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Forum 2009 > Catégories
Vous avez le bonjour d'Alcide

Alcide Longuepige a quitté son village d’ANVIE La Corbelline pour venir à la rencontre des enseignants innovants. Plus d’un siècle de voyage depuis le monde virtuel, c’est long mais Alcide n’en est pas à une prouesse près pour combler les lecteurs de sa « feuille de chou ». Oui, monsieur Longuepige est un confrère et il est peu avare de scoops. Qui a annoncé le premier la grossesse de Henriette ? Qui a su que le chien avait mordu Gaston ? Paris Match ? Le Monde ? France 3 Normandie ? Mais non ! C’est la « feuille de chou » d’Alcide. Et puis, tous ces organes de presse n’existaient pas en 1866, l’époque de La Corbelline.

Depuis Anvie (Apprendre sur le Net avec les Villages Interactifs Educatifs), village de 241 âmes (dont Manon, la fille de Henriette), Alcide et une vingtaine de personnages correspondent avec des classes, principalement du primaire. Les sujets ne manquent pas pour raconter, comparer la vie à deux époques éloignées. Un élève d’un village des Landes touché par la dernière tempête constate auprès de son correspondant la difficulté de vivre sans électricité. Il lui demande comment il fait pour laver son linge, faire sa toilette quand l’eau vient à manquer.

Dans la correspondance, la première compétence mobilisée est liée à la communication écrite mais de nombreuses autres sont sollicitées, dans tous les domaines étudiés à l’école, selon les questions traitées. Le jeu de rôle s’il est intégré dans les pratiques pédagogiques permet d’aborder différemment les apprentissages. A chaque classe de construire autour de ses échanges avec Anvie la Corbelline son propre projet. Les enseignants disposent sur le site Internet d’un certain nombre d’éléments, y compris historiques, pour les aider. Un abonnement d’un euro par élève et de cinq euros par enseignant est demandé pour symboliser l’engagement.

Le village est né en 1998, reprenant l’idée des villages Prologue nés au Québec, avec le soutien de la direction de la technologie du Ministère de l’Education Nationale. Ses habitants ne quittent jamais l’année 1866. Vers le mois de mai, un phénomène étrange efface la mémoire immédiate des villageois et, imperturbablement, en septembre, la vie reprend début 1866. Derrière chaque habitant se cache un bénévole qui choisit son personnage en fonction de ses envies. Telle petite fille est en fait un inspecteur à la retraite, et Alcide Longuepige s’appelle Thierry Lacheray dans la vie réelle. C’est lui qui veille à la cohérence des correspondances, au respect du canevas, du cadre. Autour, chacun brode en fonction des questions ou des réflexions des enfants. Les relations se nouent tout au fil de l’année, une certaine complicité se développe. Il arrive même que les élèves demandent à rencontrer leurs correspondants. Avertis dès le début de l’année de la virtualité du village, ils ne sont pas trop surpris de retrouver en face d’eux des contemporains. Un participant de la première heure a même demandé à animer un personnage, le même que celui avec qui il correspondait jadis. Car un même personnage peut vivre sous la plume et le clavier de plusieurs personnes. Pour Thierry Lacheray, le rôle des animateurs est celui de montreurs de marionnettes.

La généralisation des accès à Internet a permis d’impliquer les familles dans le projet. La feuille de chou est diffusée dans les boîtes aux lettres électroniques, les échanges se font par courriel. Les parents peuvent ainsi consulter les informations et suivre les évènements qui se déroulent à Anvie. Le projet a fait l’objet d’une recherche universitaire menée par Thierry Piot de l’Université de Caen.

Victime d’une amnésie, Alcide, résident de l’année 1866, taira surement son passage éclair au forum des enseignants innovants 2009. Mais les enseignants innovants qui l’ont rencontré ne sont pas près d’oublier un si imaginatif projet et son éloquent animateur.

Monique Royer

Voyages, voyages

 

Sans doute plus présente que l’an dernier, la notion d’ouverture internationale était au cœur de différents projets et nous aurons l’occasion de revenir sur certains d’entre eux, notamment sur le projet primé de Laurence Russo, Voyages en terre lointaine.

 

 

 

Au hasard des rencontres devant les posters, j’ai croisé Thérèse Savino qui a décidé d’emmener ses 24 élèves de CM1 de la ville de Guise en Picardie passer une journée à Canterbury. Un projet somme toute banal, quels qu’en soient la préparation et l’impact pour ces élèves de milieu rural, qui ont sans doute vécu là l’une des grandes journées de leur vie, mais qui a la particularité d’avoir également mobilisé 12 élèves du CAP petite enfance du lycée voisin, qui ont eu pour mission d’accompagner et d’encadrer les jeunes voyageurs. Le trajet en autocar, puis en bateau, la découverte de la ville au travers d’un jeu de questions réponses ont alors pris une dimension toute autre, née non seulement de la découverte d’un milieu étranger et de l’intérêt d’en pratiquer la langue, mais aussi d’une relation originale qui a permis aux élèves de CAP d’exercer leurs compétences dans une mise en situation professionnelle.

 

A la suite d’une rencontre avec une collègue italienne, Séverine Talmetier s’est lancée dans l’aventure Comenius. Le projet, qui a démarré cette année, est de faire travailler de manière croisée près de 900 élèves de 6 à 12 ans dans 5 pays différents (France, Italie, Royaume Uni, Finlande et Norvège). Grâce à des échanges TICE ou papier, les élèves apprennent à se découvrir, dans leurs environnements respectifs, à écouter et comprendre des communications en anglais et à se familiariser avec divfférents aspects de l’Europe (culture, traditions, modes de vie, système éducatif, histoire, géographie). De nombreux partenaires ont été impliqués au niveau local et le soutien de l’inspection académique a permis à l’école de bénéficier d’un des 2 000 équipements de viso-conférences.

 

De manière très différente, c’est à un voyage virtuel en Indonésie que Jean-François Tavernier, professeur d’histoire-géographie dans un collège d’Alsace, invite ses élèves de 5ème dans le cadre du chapitre de géographie sur l'Asie. Ceux-ci doivent alors se transformer en touristes et réaliseer au travers d’un parcours mi-libre, mi-imposé, une "étude de cas". Différents modes sont utilisés pour trouver les ressources nécessaires : Tableau blanc interactif, sites web, recherches documentaires, etc. Devant le succès rencontrée par cette formule auprès des élèves, en termes de travail et de motivation, le voyage devrait connaitre bientôt d’autres prolongements disciplinaires, notmment avec l’écriture sur blog et la tenue de « carnet de route ».

 

 

Françoise Solliec

Le sport différencié

De loin, le panneau de Damien Lebègue et ses à côtés ressemblent à un joli bazar, une version pédagogique de la maison du facteur Cheval. Un mur d’escalade est projeté sur le panneau avec à côté la démarche pédagogique dessinée à la main sous forme de cercle. Un gilet « pour non voyant » est installé sur une chaise. Des game boy sont posées sur une autre. Damien Lebègue, volubile, ordonne tous ces éléments par des explications qui fascinent les visiteurs.

Damien est enseignant d’EPS du côté de Reims. Il n’envisage pas que des élèves puissent subir la double punition d’un handicap et d’une dispense de cours qui en découle. Il imagine alors des ateliers auxquels tout le monde pourrait participer pour peu qu’ils leur soient adaptés. Par exemple, sur le mur d’escalade, sont disposés des repères qui lorsqu’on les touche avec un gant interactif distillent des sons. Un élève en fauteuil roulant peut aussi participer, car il s’agit tout autant de force et d’agilité que de raisonnement pour trouver des prises. Damien a pris soin d’en placer quelques unes à hauteur de cet élève, il peut ainsi à l’aide de ses bras et de ses réflexions participer sans être pénalisé par son handicap. Mais pour pouvoir garantir la sécurité des élèves, Damien doit garder toute son attention. Il mise alors sur une organisation de ses cours en ateliers avec pour consigne donnée aux élèves de rechercher par eux-mêmes des réponses à leurs questions avant de venir échanger avec lui. Chacun progresse à son rythme, réalisant des activités adaptées à ses capacités du moment.

Côté didactique, les élèves, qui travaillent par groupe, ont à disposition des fiches techniques, des schémas et des consignes, transposées sous forme d’animation sur de vieilles game boy qu’ils ont ressorti de leurs placards pour les donner à leur enseignant. Ils peuvent se filmer en train de réaliser leur activité et comparer ainsi leur prestation à celle indiquée par les animations. Pendant le cours d’EPS, tout le matériel informatique et numérique est mis à disposition des groupes. L’entraide, l’autonomie, le travail de groupe sont fortement sollicités et en utilisant au maximum les possibilités offertes par les nouvelles technologies, Damien favorise un renforcement de la motivation. Il veille toutefois à conserver un équilibre entre la motivation liée à l’utilisation de ces outils et la motivation intrinsèque à l’activité.

D’ailleurs, les technologies sont venues progressivement. Au départ, les fiches étaient sur papier, leur gestion et leur amélioration étaient plus difficiles. Elles s’imposent progressivement pour enrichir la pédagogie différenciée que Damien a pris le soin de réfléchir d’abord, posément.

En quittant le stand de Damien, on comprend mieux toute l’importance d’une discipline comme l’EPS dans l’école. Et la recette qu’il propose, mêlant didactique, pédagogie et créativité, fait le pont entre innovation et inclusion.

Monique Royer

Echec et maths

Michel Lacage organise des tournois de mathématiques pour des classes de CM1, CM2 et 6e dans le quartier de la Mosson à Montpellier. 547 élèves se sont déjà confrontés lors de rencontres qui ont lieu trois fois dans l’année. Six problèmes sont répartis dans chaque classe. Les groupes ont pour consigne de résoudre collectivement le problème et d’expliquer la démarche, car c’est elle qui compte bien plus que le résultat.

Ici les mathématiques constituent une façon d’entrer dans des apprentissages liées à la communication et aux langues pour des élèves qui ne maitrisent pas tous les bases de la langue française. Michel intervient dans le cadre d’un réseau ambition réussite, dans un quartier où la population gitane est importante. Inclure les langues dans le tournoi permet à des enfants issus de cette communauté de recourir à l’espagnol pour leurs démonstrations, utilisant là une compétence valorisante pour le groupe.  

Il s’agit donc d’un tournoi de maths et pas d’un tournoi exclusivement matheux où le jeu convoque de multiples savoirs, favorisant la socialisation et l’estime de soi. L’expérience existe depuis l’an passé et déjà, Michel constate des effets positifs. Les élèves osent affronter la difficulté et n’ont pas peur de se tromper puisque c’est la démonstration qui est le support principal des barèmes de réussite  et non la justesse du résultat. Lors des dernières évaluations de CM2, les élèves impliqués dans le projet ont rarement laissé des items sans réponse, essayant pour chacun quelque chose même s’ils n’avaient pas encore vu le thème en classe.

Michel souligne l’importance du réseau pour réussir un tel projet, lui donner une ampleur suffisante pour que le concours ait un sens. Associer plus d’enseignants du collège, provenant de disciplines autres que les mathématiques, pourrait lui donner une dimension encore plus importante et encourager les liens entre école et second degré.

Monique Royer

Route roumaine

Mariana Medisan a fait le voyage de Roumanie pour présenter son projet de correspondance entre son groupe scolaire et un collège de Marennes, en Charente Maritime. Ses 27 élèves de 6e 5e et 4e impliqués et leurs parents sont un peu du voyage, ils suivent avec fierté le périple de leur enseignante.

Son projet est né d’une rencontre avec un formateur de l’académie de Poitiers venu en Roumanie pour former des enseignants de français dans le cadre de savoirs CDI. Il s’est concrétisé tout d’abord par des échanges sur les différences géographiques et culturelles entre les deux collèges et leurs contextes. Région de montagne pour l’un, maritime pour l’autre, les élèves évoluent dans des univers dissemblables. Toutes ces différences sont prétextes à échanges et apprentissages. Les métiers, les habitudes alimentaires ont fait l’objet de travaux et de correspondance. Les usages, les traditions sont aussi propices aux découvertes.

Les roumains ont coutume de s’offrir des amulettes. Les élèves de Mariana en ont envoyé à leurs correspondants, assortis d’un conte qu’ils avaient créé pour raconter l’histoire de ces amulettes. Les élèves de Marennes ont en retour offert des fèves au moment de la galette des rois, coutume inconnue des roumains.

En mai, Mariana et ses élèves iront à Marennes rencontrer leurs correspondants, l’année prochaine c’est eux qui recevront. Le projet est inscrit dans e-twining et l’enseignante roumaine n’exclut pas en cas de développement de l’inscrire dans un programme européen de type Comenius. Pour elle, face à la progression de l’anglais, les correspondances, les échanges sont un moyen de promouvoir l’apprentissage de la langue française, de donner envie aux jeunes roumains de choisir cette langue.

Informée de l’existence du forum par le site de français langues étrangères Franc Parler, Mariana Medisan a décidé de faire le voyage de Roubaix à ses frais. Les deux jours passés au cœur de l’innovation pédagogique française sont pour elle une source de nouvelles rencontres et d’idées, de pistes pour développer encore plus le goût d’apprendre la langue française chez les élèves roumains.

 

Monique Royer

Un festival, des festi'zep

Catherine Lavauzelle est coordinatrice Zep à Soyaux, du côté d’Angoulême. 700 élèves du premier degré sont concernés par le réseau ambition réussite et le projet culturel qu’elle anime. Et comme d’autres écoles se sont associées au projet, c’est la contribution de 1000 élèves qui permet d’organiser un festival basé sur les productions des classes.

Le projet culturel se déroule tout au long de l’année et le festival constitue le point d’orgue. A partir d’un thème commun, les travaux et les interprétations se développent dans chaque classe. En 2006, ce fut « corps et gourmandises », cette année, le projet de réaménagement urbain a trouvé écho dans un véritable travail de prospective. « Odyssée vers 2038 » permet de se projeter dans l’avenir et de porter un autre regard sur sa vie quotidienne. Un classe s’est intéressée à la problématique de l’eau, elle a visité des thermes, Catherine l’a mis en relation avec un scientifique, spécialiste du domaine. Une autre classe a travaillé avec un chorégraphe. Des élèves ont rencontré la chanteuse Camille, ont réalisé des interprétations corporelles de ses chansons et ont écrit une chanson à sa manière.

Car la diversité des modes d’expression est de mise : vidéos, dessins animés, créations musicales, pièces de théâtre, tous ont leur place dans le festival. Festi’zep arrive à sa 5e édition et fait déosrmais partie de l’histoire de la commune. Le « quartier » y trouve une véritable reconnaissance au-delà des clichés et des représentations. Tout le monde met la main à la pâte et au moment du festival, l’investissement des enseignants déborde de leur cadre habituel. Huit enseignants sont mobilisés chaque soir pendant la quinzaine de Festi’zep, pour assurer les représentations des douze spectacles qui se jouent chacun trois fois.

Pour Catherine Lavauzelle, le festival en lui-même n’a rien d’innovant mais c’est ce qu’il permet tout au long de l’année, la diffusion d’outils pédagogiques, les échanges, les coopérations, les évolutions de pratiques, la construction collaborative du projet qui favorise l’innovation. Et dans cette perspective, elle vit son rôle comme celui d’un relais, d’une aide pour ses collègues enseignants. D’autant, précise-t-elle que l’époque est au chamboulement, aux successions de réformes et de réorganisations. La dernière concerne l’arrivée des médiateurs dans le quartier. Il faut chaque fois imaginer une solution pour intégrer les nouveautés et garder le cap. Le forum est l’occasion pour elle de voir ce qui se passe ailleurs, de trouver des idées et de garder le moral.

Monique Royer