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Blog créé à l'occasion de la visite du Bett de Londres, salon international des technologies de l'éducation.
The end

Ma récolte du Bett n’est pas totalement éclose, des goodies sont encore au fond de mon sac, il gardera encore quelque merveilles futiles ou précieuses, c’est le lot de la chasse aux trésors.

Je n’aurais qu’effleuré les grandes orientations britanniques, ce souci de placer l’école comme une réponse à la nécessité de donner à tous les enfants la possibilité d’apprendre, en lien avec la famille, les structures d’accueil, d’ouvrir cette école à son environnement. Je n’ai pas développé non plus les dédales du système : la responsabilité des autorités locales, le système de recrutement des enseignants, les structures de conseils, les modes de certifications. Je n’ai pas décrypté les liens entre partenaires publics et privé, si ce n’est dans la convergence des intérêts. Le rapport de visite de la délégation française comblera certainement ces manques.

Et puis il y a d’autres éléments qui auraient mérité un billet : la prise en compte de la santé, de la prévention des dangers, y compris ceux liés aux usages des nouveaux modes de communication, par exemple.

Deux jours dans un salon comme le Bett, c’est court pour découvrir un système éducatif, cela donne juste le goût d’aller voir plus loin. Mais il faut bien, inscrire le mot fin.

Citoyenneté

La citoyenneté est une discipline à part entière dans les cursus scolaires. Du primaire au collège et au lycée, la citoyenneté se décline autour de thématiques comme les droits de l’homme, la vie civique, la démocratie ou encore la diversité, elle s’appuie sur le développement de compétences en communication, en méthode d’analyse et de raisonnement et la participation à la vie collective. Et, bien entendu, de nombreuses ressources étaient exposées au Bett, dont les deux présentées ici.

L’enseignement peut s’appuyer sur des activités pluridisciplinaires. « Génétics and citizens ressources » associe l’anglais, les sciences et la citoyenneté. En douze leçons, la ressource, disponible sur CD ROM et Internet, approfondit les différentes questions posées par la génétique : politiques, scientifiques, financières, sociales, médicales. Chaque leçon est étayée de documents en format Pdf ; des vidéos et des travaux d’élèves les complètent.

True Tube est une plateforme destinée directement aux adolescents, comme une antidote à la passivité des médiaphages, pour promouvoir le regard critique sur les contenus, la créativité, l’analyse et l’échange. Partage de vidéos, forums, la plateforme, modérée, fournit des outils de création audiovisuelle et des supports de débats sur les questionnements des 15-24 ans  : la musique, l’amour, l’engagement politique, le racisme, la pauvreté, la délinquance, le sida, par exemple. Les enseignants sont invités à utiliser True Tube comme support pédagogique pour l’enseignement de l’anglais ou de la citoyenneté.

L’approche de la citoyenneté comme une composante à part entière du socle de base se conjugue, dans le plan pour l’éducation (le « childrens’s plan »), avec le souci de prévention des risques pour les adolescents mais également avec un impératif d’inclusion pour les handicapés, les enfants défavorisés ou issus de l’immigration.

Dans l’éducation britannique, la citoyenneté n’est pas uniquement affaire de programme scolaire, c’est un véritable enjeu, une donnée de base pour une société du XXIe siècle.

Design éducatif

Pendant mon séjour au Bett, François Jarraud s’interrogeait sur la relation entre l’architecture et la réussite scolaire. Pour les anglais, apparemment la réponse est oui puisque le programme « Building Schools for the future » est une clé de voute de la rénovation du système éducatif britannique. Dans d’autres pays, les expériences de Philadelphie et de la Finlande sur « school of the future » vont aussi dans ce sens.

Orientation gouvernementale depuis 2004, avec un budget de 2,5 billions de livres par an, dont 10% réservé aux Tice, Bsf met autour de la table les acteurs et financeurs de l’éducation au niveau local pour dessiner puis construire la future école à partir des compétences de demain. 3500 établissements secondaires sont à priori concernés.

La Grande Bretagne est confrontée à la nécessité de rénover ses écoles parfois dégradées ou insalubres ; plutôt que de reproduire une architecture et de faire entrer dedans un projet éducatif, le choix s’est porté sur une réflexion collective. Avec ce programme, c’est la politique éducative britannique que l’on lit en filigrane. Au début de la démarche, un consortium est constitué avec des représentants des collectivités locales, de l’école, des parents et d’autres partenaires pour élaborer le projet. A partir de ce projet éducatif, se construira l’école, intégrant les Tice dans l’architecture, pour un design éducatif. « Travailler ensemble pour créer une école du XXIe siècle, un environnement favorable à l’apprentissage pendant des décennies, propice à toute la communauté ». La traduction n’est sans doute pas exacte alors, je vous la donne en anglais « Working together to create world-class, 21st-century schools - environments which will inspire learning for decades to come and provide exceptional assets for the whole community. ». Le secteur privé est également associé à la construction de l’école pour apporter des technologies, des fonds aussi avec le programme spécifique le Partnerships for school . Ce sont les autorités locales qui décident ou non d’inscrire une école dans le programme. Elles bénéficieront d’un financement de l’état mais aussi d’une méthodologie et d’un accompagnement pour mener à bien le projet.

La construction ou la rénovation des écoles est prévue sur une durée de 15 ans par vagues successives. Après chaque vague, une évaluation est faite et des réajustements sont effectués. Nous sommes en pleine « accountability », une évaluation à partir des résultats, propre au modèle anglo-saxon et quasiment absente de notre système, comme le souligne Denis Meuret.

A l’écoute de trois responsables du programme, Russell Andrews, Steve Avis et Steve Moss, on voit bien que la construction d’une école dépasse l’architecture pour passer dans le domaine du design éducatif, du projet collectif pour élaborer un environnement favorable à l’apprentissage.

Cette idée d’environnement se retrouve dans d’autres structures comme les city learning centers, pôles d’excellence pour l’usage des Tice, qui accueillent à la fois des individuels et des classes. Lieux d’innovation pédagogiques, ils proposent d’autres façon d’apprendre, avec le jeu par exemple, et facilite l’accès aux Tice pour des personnes qui n’ont pas accès aux ordinateurs.

En Grande Bretagne, décidément, les Tice sont un enjeu national.

Des enseignants dans les allées

Les enseignants sont nombreux parmi le public du Bett et cela se voit, pas grâce à un uniforme ou un look particulier que possèderait l’enseignant anglais, mais par le nombre impressionnant de stands dédiés à l’accompagnement, aux ressources pour les enseignants.

Les associations disciplinaires ont leur stand : mathématiques, sciences, histoire, entre autres. A titre d’exemple, l’association des enseignants de sciences comprend 15 000 membres qui payent 99 livres (à peu près 133 euros) pour trois ans. La qualité des sites et des supports distribués nous fait entrevoir des moyens à faire pâlir leurs cousines françaises. Pourtant, elles semblent vivre essentiellement des cotisations et de la vente de ressources qu’elles produisent. Ces associations constituent un vecteur important dans le développement des Tice.

La version anglaise d’Aide aux Profs s’appelle Teacher support network. Elle propose une écoute et des ressources aux enseignants confrontés à des difficultés dans l’exercice de leur métier : des problèmes de voix, d’autorité, des sentiments de lassitude ou d’inefficacité. Un service d’écoute téléphonique est mis en place. Les enseignants peuvent aussi trouver des réponses dans une foire aux questions constamment enrichies par les questions envoyées au site. « Est ce que vous êtes bien entendus par vos élèves », « Gérez vous bien le temps en cours » sont deux thèmes actuellement mis en avant sur le site.

A côté du secteur associatif, existent des entreprises, agrées par le Department for Children, School and Families, des musées ou des médias, qui offrent un accès à des contenus multimédias. Teachers Tv est une télé en ligne, avec des contenus liés aux programmes et des émissions d’actualité. Dans une même semaine, on peut trouver un débat sur les religions à l’école, un reportage sur les écoles en Palestine et des programmes disciplinaires. Les émissions peuvent être téléchargés et un fil Rss informe des nouveautés. Les ressources pour l’histoire, avec les site des archives nationales ou encore « heritage explorer »étaient aussi à l’honneur au Bett. Janet, le support réseau pour l’éducation et la recherche, permet d’organiser, des collaborations, des échanges par vidéoconférences entre les écoles mais aussi avec des musées, pour des séquences thématiques. Les musées associés sont d’ailleurs souvent très spécialisé : le musée du charbon, celui des armes ou de la mode. Le site est avant tout collaboratif et permet de constituer des groupes d’échanges, un wiki.

Ce ne sont que quelques exemples happés au hasard des déambulations dans le BETT. Ce type d’initiatives existe en France. Mais ce qui frappe ici, c’est à la fois la qualité des supports et l’intégration dans les pratiques, comme si l’utilisation des Tice allait de soi.

A pas de tortue

Ce blog avance à pas de tortue, c’est la faute au wifi. Le plus pratique, dans ce genre de blog plutôt événementiel, c’est de le faire sur le vif mais au Bett ce n’était pas possible. Car, on dirait un mensonge de potache, accéder au wifi était un véritable exploit. Et puis l’organisateur de la visite, Philippe Méro,  nous avait concocté un rythme d’enfer dans le brouhaha assourdissant de la foule. Vendredi après midi , par exemple, nous avons tout d’abord rencontré le directeur de Schoolzone, une ex- association, devenue entreprise qui évalue des programmes, des ressources et accompagne les équipes. Ensuite, nous avons visité la zone « spécial needs », puis écouté des intervenants passionnants dans le domaine de l’éducation pour les publics handicapés. Après, visite libre du salon, ce qui veut dire, des allées avalées, des échanges avec les exposants, le tout en anglais bien sûr. Dans les deux jours, Philippe voulait absolument que la délégation découvre les différentes facettes du modèle britannique, et comme en Grande Bretagne mêler représentation officielle, vision associative et approche industrielle le temps d’une visite du Bett. Le tout devrait aboutir à un rapport commun, nous en reparlerons bien entendu.

Me voici donc nantie de mes trésors glanés au Bett, de mes notes et de mes souvenirs mais dépourvue de temps suffisant pour vous rendre compte plus régulièrement. Et j’en ai des choses à raconter, alors tant pis, je prendrai le temps du retard et délaisserai la réactivité…

Une politique pour des besoins spécifiques

Si l'on trouve beaucoup de ressources pour les besoins éducatifs spécifiques dans les coursives du Bett, ce n'est pas un hasard. L'accès à l'école pour tous est une priorité du gouvernement britannique . 370 millions de livres vont, par exemple, être investis pour développer des initiatives locales pour les enfants qui présentent des difficultés d'accès à la scolarité.

Des enseignants formés à l'accompagnement d'enfants handicapés sont présents dans de nombreuses écoles. Un portail est dédié à la recherche de ressources, l'information, l'échange de pratiques ou la consultation d'experts.

Comme souvent dans l’école britannique, en complément de la politique gouvernementale et de l’agence chargée de veiller à son application, une association accompagne les acteurs au quotidien. La Nasen est une organisation indépendante, animée par des bénévoles. Elle effectue une veille et aide les enseignants à choisir et utiliser des outils. Elle organise aussi des actions comme un concours de poésie pour inciter les élèves à parler de leur handicap. Ce partenariat favorise l’inclusion réelle des enfants exclus à priori de la réussite scolaire.

 

Des outils pour apprivoiser le savoir
Le BETT dédie un secteur entier à l'éducation pour les besoins éducatifs spécfiques les "special needs". On y découvre des logiciels ou des matériels spécialisés pour les autistes, les handicapés moteurs, les mal entendants, les mal voyants ou encore les dyslexiques. On y voit par exemple :
des jeux de couleurs et de lumières
 
des jeux de lettres, de chiffres, de couleurs et de dessins pour aider les autistes à apprivoiser mots et nombres
 
Des outils colorés ou ingénieux pour faciliter la communication des handicapés moteur
 
 
Des claviers, des souris, des supports pour les mains, pour le confort ou par nécessité
 
Et des claviers dans un aquarium
Glaner dans les allées

Le sport du Bett c’est la chasse aux goodies, les gadgets donnés par les exposants : stylos, friandises, sacs et rareté recherchée, mugs fleurissent sur les stands. Muni de son sac à goodies, le visiteur happe les cadeaux et les documentations. Car, dans la frénésie des allées, il s’agit aussi de glaner un maximum d’informations sur ce qui fera la technologie de l’année à venir dans nos écoles.

Récolte de goodies

Deuxième chose importante, le gigantisme du lieu oblige une certaine rationalisation de la visite sous peine de se perdre et de perdre le fil du Bett. Alors, la première journée de visite a été plutôt consacrée au matériel, aux supports et la deuxième sera plus orientée vers les usages.

Les tableaux interactifs font florès, petits, grands, portatifs, ils envahissent le salon. Les vidoéprojecteurs sont aussi à l'honneur, de plus en plus petits, adaptés aux usages.

Les portables aussi sont de plus en plus petits, le monde éducatif anglais semble priser les notebooks, et même les minibooks très légers (près de un kilo), avec des petits écrans (7 pouces) et un prix très léger aussi (170 livres, soit à peu près 250 euros).

Les avancées technologiques favorisent une forte amélioration des graphismes dans les produits éducatifs. On le voit sur les stands pour l'enseignement primaire mais aussi la géographie ou la biologie. Visualisation sur une sphère :

ou, plus spectaculaire encore, une représentation en 3D , très intéressante pour la biologie ou la chimie. Muni de lunettes spéciales, le visiteur est plongé dans le corps humain, une animation du Futuroscope importée dans la classe, pour peu que l'école ait les moyens, car cette nouveauté n'est pas à portée de toutes les bourses.

Muni de son sac à goodies remplis de stylos, de documentations et de friandises, le visiteur du Bett, après une journée bien remplie quitte les merveilles des Tice pour goûter aux joies traditionnelles d'une bière anglaise.

Welcome to the Bett

Lorsqu’on pénètre les lieux, le Bett apparaît comme une gigantesque foire aux Tice. Vous avez visité le salon de l’Education ? Oubliez cette référence. Pensez plutôt au salon de l’agriculture avec ses allées bondées et ses appels incessants aux merveilles des stands. L’innovation technique est au rendez vous, vidéo projecteurs dernier cri qui exemptent les tableaux interactifs de toute ombre, animations en 3 D pour représenter le corps humain, globe animé pour simuler les courants marins, les merveilles technologiques se concurrencent pour attirer le chaland.

Et le chaland est cosmopolite, 14% des visiteurs étaient étrangers l’an dernier. Le BETT attire même au-delà de l’Europe, c’est pourquoi les exposants se pressent pour conclure de nouveaux marchés. 23 délégations étrangères sont attendues, brésilienne, finlandaise, indonésienne, sud-africaine ou encore espagnole. 40% des exposants sont étrangers.

Pour la première fois cette année, une aire d’exposition est dédiée à la France. La Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, le Ministère de l’Education Nationale, l’Agence de Développement du Val de Marne et Cap Digital se sont associés pour offrir une vitrine internationale à des entreprises telles que i-top (environnements numériques de travail), les éditions Nathan ou encore Auralog.

Les responsables du Besa, (association de fournisseurs de solutions pour l’éducation) donnent quelques explications à cette ouverture internationale. Le modèle éducatif anglais reste prégnant sur une partie de la planète marquée par les années de domination britannique, les produits et conférences trouvent un écho dans des pays respectant le même mode de certification et d’organisation scolaire. Le dynamisme des entreprises dans le domaine des nouvelles technologies, stimulé par la politique éducative anglaise, semble attiser la fréquentation. Enfin, nombre de visiteurs étrangers, enseignants comme délégations ministérielles recherchent ici des échanges et des partenariats internationaux. Le Bett est devenu en quelques années le rendez-vous international incontournable des Tice dans un mouvement de cercle vertueux. Les exposants, attirés par les marchés potentiels nationaux et internationaux, se pressent et rivalisent d’idées pour habiller leurs stands de façon attractive, les visiteurs fréquentent les lieux, sûrs d’y trouver ce qui se fait de mieux dans le domaine des Tice et de conférences de qualité, animée par des intervenants de bon niveau certains de trouver là un public fourni.

Le site du Bett

www.bettshow.com

A la recherche du modèle anglais

Depuis 1998, les Tice son inscrites comme une priorité dans les politiques éducatives. Le programme « Open for learning, open for buisness », initié par Tony Blair, a lancé le Grid avec de visées classiques (connexions des écoles et des lieux publics comme les bibliothèques, formation des personnels, développement des pratiques avec les élèves, communication numérique entre les différents échelons de l’administration) mais également un volet économique affirmé : faire de la Grande Bretagne un pays d’excellence, exportateur de services liés aux Tice.  La politique éducative impulsée par Gordon Brown intègre les Tice dans l’objectif d’augmenter le niveau de compétences des jeunes, et d’intégrer dans ce mouvement les populations déshéritées, avec un volet santé non négligeable.

Les chiffres sont là pour démontrer l’efficacité du modèle anglais. Un ordinateur pour six élèves dans le primaire contre un pour 18 en 1998, 86% des écoles sont équipées de tableaux blancs interactifs. Dans le secondaire, on arrive à un ordinateur pour 4 élèves et à 98% des établissements équipés en tableaux blancs interactifs. Pour 2007-2008, le Becta ( British Educationnal Communications and Technology Agency), agence chargée de la promotion des politiques Tice, se voit assigner des objectifs d’accès et d’usage chiffrés.

 Des espaces numériques de travail seront développés par 50% des écoles primaires et 88% des écoles secondaires. La création de cours sur supports numériques augmentera : ce seront 11% des enseignants du primaire et 33% du secondaire qui le feront. Toutes les écoles secondaires proposeront aux parents de suivre en ligne la vie scolaire de leurs enfants.

Mais au-delà d’une politique résolue d’équipements et d’incitation aux usages, la politique éducative anglaise paraît aussi volontariste pour ses structures. « Le gouvernement souhaite faire de ce pays le meilleur endroit dans le monde pour que les enfants et les jeunes grandissent ». Le BETT sera peut être le lieu pour vérifier que les vœux politiques se traduisent en réalisations.

 

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