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BETT 2008 > Catégories
Design éducatif

Pendant mon séjour au Bett, François Jarraud s’interrogeait sur la relation entre l’architecture et la réussite scolaire. Pour les anglais, apparemment la réponse est oui puisque le programme « Building Schools for the future » est une clé de voute de la rénovation du système éducatif britannique. Dans d’autres pays, les expériences de Philadelphie et de la Finlande sur « school of the future » vont aussi dans ce sens.

Orientation gouvernementale depuis 2004, avec un budget de 2,5 billions de livres par an, dont 10% réservé aux Tice, Bsf met autour de la table les acteurs et financeurs de l’éducation au niveau local pour dessiner puis construire la future école à partir des compétences de demain. 3500 établissements secondaires sont à priori concernés.

La Grande Bretagne est confrontée à la nécessité de rénover ses écoles parfois dégradées ou insalubres ; plutôt que de reproduire une architecture et de faire entrer dedans un projet éducatif, le choix s’est porté sur une réflexion collective. Avec ce programme, c’est la politique éducative britannique que l’on lit en filigrane. Au début de la démarche, un consortium est constitué avec des représentants des collectivités locales, de l’école, des parents et d’autres partenaires pour élaborer le projet. A partir de ce projet éducatif, se construira l’école, intégrant les Tice dans l’architecture, pour un design éducatif. « Travailler ensemble pour créer une école du XXIe siècle, un environnement favorable à l’apprentissage pendant des décennies, propice à toute la communauté ». La traduction n’est sans doute pas exacte alors, je vous la donne en anglais « Working together to create world-class, 21st-century schools - environments which will inspire learning for decades to come and provide exceptional assets for the whole community. ». Le secteur privé est également associé à la construction de l’école pour apporter des technologies, des fonds aussi avec le programme spécifique le Partnerships for school . Ce sont les autorités locales qui décident ou non d’inscrire une école dans le programme. Elles bénéficieront d’un financement de l’état mais aussi d’une méthodologie et d’un accompagnement pour mener à bien le projet.

La construction ou la rénovation des écoles est prévue sur une durée de 15 ans par vagues successives. Après chaque vague, une évaluation est faite et des réajustements sont effectués. Nous sommes en pleine « accountability », une évaluation à partir des résultats, propre au modèle anglo-saxon et quasiment absente de notre système, comme le souligne Denis Meuret.

A l’écoute de trois responsables du programme, Russell Andrews, Steve Avis et Steve Moss, on voit bien que la construction d’une école dépasse l’architecture pour passer dans le domaine du design éducatif, du projet collectif pour élaborer un environnement favorable à l’apprentissage.

Cette idée d’environnement se retrouve dans d’autres structures comme les city learning centers, pôles d’excellence pour l’usage des Tice, qui accueillent à la fois des individuels et des classes. Lieux d’innovation pédagogiques, ils proposent d’autres façon d’apprendre, avec le jeu par exemple, et facilite l’accès aux Tice pour des personnes qui n’ont pas accès aux ordinateurs.

En Grande Bretagne, décidément, les Tice sont un enjeu national.

Une politique pour des besoins spécifiques

Si l'on trouve beaucoup de ressources pour les besoins éducatifs spécifiques dans les coursives du Bett, ce n'est pas un hasard. L'accès à l'école pour tous est une priorité du gouvernement britannique . 370 millions de livres vont, par exemple, être investis pour développer des initiatives locales pour les enfants qui présentent des difficultés d'accès à la scolarité.

Des enseignants formés à l'accompagnement d'enfants handicapés sont présents dans de nombreuses écoles. Un portail est dédié à la recherche de ressources, l'information, l'échange de pratiques ou la consultation d'experts.

Comme souvent dans l’école britannique, en complément de la politique gouvernementale et de l’agence chargée de veiller à son application, une association accompagne les acteurs au quotidien. La Nasen est une organisation indépendante, animée par des bénévoles. Elle effectue une veille et aide les enseignants à choisir et utiliser des outils. Elle organise aussi des actions comme un concours de poésie pour inciter les élèves à parler de leur handicap. Ce partenariat favorise l’inclusion réelle des enfants exclus à priori de la réussite scolaire.

 

A la recherche du modèle anglais

Depuis 1998, les Tice son inscrites comme une priorité dans les politiques éducatives. Le programme « Open for learning, open for buisness », initié par Tony Blair, a lancé le Grid avec de visées classiques (connexions des écoles et des lieux publics comme les bibliothèques, formation des personnels, développement des pratiques avec les élèves, communication numérique entre les différents échelons de l’administration) mais également un volet économique affirmé : faire de la Grande Bretagne un pays d’excellence, exportateur de services liés aux Tice.  La politique éducative impulsée par Gordon Brown intègre les Tice dans l’objectif d’augmenter le niveau de compétences des jeunes, et d’intégrer dans ce mouvement les populations déshéritées, avec un volet santé non négligeable.

Les chiffres sont là pour démontrer l’efficacité du modèle anglais. Un ordinateur pour six élèves dans le primaire contre un pour 18 en 1998, 86% des écoles sont équipées de tableaux blancs interactifs. Dans le secondaire, on arrive à un ordinateur pour 4 élèves et à 98% des établissements équipés en tableaux blancs interactifs. Pour 2007-2008, le Becta ( British Educationnal Communications and Technology Agency), agence chargée de la promotion des politiques Tice, se voit assigner des objectifs d’accès et d’usage chiffrés.

 Des espaces numériques de travail seront développés par 50% des écoles primaires et 88% des écoles secondaires. La création de cours sur supports numériques augmentera : ce seront 11% des enseignants du primaire et 33% du secondaire qui le feront. Toutes les écoles secondaires proposeront aux parents de suivre en ligne la vie scolaire de leurs enfants.

Mais au-delà d’une politique résolue d’équipements et d’incitation aux usages, la politique éducative anglaise paraît aussi volontariste pour ses structures. « Le gouvernement souhaite faire de ce pays le meilleur endroit dans le monde pour que les enfants et les jeunes grandissent ». Le BETT sera peut être le lieu pour vérifier que les vœux politiques se traduisent en réalisations.