« Au terme de cet audit, il est apparu cependant à la mission que, malgré leur caractère positif, ces changements ne suffisent pas à lever les interrogations qui pèsent de longue date sur la nature des missions de l’INRP, le rôle effectif joué par l’institut dans le champ de la recherche en éducation, l’impact des travaux de l’institut sur les pratiques et les méthodes pédagogiques, l’ampleur du service rendu aux décideurs par les recherches et les travaux de valorisation réalisés par l’INRP… Dans ces conditions, il est apparu légitime au terme de l’analyse de cette situation de se demander à quoi sert dans ce domaine un établissement public national administratif. » Le rapport d’audit sur l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP) a le bon goût des règlements de compte bureaucratiques. Il envisage rien moins qu’une « refondation » de l’INRP qui le ferait passer du contrôle de l’enseignement supérieur à celui de la Dgesco.
Le rapport, signé par les I.G. Claudine Peretti et Christian Souchet et par le contrôleur général Jean-Pierre Jaugin, fait partie des rapports d’audit qui ont proposé des coupes budgétaires dans les décharges des enseignants, les enseignements au collège, au lycée et, plus récemment, dans l’enseignement professionnel. Pour ces derniers textes le souci financier était évident. Ici, le budget de l’Inrp est déjà tellement modeste que l’économie envisagée pourrait être dérisoire, d’autant que la gestion de l’établissement est reconnue par les rapporteurs comme saine.
Ce que dénoncent les rapporteurs, à travers » la multiplicité des missions actuelles et leur imbrication avec celles d’autres organismes« , c’est l’abandon dans lequel l’institution tient l’INRP, laissé à l’écart des politiques ministérielles, un rayonnement insuffisant de sa recherche, même si les rapporteurs reconnaissent que « la recherche menée à l’INRP a commencé à s’inscrire dans les standards universitaires » et s’ils mentionnent la forte audience de certains sites Internet de l’Inrp.
« L’impact des travaux de l’INRP sur le système éducatif, même s’il est difficilement évaluable, apparaît extrêmement faible » remarque le rapport, maison se demande comment il pourrait en être autrement pour un organe pédagogique officiel sous un ministère qui conspue la pédagogie…
Ecartant l’hypothèse de la dissolution, le rapport préconise la refondation de l’INRP, recentrant l’établissement sur « les fonctions d’information, de formation, de conseil et d’expertise, à l’interface entre la recherche et les responsables, cadres, formateurs et partenaires du système éducatif » . L’INRP pourrait se concentrer sur son travail de catalogage, le maintien d’une base de données et l’extension de son musée… Il passerait sous la tutelle de la Dgesco.
Ce faisant aurait-on pour autant fait progresser la recherche pédagogique ? Certainement pas et le rapport se garde bien d’aborder cette question. Pourtant ce qui se lit en creux dans le destin de l’INRP c’est celui de la recherche pédagogique pure. Alors que les travaux de sociologie de l’éducation sont soutenus par le ministère (ainsi ceux de la DPE ministérielle ou de l’Iredu) et bénéficient d’une reconnaissance universitaire, les approches pédagogiques souffrent d’une certaine désaffection. Au-delà de ce règlement de compte entre le ministère et l’institut lyonnais, il faut espérer que le prochain ministre soutienne une recherche indépendante sur les pratiques pédagogiques et les apprentissages.