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Ludovia 2010 > Catégories
        Nathalie, directrice d’une ENR ariégeoise

 

 

Nathalie, vous êtes directrice d’une Ecole Numérique Rurale de l’Ariège. Parlez-nous de votre parcours.

Je suis nommée sur une petite école rurale de deux classes de cycle 3 (RPI avec la commune voisine). Elle est  située dans la vallée d’Ax les Thermes. Pour ma part, j’enseigne depuis 13 ans,  j’ai enseigné sur des postes particuliers (CLIS et CLIN) pendant plusieurs années, ainsi que sur différents niveaux et dans différents départements (92,91, 31 et…09). Je suis en Ariège depuis 3 ans.

 

Votre école a été sélectionnée, avec une école d’Ax-les Thermes, dans le cadre de la mise en place des ENR, sur la base d’un projet d’échanges culturels avec l’Andorre et l’Espagne. Qui est à l’origine du projet ?

Le projet (DONEP) a été conçu par des universitaires toulousains (prof et étudiants de M2 IFSE de  l’université de sciences sociales Toulouse I et de l’ENFA).

 

Savez-vous sur quels critères s’est basée la sélection de votre école ?
Notre IEN souhaitait choisir une petite école afin de favoriser l’ouverture.

Vous m’avez dit que des obstacles internes à l’organisation des écoles avaient empêché une mise en œuvre du projet satisfaisante ?

Les obstacles sont venus, dans un premier temps, de la gestion très lourde, puisque cela concernait trois pays. Nous avons eu des difficultés à nous rencontrer entre enseignants des différents pays.

D’autre part, ce type de poste (celui de l’enseignant chargé de la classe partenaire du projet) devrait être considéré comme spécifique, puisque sans engagement à court comme à moyen termes, il ne peut y avoir de résultats positifs.

 

Vous nous dites donc que, dans la concertation initiale, les enseignants des classes ont été oubliés…

Vous êtes une adepte de l’usage du numérique à l’école. Quelle place accordez-vous aux nouvelles technologies dans votre pratique quotidienne ?

Une très grande place, le Net permet d’échanger et de trouver des idées plus qu’intéressantes pour sa pratique de classe (mine d’idées, gain de temps, pas de déplacement) …C’est très important quand on habite Bonascre J. Dans mes différentes classes, j’ai toujours essayé de créer  un blog  ou un site, afin que le B2i soit validé d’une manière concrète… De nombreux projets ont pu voir le jour grâce à la Toile (échange avec une classe sénégalaise en maternelle, avec une classe de la Réunion en cycle3)…

 

Les équipements dont a été dotée votre école sont-ils suffisants pour mener à bien vos projets ?

OUI, tous les enfants sont équipés d’un micro ordinateur avec casque et caméra, la classe a son TBI…nous sommes très chanceux.

 

Avez-vous bénéficié d’un accompagnement tout au long de votre parcours professionnel ou êtes-vous « auto formée »?

Je me suis formée toute seule (mais j’ai toujours été baignée dans les nouvelles technologies, car je viens d’une famille très à la pointe dans ce domaine) ; sinon, j’ai pu bénéficier de  quelques animations sur des thèmes très spécifiques : animation en 3 D par exemple…

 

Quel doit être, selon vous le rôle des conseillers pédagogiques TICE ?

Il faut différencier, faire des animations TICE en fonction des niveaux, car les besoins seront bien entendus complètement différents, nous fournir des ressources pour les TBI, nous organiser des temps de rencontres entre collègues bénéficiant d’une classe numérique, afin de booster au mieux les projets…

 

Vous avez été invitée à Ludovia pour la journée du jeudi 26 août, consacrée à l’école primaire - « Journée Premier Degré – L’Ecole au Coeur du territoire numérique».

Notre IEN, fin juin, nous a proposé de venir. J’ai assisté à la table ronde sur les usages numériques dans les écoles en Ariège et j’ai fait un passage sur les différents stands (TBI), j’ai aussi écouté le retour sur les pratiques norvégiennes.

J’ai trouvé le colloque très intéressant, même si les réponses sont un peu conventionnelles… la présentation des différents outils donne plein d’idées. C’était la première fois que je venais à Ludovia, mais j’y retournerai sûrement.

 

Quels sont vos futurs projets, vos espoirs, vos craintes ?

Mener à bien cette rentrée scolaire en utilisant au mieux tout cet équipement numérique : il est prévu un échange avec l’école française d’Helsinki (très en avance sur les nouvelles technologies), donc cela ne peut être qu’enrichissant !

Patrick Mpondo-Dicka : un passeur à Ludovia

Pour embrasser le thème de l’interactivité dans sa totalité, il fallait à Ludovia comprendre deux langages, deux visions, celle des chercheurs, et celle des praticiens, une gymnastique harassante à moins qu’un passeur, véritable bilingue ne nous facilite la tâche. Et dès les premières heures de l’Université d’été, Patrick MPONDO-DICKA a endossé ce rôle lors de l’ouverture du colloque scientifique. La limpidité de ses propos tranchait singulièrement avec les exposés touffus et parfois abscons de ses confrères. Tout au long de Ludovia, ses interventions ont fait mouche par leur pertinence et l’éclairage qu’elles apportaient au débat. Curieuses de découvrir le parcours d’un tel gymnaste de l’esprit, nous lui avons proposé de discuter à bâtons rompus le temps d’un repas.

 

Patrick Mpondo-Dicka est maître de conférences au Laboratoire de Recherche en Audiovisuel (LARA) de l’Université de Toulouse Le Mirail et vice-président de culture numérique, l’association organisatrice du colloque scientifique. Sémiologue, il s’intéresse au langage et à toutes les formes d’expression du sens spécialement dans le domaine de l’audiovisuel, du multimédia, du numérique. C’est à ce titre qu’il intervenait à la conférence inaugurale du colloque scientifique.

 

La démarche de Patrick Mpondo-Dicka se nourrit du métissage entre sa formation universitaire et son parcours au sein de l’éducation populaire. Du mélange des deux résulte une approche dénuée de langue de bois et de jargon, ouverte vers toutes les formes d’apprentissage. Diplômé en lettres modernes, son expérience du pionnicat l’a détourné des chemins de l’enseignement. Surveillant dans un établissement technique, il a perçu l’institution comme un « éteignoir d’enthousiasmes », dressant des obstacles devant les initiatives les plus simples pour améliorer la vie scolaire. Ce qu’il pouvait faire au sein des Céméa, mouvement d’éducation populaire, en animant des ateliers vidéo, s’avérait complexe à implanter dans un établissement scolaire, souvent pour des raisons tenant au bon vouloir du chef d’établissement ou du conseiller principal d’éducation.

 

Patrick a donc poursuivi ses études universitaires en sémiotique et est devenu maître de conférences à Toulouse Le Mirail. Pour lui, sa chance est d’investir des champs peu explorés en réunissant sémiotique, audiovisuel et numérique. Au départ, il distribuait des photocopies couleurs à ses étudiants en sémiotique de l’image, le procédé s’avérait coûteux. L’utilisation d’un logiciel de présentation est arrivée un peu plus tard après avoir vu un spectacle de théâtre à Avignon qui utilisait des présentations pour simuler des décors. Jusque là, se basant sur les usages courants de powerpoint dans les colloques scientifiques, l’outil n’était pour lui qu’un prolongement des transparents trop chargés et trop nombreux. Curieux des nouvelles technologies, il effectue une veille constante qui lui permet d’enrichir son dispositif, de trouver l’outil qui lui permettra de le faire évoluer.

Rapidement, il a souhaité mettre en ligne ses présentations pour préparer et prolonger ses cours. Une semaine avant le cours, Patrick met en ligne le contenu qui permettra de démarrer les travaux dirigés correspondants. Puis, après le cours, le corrigé du TD est posté sur le site. Le numérique est ici complémentaire du présentiel, permettant de relier le temps scolaire et le hors temps scolaire, loin de la dichotomie supposée entre formation à distance et formation présentielle.

Patrick Mpondo-Dicka a longtemps développé son dispositif dans l’indifférence générale. La pédagogie est sa préoccupation, mais elle est loin d’être la préoccupation dominante des universitaires. Les travaux de recherche, les publications entrent plus fortement en ligne de compte dans la notation et l’avancement que les aspects pédagogiques. Et la pédagogie n’est pas une matière obligatoire pour les aspirants à l’enseignement universitaire. Pour se sentir à l’aise dans ce métier, Patrick confie s’être libéré du carcan des représentations de ce qu’est un enseignant universitaire. Son expérience de l’éducation populaire a ancré chez lui le goût de la pédagogie et du décloisonnement entre savoirs formels et non formels.

Pour sortir de cet isolement et s’appuyer sur des compétences techniques, Patrick s’est rapproché de la DTICE (direction des Tice) de l’Université du Mirail à l’occasion du nouveau contrat quadriennal. Partir des besoins des enseignants et des étudiants pour créer des outils et non contraindre les usages à des outils pré-conçus, Patrick, en tant qu’administrateur a accompagné la DTICE dans cette évolution. Durant son mandat, il a aussi aidé à concevoir le prêt d’un portable aux étudiants de première année n’ayant pas les ressources pour en acquérir. Les grèves très suivies à Toulouse Le Mirail ont contribué, il faut bien l'admettre au developpememnt les usages des cours en ligne. Patrick Mpondo-Dicka voit d’un bon œil ces développements même s’il craint aujourd’hui une trop forte normalisation qui l’obligerait à intégrer une plateforme aux fonctionnalités contraignantes.

 

Tout s’explique alors. Enseignant en sémiologie de l’image, Patrick Mpondo-Dicka investit tout autant la recherche que la pédagogie, animateur dans le domaine de l’éducation populaire et prof de fac, il visite aussi bien les savoirs formels qu’informels. S’il fallait un traducteur, un médiateur, un passeur pour faciliter les échanges entre chercheurs et pédagogues, nous, nous choisirions celui là.

Béatrice Crabère et Monique Royer

Lelivrescolaire.fr

Sous la galerie, Emilie Blanchard attend patiemment d’être sollicitée pour faire une démonstration des manuels numériques de l’éditeur Lelivrescolaire.fr. Peu de passants encore, et parmi les présents, qui attendent l’ouverture du colloque scientifique, beaucoup connaissent déjà le produit, même si le projet est très récent (septembre 2009). Bien sûr, le Café en a déjà parlé ; il s’agit de ce que tout le monde attend en matière d’évolution du manuel numérique, dont on parle beaucoup à Ludovia, puisqu’il s’agit de les intégrer aux ENT, et que l’urgence de leur utilisation est ravivée par la parution tardive des manuels classiques en cette rentrée de nouveaux programmes…

En quoi est-ce l’objet attendu et plébiscité ? La forme numérique du livre papier est gratuite, n y accède sur l’adresse académique. Les comptes professeur, élèves  ne donnent pas les mêmes droits d’accès. Le manuel numérique ne prend pas la forme d’un pdf, qui limite l’interactivité, mais se présente sous la forme d’un véritable site web. La navigation ne se fait pas par double-page mais par document. Les documents sont donc cliquables (animations flash, sites complémentaires), on peut les agrandir, les annoter avec la fonction Tag. Le manuel présente des fonctionnalités  d’ouverture / de personnalisation : le prof peut agir directement sur les pages en modifiant le lexique pour l’adapter au niveau de ses élèves, donner des questions de cours et des exercices en ligne et les corriger individuellement ou collectivement, lorsqu’il reçoit les réponses sur l’espace prévu à cet effet, et même créer son propre cours grâce à un logiciel d’utilisation simple, en incluant tous types de documents (dont il a la responsabilité des sources),

Les livres actuellement disponibles sont ceux des nouveaux programmes de français et histoire et géographie de 5ème. Le niveau 4ème est en projet pour 2011.

Les principes de la ligne éditoriale sont originaux : les documents iconographiques sont libres de droit, proposés en partage libre. Les manuels sont rédigés par une cohorte d’auteurs, et relus, critiqués et donc modifiés ensuite par des professeurs utilisateurs, appelés coauteurs (une soixantaine pour les ouvrages de 5e, à charge de 2 ou 3 chapitres chacun).

Les détracteurs avancent que le modèle papier n’est pas très joli, pas assez attractif, et que les éditeurs historiques, en particulier Belin, ne tarderont pas à réagir et à proposer la même chose (en mieux s’entend !)

Emilie Blanchard ne se fait pas prier pour raconter tout ça : elle porte le projet avec passion. Agrégée de géographie depuis 3 ans, elle effectue son année de stage dans un lycée de Bobigny, puis demande une disponibilité pour faire une thèse sur l’écriture de la géographie scolaire. Elle a dirigé l’édition du manuel d’histoire-géo 5e.

Quant à savoir ce qu’elle choisira dans l’avenir, le choix entre l’édition et l’enseignement dans le secondaire s’avère cornélien. La solution sera sans doute de poursuivre dans les deux domaines, car nous avons bien compris dans les déclarations des représentants des collectivités locales que la demande en édition numérique allait croître rapidement.