nous présenter son établissement.

C’est un lycée privé, dont les principes fondateurs  sont la rentabilité et l’excellence. Parmi les moyens utilisés pour y parvenir, il y a une utilisation massive (forcenée ?) de la plate-forme Its’learning, que l’on pourrait comparer, dans ses fonctions, à nos ENT, avec un renforcement des interfaces de communication entre tous les acteurs de l’école (direction, enseignants, élèves, parents).

Les 3 points clés de la réussite, selon Terje Risa, sont la force de l‘encadrement, la compétence de tous les acteurs, la prise de risque des enseignants.

Le directeur est le responsable pédagogique de l’établissement, et son ambition est d’en faire le meilleur lycée de Norvège. Tout, dans son attitude, rappelle le chef d’entreprise.

La première étape de l’excellence est la sélection initiale : tous les professeurs doivent maîtriser parfaitement les fonctionnalités de la plate-forme Its’learning (à quand une validation en France de la maîtrise de l’ENT au Capes ?), et les élèves sont sélectionnés sur leur bulletin scolaire (une demande sur six est honorée).

La deuxième étape est la rentabilité pédagogique. L’attitude globale de l’élève est définie selon les principes anglo-saxons du « what, how, why, if ». Toutes les activités proposées par les professeurs doivent correspondre aux items du curriculum (référentiel de compétences), listées au préalable par matière sur la page du professeur prévue à cet effet et destinée à l’élève, qui peut lui-même vérifier ainsi la cohérence de l’enseignement proposé. Les séances de cours sont intégralement enregistrées sur la plate-forme, dans le calendrier, l’élève peut y avoir recours en permanence, et le directeur peut vérifier que les ressources mises en ligne sont pertinentes et mises en lien entre elles (les professeurs sont tenus au travail collaboratif et à l’interdisciplinarité). Pour éviter la dispersion, une seule matière est traitée chaque jour.

La troisième étape est l’exemple venu d’en haut. Le directeur utilise lui-même la plate-forme au maximum, communique avec les élèves sur les usages, les améliorations à porter chaque semaine, incite les enseignants à prendre des risques dans des usages innovants, même s’ils échouent. Il choisit seul le matériel (par exemple des Mac’Intosh exclusivement pour les portables) et les enseignants n’ont aucun droit de regard.

En Norvège, le pourcentage d’établissements privés subventionnés, à hauteur de  85% par le gouvernement, est de 5 à 6%.  Le coût annuel à Akademiet pour les parents est de 1350 euros.

L'ENT en primaire à la sauce norvégienne

L’expérience norvégienne a de quoi nous faire rêver. Puisque 90% des écoles en Norvège utilisent une plateforme d’apprentissage à distance et 100% au secondaire. On dénombre 3000 écoles primaires en Norvège.

 

 

La politique volontariste à tous les niveaux de décision y est pour beaucoup. A commencer par celle du gouvernement norvégien qui a lancé en 2004 une réforme incluant les compétences numériques dans les compétences de base. Les caractéristiques géographiques et historiques du pays, les infrastructures et l’usage du téléphone portable répandus n’y sont pas non plus étrangers.

 

Les raisons du succès tiennent aussi au dispositif mis en place avec un accompagnement des enseignants, la constitution de communautés de pratiques qui se rencontrent en virtuel et en réél. L’importance du relationnel n’est pas à négliger dans la mise en œuvre d’une telle innovation. Les équipes de direction sont impliquées avec un véritable management de projet.

 

Le choix de la bonne plateforme est une étape clé surtout pour l’enseignement primaire, facile à utiliser et avec des fonctionnalités répondant aux besoins des utilisateurs y compris ceux qui ne maîtrisent pas la lecture et l’écriture.

 

A Ludovia, deux plateforme étaient présentées : Itlearning et Fronter. Dans les deux cas, les parents sont inclus dans les utilisateurs de la plateforme, confirmant en mode virtuel l’existence d’une réelle communauté éducative. L’école se prolonge à la maison pour l’élève qui peut consulter et télécharger les contenus et pour les parents qui peuvent suivre la progression de leurs enfants. Le dialogue enseignants/parents/élèves est facilité. Les enseignants mettent en ligne les contenus, produits édités ou propres productions et peuvent utiliser tous les outils disponibles sur le Net y compris youtube et facebook. Les travaux collaboratifs motivent les élèves pour l’apprentissage des savoirs fondamentaux comme le montre l’exemple cité : celui de l’utilisation d’un blog pour l’apprentissage de la lecture.

 

L’exemple de la Kastellet School nous permet de voir quelques ingrédients du succès. La chef d’établissement est la véritable chef de projet. Avant le déploiement de la plateforme, elle savait précisément de quelles fonctionnalités l’école avait besoin, pour quels usages pédagogiques. Un accompagnement est fait par des pairs, des enseignants spécialisés disponibles en permanence. Les ressources doivent respecter une certaine standardisation de façon à en faciliter la prise en main par les enseignants.

 

Bien que les deux ne soient pas totalement comparables, le système français lorgne du côté du système norvégien pour comprendre les clés de la réussite et tenter de les appliquer.

Alors citons à nouveau ces clés : une politique volontariste à tous les niveaux du management, des infrastructures égalitaires et efficaces, l’accompagnement de tous les acteurs de l’école.