Par François Jarraud
Sélectionnées par le Café, les analyses les plus significatives de ce mois.
Coopération et participation démocratique des enfants
Jean Le Gal présente, dans un texte d’une trentaine de pages, les réflexions et les expériences des pédagogues fondateurs de la coopération à l’Ecole. Freinet, bien sur, mais aussi Korczak, Neil, Paul Robin sont évoqués, leur démarche analysée et mise en prespective.
Ainsi Jean Le Gal interroge les pratiques. Sur quelles bases créer la démocratie participative ? Pourquoi faut-il impliquer tous les enfants ? Comment fixer la place des adultes ? Pourquoi organiser l’accueil des nouveaux ?
La conclusion de J. Le Gal nous interpelle. « Les expériences, déjà menées depuis plus d’un siècle, nous montrent que cela est possible et nous tracent la route à suivre. Mais nous devons être aussi conscients qu’il y faut du courage, de la persévérance et de la patience. S’engager, avec les enfants, dans un processus de transformation relationnelle, institutionnelle, éducative et pédagogique, ne va pas sans angoisse. Mais c’est choisir une voie dynamisante, même si elle est parfois difficile à vivre, car l’évolution des enfants et du groupe vers une autonomie individuelle et collective est faite de tâtonnements, de réussites et de régressions. Et vouloir changer le collectif éducatif, c’est aussi se changer soi-même. Etre à l’écoute des enfants, respecter leur personne, leurs droits et les règles de vie de la collectivité, partager son pouvoir, mais rester le gardien vigilant des décisions, mettre en place une nouvelle organisation des activités…et résister aux oppositions diverses, impliquent parfois une véritable mutation ».
Article de J Le Gal
http://www.meirieu.com/ECHANGES/le_gal_cooperation_participation.pdf
La gouvernance dans l’éducation nationale
« Cette conférence illustre parfaitement les grandes étapes de la marche de l’Éducation nationale vers la gouvernance et détaille les principes directeurs qui façonneront la gouvernance dans l’institution éducative ». L’ESEN met en ligne la vidéo de la conférence d’Alain Bouvier et l’animation Powerpoint qui l’accompagne, sur l’évolution de la gouvernance dans le système éducatif. En quelques années on passe d’un pilotage par les tâches et les normes à un pilotage global basé sur les résultats et l’évaluation. Tous les niveaux du système en sont touchés.
La conférence
http://www.esen.education.fr/fr/ressources-par-type/conferen[…]
Quelle Ecole pour l’Europe ?
Autonomie pédagogique ou pilotage centralisé ? Evaluation locale des élèves ou évaluation standardisée ? Comment les politiques publiques d’éducation sont-elles construites ? Autant de questions posées dans la conférence « Quelle école voulons-nous en Europe ? » au salon de l’éducation le 27 novembre, qui firent apparaître une diversité des réponses selon les pays interrogés.
Pour donner quelques éléments comparatifs et points de vue sur l’école en Europe, les organisateurs des ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche avaient fait appel à David Greger, directeur du Centre de recherche sur la scolarisation à Prague, Petra Packalen du Finnish National Board of Education, José A. Rodriguez Lasa, chargé de mission pour la France au ministère de l’Education à Madrid, Andreas Schleicher, chef de la division des indicateurs et analyses à la direction de l’éducation de l’OCDE et à Nathalie Mons, universitaire, spécialiste de l’étude comparée des systèmes éducatifs.
Le compte-rendu du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/11/281108[…] .
Le redoublement à l’aune européenne
Le redoublement est une pratique très ancrée dans le système éducatif français. Même si des études ont pu montrer son caractère nocif, il se maintient parce qu’il est crédité d’une réduction de l’hétérogénéité des classes et d’un effet stimulant sur les élèves.
L’étude de Thierry Rocher, parue dans Education & formations n°78, s’appuie sur les données PISA pour mettre en parallèle les résultats français et ceux de pays qui ignorent le redoublement. Le résultat est frappant : « à ceux qui pensent qu’il vaut mieux maintenir un élève plutôt que de le « noyer » dans la classe supérieure, un modèle alternatif leur est fourni par les pays qui favorisent le passage automatique et dans lequels on n’observe pas plus d’élèves en difficultés… Les récentes enquêtes internationales montrent que les pays les plus adeptes de la promotion automatique affichent globalement de bonnes performances ».
L’étude
http://www.education.gouv.fr/cid23024/que-nous-apprennent-les-eval[…]
A qui profite le redoublement ?
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/leleve/Pages/2008/94_Aquipr[…]
Pédagogie du nombre chez les 2-3 ans en PS
» Doit-on perdre aujourd’hui tout espoir que l’école maternelle ait un jour les moyens d’une véritable prévention de l’échec en mathématiques ? » Spécialiste de la didactique des mathématiques, Rémi Brissiaud montre à l’aide d’exemples précis comment se construisent de fausses représentations mathématiques. Comment faire face à l’échec scolaire ? « Rêvons à des enseignants formés aux travaux de psychologie qui permettent de comprendre pourquoi une proposition a priori de bon sens comme : « pour apprendre les nombres, il faut commencer par apprendre à compter des objets », ne résiste pas à l’analyse minutieuse des difficultés que rencontrent les enfants à comprendre le comptage ».
Article de R Brissiaud sur le Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/Mat08_Pe[…]
Pour B. Suchaut les réformes s’accommodent des inégalités
« La logique des réformes actuelles ne repose pas non plus sur une recherche de l’équité scolaire (réduction des écarts d’acquisitions entre les élèves) et sociale (accès à l’école maternelle pour les plus défavorisés, ségrégation scolaire limitée) ». Dans un article accordé au Café, Bruno Suchaut, directeur de l’IREDU, analyse les récentes mesures Darcos.
« Si l’histoire récente nous rappelle qu’il y a bien une nécessité à faire évoluer notre système éducatif pour que les transformations qualitatives puissent bénéficier d’un accompagnement et d’un pilotage efficace au niveau pédagogique », conclue B. Suchaut, « on ne voit pas bien non plus comment les réformes actuelles vont y parvenir. On pourrait même avoir le sentiment, à travers certaines mesures, que la confusion et l’ambiguïté sont entretenues pour masquer les finalités globales de la politique actuelle et la rendre peu visible par les acteurs ».
Lire l’article de B. Suchaut
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/11/suchaut25[…]
Une enquête européenne invite à utiliser les outils sociaux pour l’éducation
« Les outils sociaux (social computing tools) peuvent augmenter les apprentissages en mettant en œuvre les différents sens…, en encourageant la collaboration.., la différenciation.. et en donnant le pouvoir aux apprenant de personnaliser leur apprentissage ». L’étude du Joint Research Center de la Commission européenne (Kirsti Ala-Mutka, Yves Punie et Christine Redecker ) invite à utiliser ce snouveaux outils pour l’innovation pédagogique.
Elle demande qu’on encourage l’expérimentation et la mutualisation des bonnes pratiques. Elle souhaite un soutien aux réseaux d’institutions et globalement à la culture numérique dans les établissements et les programmes. Elle invite aussi à investir dans les recherches sur l’impact des TIC sur les apprentissages.
ICT for learning innovation and creativity
http://ftp.jrc.es/EURdoc/JRC48707.TN.pdf
Le travail en équipe
« L’autonomie des établissements ne peut se développer qu’avec des équipest » estime Jacques Nimier. « Ce qui est surprenant » poursuit-il, c’est que, si les autorités encouragent ce travail en équipe dans les textes officiels, il ne paraît pas se mettre en place facilement dans les établissements. Pourquoi? C’est à cette question que tente de répondre la thèse de Brigitte CHARRIER soutenue à Paris X sous la direction du Professeur Claudine BLANCHARD-LAVILLE. Le site de J. Nimier en donne des extraits qui permettent de découvrir des dimensions du travail d’équipe auxquelles on n’a pas l’habitude de penser. »
Sur Pedago Psy
Les inégalités sociales et l’Ecole
« Quand on pense aux inégalités sociales face à l’école, on a souvent en tête les inégalités de réussite, la thématique connue du handicap socio-culturel, l’échec scolaire, la question des moyens… Pourtant, les recherches européennes montrent depuis 30 ans que dans les inégalités sociales de carrières scolaires, les inégalités de choix et d’orientation pèsent autant que les inégalités de réussite ». Marie Duru-Bellat livre un bel article à l’Observatoire des inégalités. Ces inégalités d’orientation font que à réussite scolaire identique certains élèves choisissent des orientations moins intéressantes.
« L’école est a priori plus impuissante face aux stratégies des familles » poursuit M. Duru-Bellat. « Tant que les familles sont dans des situations inégales, elles vont prendre des décisions inégales parce que leur sensibilité au coût et au risque attachés aux différentes orientations est inégale. Et de fait, un des seuls pays où les inégalités de carrières scolaires ont sensiblement diminué ces dernières décennies est la Suède où, plus que des réformes éducatives, ce sont des réformes sociales allant dans le sens d’une réduction des inégalités entre les familles qui semblent avoir été le levier déterminant ». Pour M. Duru-Bellat, l’Ecole et sa course aux diplômes ne sont pas forcément l’instrument le plus efficace pour lutter contre les inégalités.
Article de M Duru-Bellat
http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=955
» C’est difficile pour l’école d’être égalitaire dans une société qui ne l’est pas »
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/r2006_gen18.aspx
Sur quoi fonder l’autorité des enseignants ?
« Il ne faut pas s’étonner de la crispation des enseignants sur ce qui leur paraît rester un « noyau dur » de leur pouvoir : la notation, les sanctions, les procédures d’orientation et d’exclusion. Quand l’autorité se dérobe, on se rabat sur un pouvoir qui permet de retrouver, sinon la légitimité ou le respect, du moins une forme de reconnaissance et, parfois simplement, un peu de tranquillité ». Abordant la question des fondements de l’autorité des enseignants, Philippe Meirieu, commence par le tableau du « monde désenchanté » où l’autorité est remise en question.
« Un professionnel qui vit son autorité comme légitime, émanant d’un mandat clair et participant d’une mission explicite, peut reconsidérer sereinement les modalités de son activité. Un professionnel qui se voit réduit à exécuter des tâches sur des injonctions contradictoires et sans référent explicite, vit toute remise en question des modalités de son travail comme une agression insupportable ». D’où les crispations corporatistes si fréquents dans l’univers de l’Ecole.
Pour autant, pour Philippe Meirieu, l’École peut devenir école de démocratie et le maître fonder son autorité de façon légitime à condition de tenir compte de trois exigences : différer / comprendre / mettre en débat. « Différer d’abord, dans les deux sens du mot : surseoir au passage à l’acte et oser sa différence… Comprendre ensuite, au sens le plus fort du terme : accéder à l’intelligence des êtres et des choses, s’approprier et construire des connaissances qui rendent le monde saisissable, pouvoir penser pour ne pas vivre dans un pragmatisme aveugle. Comprendre pour tenir à distance, à la fois, la facilité du slogan et l’efficacité à court terme de la recette. .. Mettre en débat enfin, sans, pour autant, cultiver le conflit : mettre en débat pour articuler les savoirs stabilisés et les choix de valeurs, les connaissances objectives et les scénarios probables ; déplacer les points de vue, interroger les possibles, anticiper les objections ; dialoguer en permanence avec les autres et avec soi pour ne jamais s’enkyster dans le dogmatisme inévitable de la solitude. Mettre en débat pour tenir à distance, à la fois, la récusation immédiate et la sidération hypnotique ».
Article de P Meirieu
http://www.meirieu.com/ARTICLES/maitre_serviteur_public.htm
La pédagogie ne connaît pas de préalable
« C’est, précisément, cette découverte de la nécessité de l’implication du sujet dans ses apprentissages qui constitue le vecteur de la modernité pédagogique. Pour autant, cette dernière ne nie pas la nécessité d’apprentissages formalisés, de mémorisation patiente et d’entraînements systématiques, mais elle cherche à faire en sorte que tout cela soit étroitement articulé avec une implication du sujet ». Lors des Rencontres de l’AGSAS, Philippe Meirieu pose la question des préalables en pédagogie. Pour que l’éducation soit efficace il faut que certains préalables soient remplis, comme une certaine sécurité psychique par exemple. Mais à trop mettre en avant le préalable on va dans l’impasse.
« Ainsi ne faut-il pas se laisser enfermer dans l’opposition formulée par Luc Ferry entre « la motivation » et « le travail ». Inutile de se demander en permanence, de manière stérile, lequel des deux conditionne l’autre. Il s’agit, en revanche, de mobiliser l’élève sur des apprentissages (en ne s’en tenant pas à l’utilisation des « intérêts » pré-existants) et de lui proposer des activités qui réconcilient satisfaction et effort ? Cette réconciliation n’est possible, en réalité, que par l’exigence de perfection et cela à tous les degrés taxonomiques. C’est cette exigence de justesse, de précision, de rigueur que l’enseignant transmet dans la manière même dont il enseigne. C’est ce « rapport au savoir » qui est au cœur de sa présence à ce qu’il enseigne, à sa classe et à ses élèves. C’est sa capacité à incarner lui-même la manière dont l’exigence est consubstantielle du désir qui fait toute la différence ».
Article de P. Meirieu
http://www.meirieu.com/ARTICLES/agsas_prealables.htm
Comment comparer l’équité des systèmes éducatifs ?
« Partant de l’égalité d’accès, conçue comme le droit de chacun d’accéder à l’école, quelle que soit son origine, puis de l’égalité de traitement qui consiste à offrir à tous un service identique, la société moderne s’est montrée de plus en plus exigeante vis-à-vis de son école pour attendre d’elle l’égalité de résultats ou des acquis ». C’est ce souci d’équité que Marc Demouse et Ariane Baye tentent d’évaluer dans un article paru dans Education & formations n°78.
Ils montrent comment évaluer l’équité et les inégalités des systèmes éducatifs européens. On sait que c’est un domaine où la France n’est pas particulièrement boen placée. Entre un pôle égalitaire nordique et un pole germanique, la position française se situe au centre.
Article
http://www.education.gouv.fr/pid20674/sommaire.html
Comment réduire les inégalités ?
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2006/11/index1[…]
Quelle évaluation
« Commet l’évaluation intervient-elle dans le cours même du processus d’apprentissage, pour le faciliter, le réorienter ou le réguler, plutôt que comme une sanction a posteriori. » Laure Endrizzi et Olivier Rey publient, dans le cadre de la veille technologique d e l’INRP; une remarquable synthèse sur les modes d’évaluatioin.
La note
http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/39_novembre2008.htm
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