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Le Cafe à Cape Town > Catégories
Une belle personne

Le forum des enseignants innovants, en conviant des profs du monde entier réserve de jolies rencontres avec des êtres que nul par ailleurs on ne côtoierait. Hier, à l’heure où les candidats repliaient leur poster, rangeaient leurs cadeaux et les cartes de visites récoltés dans la boîte à souvenir, j’ai rencontré une enseignante hors norme, une belle personne, Krishna Sharma.

Krishna enseigne dans une école primaire de l’Inde, à Vidisha, l’école de son enfance. Krishna avait pourtant suivi au départ une autre voie, décrochant un diplôme d’avocate. Mais enseigner est pour elle une réelle vocation, surtout dans sa ville natale où l’éducation lui parait la meilleure des solutions pour faire évoluer les choses, améliorer les conditions de vie des enfants et donc des familles.

Krishna a repris le chemin de son école avec comme idée en tête de retenir les enfants dans la classe, eux qui y viennent juste pour le minimum, attirés à l’extérieur par l’ennui ou la nécessité. Pour les retenir et leur donner envie d’apprendre, elle décidé de réaménager sa classe et de doter chaque élève d’un portable, de quitter le tableau noir et permettre à chacun d’apprendre à son rythme. Idée simple et pas originale partout dans le monde où les nouvelles technologies sont accessibles mais là, à l’école publique de Vidisha il n’y a pas d’électricité et pas d’ordinateurs. Pour acheter des portables, Krishna a contracté un crédit sur une durée de quinze ans. Pour recharger les portables, elle se rend deux fois par jour à la supérette.

Ce type d’initiatives n’est pas isolé. J’ai déjà relaté des expériences au Burkina Faso ou au Sénégal où l’enseignant s’engageait personnellement, y compris financièrement pour permettre à ses élèves d’apprendre dans les conditions du XXIe siècle. Lors des conférences du forum, il a été répété à plusieurs reprises que les enseignants innovants étaient des héros. Certes, mais enseigner au Nord ou enseigner au Sud, c’est peut être le même métier mais dans des conditions totalement différentes. Dans ce cas, je préfère parler d’engagement plutôt que d’héroisme, qui lui sous entend une approche individuelle allégeant le système d’une partie de ses responsabilités.

L’initiative de Krishna porte ses fruits. Les élèves ne fuient plus l’école mais reste pour apprendre, une inclusion réussie dans le système scolaire. Son projet n’a pas remporté de prix, n’a pas été salué par le jury. Et pourtant, il est réellement innovant dans le sens où il change les choses dans l’environnement de l’école.

Krishna Sharma parle très peu anglais et ne lira sûrement pas cet article. J’aurais aimé pourtant et j’ai une pensée pour elle, à l’heure où je plie les bagages, et une pensée aussi pour tous ces enseignants croisés ou inconnus qui changent les choses en douceur et avec détermination.

South african raï

Nous avons commencé à les entendre lors du diner réunissant l’ensemble des délégations francophones. Puis ils se sont multipliés, diffusés. Les chants arabes ont étendu la bande son du forum des enseignants innovants jusqu’aux bords de la Méditerranée.

 

Les chanteurs, tunisiens, libanais, jordaniens, saoudiens et égyptiens unissent leurs voix le temps d’une ou plusieurs chansons, mais pas seulement. Ils se sont rencontrés lors du dernier forum des enseignants innovants panafricains à Tunis début octobre et mettent en œuvre depuis un projet commun autour de la différence.

Lors du forum de Tunis, ils ont visité ensemble la ville de Sidi Boussaid, une ville où différentes communautés se côtoient et vivent ensemble avec une grande tolérance. L’exercice qui leur était demandé consistait à imaginer ensemble un projet inspiré de cette visite et de le présenter aux autres enseignants présents à Tunis. Leur projet, traitant la différence sur un mode collaboratif, a remporté les suffrages. Ils ont donc décidé de le mettre en œuvre rapidement pour le présenter à Cape Town plutôt que de venir en Afrique du Sud avec leurs projets personnels.

En un mois, chaque enseignant associé a travaillé avec ses classes pour développer des actions. Mejdi Daouda, enseignant de musique en Tunisie, a dans un premier temps demandé à ses élèves de caractériser les types de différence et les exclusions qui en découlent à l’aide de documents et de données statistiques. Ils ont ensuite choisi de s’intéresser plus précisément au handicap. Ils ont composé une chanson, l’ont interprétée, enregistrée et ont réalisé un clip. Les égyptiens ont traduit la chanson de l’arabe à l’anglais et ont réalisé un logo. Les libanais ont travaillé sur l’acrostiche du mot « Diversity ». Un wiki a été créé pour partager les informations.

Ce projet, rapide et collaboratif, a remporté les suffrages du public. Lors de la remise des prix, je vous laisse imaginer l’ambiance tout en chants et en rythmes qui a submergé la salle.

Exhibition

Nous sommes rentrés hier dans le vif du sujet, la présentation des projets. Sur leur stand, les enseignants présentent, en un poster et en quelques phrases en anglais, une langue que tous ne maitrisent pas, des mois de travail, de réflexion, de réalisations. Trois juges passent pour évaluer leur projet et le sélectionner éventuellement pour la suite de la compétition.

 

Selon les pays, les motivations sont différentes, gagner ou simplement montrer, intéresser, échanger, prendre des contacts. L’aspect compétition nous semble à nous français étrange et dérangeant au premier abord. Ensuite, immergés dans l’atmosphère bouillonnante, l’exercice devient amusant, une méthode accélérée pour travailler son anglais.

Pour une bloggeuse, la présentation des projets est un véritable défi. Quels enseignants interroger, quelle idée décrire ? Les stands rivalisent d’imagination pour attirer mon regard mais je fuis les présentations stéréotypées, formatées par une furieuse envie de correspondre aux critères attendus par les juges et par Microsoft. Beaucoup mettent en avant les outils utilisés alors que je recherche la pédagogie et surtout la problématique, le questionnement qui a initié le projet. Ce qui m’intéresse c’est de comprendre comment et pourquoi un enseignant met au point une innovation, à quoi a-t-il été confronté, qu’est ce qui l’a motivé à sortir des sentiers battus et à consacrer des heures et des heures pour créer quelque chose de nouveau. A vrai dire, je me moque un peu de l’innovation, mot derrière lequel j’ai du mal à mettre une définition. Alors, je cherche quoi dans ces allées bruyantes ? Et bien beaucoup d’imagination et des récits d’enseignants.

 

Alors, je rends visite à des projets que j’ai déjà aperçus, que je connais par échanges électroniques interposés. Fatou Diouf, enseignante sénégalaise, a travaillé avec ses classes de 4e et de 3e pour sensibiliser les populations sur les dangers de la malaria. Ses élèves se sont documentés. Ils  ont étudié en biologie les origines de la maladie, les moustiques anophèles, les moyens de la prévenir, de la guérir. En mathématiques, ils ont établi des statistiques, construit des graphiques avec un tableur pour comparer l’importance de la maladie par zone géographique. Ils ont contacté les organismes de santé pour collecter des informations. Ils ont correspondu avec d’autres écoles pour enrichir leur dossier de façon collaborative. Puis, ils ont réalisé des outils de communication, vidéos et images pour mener une véritable opération de sensibilisation des populations avec le soutien du district.

Le projet de Fatou Diouf est il innovant ? Peu importe. Il inclut tous les mots clés d’un projet innovant pour le forum : travail collaboratif, ouverture vers la communauté, pluridisciplinarité, nouvelles technologies. Peu importe vraiment. Derrière la présentation de Fatou, on perçoit tout le travail mené simplement pour avoir les outils, trouver les ordinateurs, donner à ses élèves les moyens d’apprendre à utiliser les outils numériques. Elle a contacté des organismes comme USAID pour obtenir ces moyens. La préoccupation première, lutter contre la malaria et la réponse trouvée, celle de l’éducation et de la sensibilisation, sont totalement, illustrent parfaitement l’importance de l’éducation.

 

Kamal Essouafi a développé un outil numérique en astronomie. A partir d’une banque de données et d’images collectées auprès d’instituts, son DVD permet de visionner les systèmes, les planètes, les mouvements. L’élève est guidé par une aide audio. Il peut réaliser des quizz, exporter les données pour les réexploiter. Il possède un exemplaire du DVD qu’il peut emmener chez lui ou consulter dans un cybercafé.

Le guide de l’astronomie réalisé par Kamal Essouafi est esthétique et facile à utiliser, à mon sens une belle réussite technique. Est-ce une innovation ? Là aussi peu importe. Ce que souhaite Kamal c’est partager sa passion pour les étoiles avec les élèves, leur donner la possibilité de connaître les secrets des planètes au-delà des cours, de nourrir leur curiosité astronomique. Sans formation informatique de base, il a appris le développement multimédia. Il a pu s’appuyer sur le programme Genie mis en place par le gouvernement marocain pour développer l’usage des Tice. Son école de l’enseignement primaire, située dans une zone de montagne, est équipée d’ordinateurs. Son outil sera utilisé par d’autres écoles situées dans son district et sans doute dans des districts avoisinants. Il soulève déjà l’intérêt de la presse marocaine, Kamal Essaoufi l’a présenté il y a quatre jours lors d’une conférence.

Alors, une innovation le guide de l’astronomie ? A mon sens oui, il amène de nouvelles pratiques, une nouvelle approche de la science dans l’école marocaine et favorise l’acquisition de compétences numériques.

Autre contexte, autre pays mais même continent, Peter de Lisle, enseignant sud africain s’intéresse au thème de la biodiversité. Il demande à ses élèves de 14 ans d’imaginer des animaux capables de s’adapter à un environnement donné. Chaque élève créé son animal sur Photoshop, explique ses choix morphologiques en se documentant dans la base de connaissances rassemblées sur une plateforme moodle et raconte ensuite l’histoire de sa créature. Le travail est évalué selon une grille prenant en compte les différentes compétences mobilisées. Connaissances en biologie, en géographie, manipulation de l’ordinateur, techniques d’expression, Peter fait visiter à ses élèves nombre de disciplines pour aboutir à un travail créatif. Le tylophane imaginé par un élève a des ailes en argent pour que brillantes sous la lune, elles attirent les insectes qui le nourrissent.

Peter De Lisle est un habitué de l’innovation. Il avait proposé il y a trois ans un projet sur le pluriculturalisme et la tolérance, projet convaincant mais qui n’avait pas retenu l’intérêt du jury. Ses ingrédients de base sont la créativité, la pluridisciplinarité et le numérique. Peter cherche les moyens d’intéresser les élèves à une question vive, de les motiver à aller plus loin, ici à comprendre les enjeux de la biodiversité, l’impact des changements climatiques sur les animaux, la nécessité pour eux, et parfois l’impossibilité de s’adapter. Ce projet est le dernier qu’il mènera car l’an prochain, il deviendra accompagnateur, « mentor », pour aider les enseignants de son école à concevoir et mettre en œuvre des innovations pédagogiques.

Une de ces trois innovations retiendra t’elle l’attention du jury ? J’aimerais dire peu importe mais ce serait pur mensonge. Pour chacun d’entre eux, la reconnaissance de leur travail est d’importance.

Les Tice à la rescousse de la santé

Preesheila Bheem singh Ujoodha, enseignante de dessins dans une école secondaire de l’Ile Maurice mobilise les Tice pour sensibiliser ses élèves, âgés de 11 à 18 ans à l’éducation nutritionnelle. Elle présentera son projet à Cape Town.

 

Quel est ton projet ?

«Wellness and Fitness for life », Habitudes alimentaires saines et bien-être .

Mon projet vise à sensibiliser les gens sur l’ampleur du diabète à L’ile Maurice.  Premièrement, les étudiants de Form 4 ont fait des recherches sur la proportion épidémique des maladies non-transmissibles telles que le diabète et l’hypertension.  Par le biais des recherches variées, ils ont établi les causes et les remèdes des maladies.  Ils ont créé des Glogster, des autocollages, des affiches, des clips vidéo ainsi que des brochures sur le thème  « Habitudes alimentaires saines et bien-être ».  Les conclusions ont été partagées avec les élèves du niveau primaire et les personnes âgées de leur village.

Le projet a culminé avec les échanges sur les blogs des étudiants avec leurs pairs d’Eunice High School ,en Afrique du Sud.  Ils partagent leurs idées via Internet sur les problèmes de santé connexes dans leur pays et partagent leurs présentations par divers moyens technologiques.

 

Comment t’es venue cette idée ?

Au début de cette année, le ministère de la santé a interdit la vente des boissons gazeuses et du fast food dans les écoles, ceci afin de prévenir l’excès de glucose et cholestérol. Cette démarche, qui ne faisait pas l’unanimité parmi les parents d’élèves, était très mal comprise par la population estudiantine.

Alors, je me suis demandé ‘comment puis-je contribuer à sensibiliser les étudiants sur la nécessité d’adopter une bonne hygiène de vie pour éviter les maladies non-transmissibles.’

L’idée est venue d’utiliser le réseau social Glogster et divers logiciels tel que Cmap Tools et Quark Xpress pour créer des affiches.

 

Quels objectifs souhaites-tu atteindre avec ce projet ?

De sensibiliser un maximum de personnes à la nécessité  d’adopter une bonne hygiène de vie pour éviter ce genre de maladie grâce à l’éducation physique, une bonne alimentation et la méditation.

 

Qu’attends-tu du forum des enseignants innovants ?

Ca va être rempli de profs innovateurs et les dernières technologies éducatives qui vont nous aider à être plus performants.

Je vais essayer de m’enrichir avec les nouvelles idées innovantes que je vais découvrir de mes collègues éducateurs.  Je serai exposé aux nouvelles données technologiques et les logiciels efficients.

Plus important encore, j’espère établir des contacts avec les profs d’autres pays et de développer des communications transfrontalières avec mes étudiants. 

Fatou Diouf : l’innovation pour lutter ensemble contre le paludisme

Première rencontre avec Fatou Diouf, enseignante sénégalaise qui sera présente au forum de Cape Town, une première rencontre sous forme de correspondance en attendant la conversation en mode réel.

 

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Fatou Diouf. Je suis une sénégalaise âgée de 30 ans. J’enseigne depuis sept ans l’anglais et le français dans la région de Fatick ; plus précisément dans un village nommé Soum situé au centre du Sénégal. J’ai fait mes études universitaires au département d’Anglais à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Je suis dans un collège d’enseignement moyen où les élèves ont entre 12 et 16 ans et les niveaux sont de la 6eme à la 3eme.

 

Quel projet vas-tu présenter à Cape Town ?

Mon projet est la lutte contre le paludisme.

Dans le contexte de pauvreté qui prévaut dans cette zone, le paludisme est une véritable menace pour ses populations qui en fait  jusque là ignoraient la maladie. Le projet  permet aux élèves de sensibiliser la communauté. C’est aussi un prétexte pour faire travailler les élèves de manière coopérative et collaborative et favoriser l’interdisciplinarité.

Ce projet est un lien entre les élèves et la communauté (les autres écoles, les villageois) et aussi les autorités du pays en vu de régler un problème ponctuel qui est le paludisme.

 

Qu’est ce qui a motivé le projet ?

Dans le club d’anglais dont je suis le professeur coordonateur, lors d’un débat ,les élèves m’ont exprimés leurs besoins de vouloir faire quelque chose dans le processus d’éradication complète de cette maladie qui tue beaucoup plus les enfants de moins de 5ans et les femmes enceintes. C’est ainsi que ce projet est né d’autant plus qu’il faisait partie de leur programme scolaire.

 

Quels objectifs vise-t-il ?

Les objectifs que je cherche à atteindre avec ce projet sont que mes élèves soient capable de :

·          Bien communiquer

·          Produire

·          D’éduquer

·          Valoriser

À travers tous les voies et moyens utilisés dans le déroulement du projet.

 

Quels moyens sont utilisés ?

Pour les moyens utilisés, nous avons les ressources humaines disponibles mais aussi et surtout l’utilisation des technologies de l’information de la communication appliquées à l’éducation(TICE). L’emploi de ces derniers a rendu le projet attractif et a augmenté la motivation et la détermination des élèves.

 

Qu’attends-tu du forum des enseignants innovants ?

J’imagine que ce sera un forum très réussi avec beaucoup de participants, d’échanges d’idées novatrices et augmentera l’expérience des uns et des autres.

Ce que j’y attends c’est qu’à mon retour en  plus de mon expérience  que je dispose de matériels, de supports, d’idées et de pratiques qui pourront me permettre d’améliorer mon enseignement a l’aire du numérique et rendre plus fonctionnel mes apprenants.