Un exemple d'Ecole du Futur à Philadelphie 

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A Philadelphie s'est ouverte en septembre l'Ecole du futur respectant les fondations et les principes définis par les chercheurs et les techniciens de Microsoft.

Implantée dans un quartier plutôt défavorisé, cette école publique accueille des collégiens, 170 pour cette année avec un potentiel d'accueil de 750 élèves. Parmi les élèves, 98,8% appartiennent aux minorités ethniques, 85 % à des familles vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Le choix du site, effectué par le district de Philadelphie, place l'expérimentation dans une perspective d'exportation. Cette école ne s'adresse pas à des collégiens privilégiés mais à des élèves dont la scolarité est freinée par des difficultés sociales, économiques ou familiales. La réussite ou l'échec des expériences développées aura donc valeur d'exemple pour nombre d'écoles des Etats Unis et d'ailleurs.

La construction neuve tranche dans un quartier où des maisons délabrées aux couleurs défraîchies se succèdent face au parc, écrin de la nouvelle école construite selon les principes éthiques du développement durable. A l'entrée de l'école, la présence de vigiles nous rappelle que la sécurité est une préoccupation vive dans les établissements scolaires américains. Les équipements sont nombreux : salle de sport, salle de basket, électroménager, vidéoprojecteurs et tableaux interactifs dans les salles de cours, tout est conçu pour répondre aux besoins pédagogiques des enseignants, des apprenants mais aussi physiologiques des élèves. Le petit déjeuner et le déjeuner sont ainsi offerts.


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Dans l'école du futur, les élèves sont munis d'ordinateurs portables, la classe n'existe pas, les groupes sont constitués en fonction des projets à réaliser, des thèmes traités, les enseignants interviennent à plusieurs pour accompagner les élèves.

Chaque élève bénéficie d'un suivi particulier aussi bien dans sa scolarité que dans son programme sportif ou diététique, ses données sont inscrites sur sa carte magnétique qui lui donne aussi accès à son casier.

Pas de livres ici, ni d'affiches, ne de cartes sur les murs, l'accès aux savoirs passe par les tice, la construction des compétences par des travaux collectifs et individuels. Les enseignants sont volontaires et choisis par les responsables de l'école en fonction de leurs compétences pédagogiques et de leur motivation à participer au projet. Le mobilier scolaire et la configuration des salles sont adaptés à la pédagogie développée : chaises et tables sur roulettes pour favoriser les aménagements provisoires, baies vitrées pour donner la sensation du décloisonnement, lieu de regroupement en rotonde pour favoriser la socialisation.


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Le projet a coûté 63 millions de dollars, coût supporté par le district de Philadelphie. L'accompagnement du projet par Microsoft inclut la participation de 45 personnes et de deux experts à la conception , la mise à disposition d'un cadre méthodologique, de logiciels et de technologies et l'insertion dans le réseau mondial de partenariats et de réflexion mis en place par la multinationale. D'autres sponsors ont fourni du matériel tels que des vidéoprojecteurs.

Microsoft affiche la volonté de ne pas financer directement la structure ; l'idée étant d'expérimenter, d'appliquer les principes de l'école du futur sans les lier à un financement particulier, de façon à pouvoir les exporter dans d'autres contextes, d'autres structures. L'école de Philadelphie est donc présentée comme un exemple et non comme une vitrine exemplaire, une sorte d'école d'exposition. Pourtant, lorsqu'on visite les lieux, on ne peut s'empêcher de penser à une réalisation modèle tant les locaux paraissent idéalement adaptés, l'architecture intégrée au projet, loin des conceptions et des réalités extra-américaines.

Le modèle est il exportable tel quel dans d'autres pays, d'autres régions, d'autres contextes socio-économiques, d'autres cultures ? Peut il s'intégrer dans des écoles déjà existantes, avec des équipes en place, non choisies ? D'autres écoles de ce type ont été ouvertes à Singapour ou en Angleterre, d'autres verront le jour dans les mois à venir. On retrouve les ingrédients de l'école du futur dans bon nombre de pays, de structures à travers des initiatives plus ou moins ambitieuses liées à l'intégration des Tice dans la classe ou à la pédagogie de projet.


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La question de l'évaluation des résultats se pose aussi. Après deux mois de fonctionnement, il est bien sûr trop tôt pour conclure au succès ou à la déception. Et quels critères d'évaluation prendre en compte : une réussite aux examens, une meilleure insertion des élèves dans la vie citoyenne ou la vie professionnelle, un taux plus faible d'emprisonnement, une meilleure ambiance dans l'école par rapport à d'autres écoles dans des quartiers similaires ?

La première impression, lors de la visite de l'école, était que nous étions en présence d'élèves tout à fait ordinaires, que les sourires radieux photographiés pour les affiches et le site Internet, n'étaient pas plus généralisés ici que dans n'importe quel collège. Et puis, le dernier matin, l'ensemble des élèves était réuni dans la rotonde pour dialoguer avec des enseignants et des représentants du projet " school of the future ", à l'abri des regards puisque les participants au sommet de Microsoft, étaient en conférence. La qualité de l'écoute, les questions posées, laissaient présager des relations positives et … constructives entre les adultes et les élèves. Mais n'est ce pas là aussi une question d'approche humaine plus que de technologies ?


L'école de Philadelphie
http://www.microsoft.com/education/schooloffuture.mspx
L'école de Singapour
http://www.crescent.edu.sg/

Page publiée le 01-12-2006

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Par fgiroud , le .

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